“Super High Frequency dessine des pièces d'architectures d'ambiances qui charmeront les amateurs des années 70”
1 The Apollo Question 4:08 2 Frequent Modulations 13:32 3 Project A 3:26 4 Bad Robot 4:16 5 The Hobo of the Skies 15:48 6 Beyond the Visceral Labyrinth 5:48 7 The Great Eastern at Heart's Content 17:21 8 Valentina Calling 5:15 SynGate Wave – CD-r MJ05
(CD-r/DDL 69:34) (Mix of Electronica rhythms trapped in B.S. moods)
L'avantage des téléchargements Internet est cette liberté que se sont approprié les artistes afin de mettre leurs fantaisies, leurs histoires et/ou leurs visions en musique. Ainsi, les portes de la commercialité sont toutes grandes absentes. J'ai cette réflexion car je ne suis pas certain que ce dernier album de Bouvetøya aurait trouvé preneur sans cette nouvelle opportunité de libre création qui est le fondement même de la MÉ de style progressive. Et je ne dis pas que SUPER HIGH FREQUENCY est un mauvais album. Je dirais plutôt qu'il s'agit d'un bel album où le Mellotron dessine des pans d'architectures d'ambiances qui sauront charmer les fans de la vieille époque de la MÉ. Sauf qu'avec Michael Jones il n'y a rien de vraiment couler dans le ciment!
The Apollo Question débute la dernière fantaisie de Bouvetoya avec une nuée de supra-haute fréquences qui ondulent et s'enlacent dans un lent ballet morphique où élans de pulsations et accords gravitationnels perturbent une quiétude ambiosonique qui hante l'ouïe. Ces accords de clavier finissent par tisser une douce approche mélodieuse dont les tranquilles rayonnements de passivité sont éraflés par le concert des hautes fréquences. Le titre plonge rapidement dans le néant, vers les 3:30 minutes, avant de renaître dans une dimension plus spectrale. Cette ouverture très ambiosphérique de SUPER HIGH FREQUENCY nous conduit à Frequent Modulations, le premier joyau du dernier Bouvetøya. Mais il faut un peu de patience, ici comme sur le superbe The Hobo of the Skies, afin d'en découvrir toute sa dimension. Des grésillements, des bruits de turbulence sonique, des vents et des woosh ainsi qu'une voix nasillarde en bourrent son ouverture. De lentes nappes d'orgue aux harmonies mixes et sibyllines inondent nos oreilles avec délice avant qu'une ligne de séquences étende une structure spasmodique qui tressaille dans ce lit de nappes du passé. Une ligne de pulsation dessine une onde vampirique alors que les nappes de vieil orgue farcie le côté harmonique et ténébreux de Frequent Modulations. Nous sommes en plein Berlin School des années vintages avec ce titre qui offre 4 minutes de rythme électronique pur avant qu'une flûte mellotronnée tempère les ardeurs de Frequent Modulations qui se réfugie sous les lentes nappes de son ouverture.
Project A est le titre le plus accessible avec une belle mélodie toute fragile qui répand ses arpèges scintillants sur une structure de down-tempo cosmique. C'est le genre de titre qui accroche l'ouïe, et le désir de bouger un peu le bassin, instantanément. On reste dans le domaine de l'électronica avec le rythme assez disloqué de Bad Robot qui décarcasse ses battements spasmodiques dans un magma amovible de grognements et de gargouillements des supra-haute fréquences qui s'entortillent comme une nuée de gros vers soniques. Efficace, même si le mixage (je déteste la façon ici la façon que Michael Jones s'y prend pour finir ce titre) me laisse une sonorité amère entre les oreilles. Après une intro nourrie de lignes amphibiennes qui se prélassent sous les ardents rayons des hautes fréquences, une intro de plus de 6 minutes, The Hobo of the Skies crache une brève structure de rythme électronique des années Stratosfear, avant de se replier dans le lit de son introduction. Ici la patience pour découvrir autant les rythmes que les ambiances devient le nerf de la guerre. Moins efficace que Project A, Beyond the Visceral Labyrinth est un beau petit titre qui séduit assez rapidement. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis mis à penser à Synergy à partir d'ici! Fidèle aux deux autres longues structures de de cet, The Great Eastern at Heart's Content débute très lentement avant de dévoiler sa structure de rythme, qui est plus près de l'électronica ici, vers la 11ième minute. L'intro est chargée de nappes aux tonalités de vieil orgue et de bruits de fréquences et le rythme qui s'en extirpe vit sur un maillage de séquences et de basses séquences qui oscillent et battent sous un concert d'ondes spectrales. Le rythme, d'une durée de 5 minutes, gagne en vélocité, de même que les chants de baleines cybernétiques cosmiques, avant de s'évanouir pour la dernière minute de The Great Eastern at Heart's Content. Valentina Calling termine SUPER HIGH FREQUENCY un peu comme The Apollo Question l'avait débuté, sauf qu'ici la mélodie est plus évasive.
La force de SUPER HIGH FREQUENCY devient son talon d'Achille, soit son manque de finition. Si les moments d'ambiance sont très enveloppants, les rythmes sonnent parfois dénudés dans cet immense muraille de hautes fréquences. La richesse sonore ne fait aucun doute ici, tant au niveau des rythmes et des mélodies que des ambiances. J'aime aussi cette vision d'offrir une belle palette de rythmes qui se promènent entre les frontières de la MÉ sans que les puristes en soit offusqué. Et je pousse ma réflexion plus loin en imaginant que si ce dernier album de Bouvetoya avait été mixé sur les fondements de Cords de Synergy, le résultat en aurait été aussi génial. Signe d'un album au potentiel illimité!
Sylvain Lupari (09/08/16) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
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