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Writer's pictureSylvain Lupari

BOUVETOYA: The Fiction Makers (2020) (FR)

La joie de capturer un niveau de spontanéité sans être obsédé par la perfection, cela garde la musique plus vivante et moins aseptisé (M.J.)

1 Moog Zero Two 19:19

2 Constellations and Oscillations 7:12

3 It's All Done With Mirrors 4:48

4 Late Night Resonance 8:22

5 Fallout (Nice Weather for Synths) 5:31

6 The LFO Where Your Heart Should Be 7:45

7 In Modular we Trust 16:07

(CD-R/DDL 60:03)

(Experimentale vintage EM)

Quelle étrange vision pour aborder un album en temps de confinement! Michael Jones à vécu la pandémie comme tout le monde, s'activant encore plus dans le concept de la créativité en apprivoisant aussi de nouveaux équipements achetés récemment. Il a ainsi profité de longues périodes de créativité captive qu'il nous transmet via THE FICTION MAKERS. Le concept est le suivant; la joie de capturer un niveau de spontanéité sans être obsédé par la perfection, cela garde la musique plus vivante et moins aseptisé. Dans le modulaire, nous croyons! Toute un citation qui met toute la lumière sur les 7 structures de ce dernier album de Bouvetøya. Chaque titre a été conçue sur la base de sessions improvisées, enregistrées en y ajoutant ici et là des couches de réenregistrements. C'est la façon de faire vous me direz? Oui, mais le cœur de chaque titre reste intouchable. Donnant ainsi des résultats assez étonnants…

C'est une course de basses oscillations qui nous introduit à THE FICTION MAKERS et à Moog Zero Two. Le débit est fluide avec quelques variations, surtout au début, dans les fluctuations de cette ligne de basse dont les inlassables va-et-vient roulent dans une brume lunaire. Des accords austères infiltrent ce rythme oscillatoire avec une présence qui tangue entre le drame ou un suspense. Tout change au point des 3 minutes! Le rythme devient plus sournois, battant vivement sous cette masse de brume et sous les grosses réverbérations des accords graves. La courses des oscillations atteints une base de rock progressif électronique qui change le parcourt sous les fredonnements d'une chorale chthonienne. Le rythme devient une fontaines de pulsations entêtées pour un court instant, pavant la voie à une structure plus théâtrale montée pour laisser couler de courts solos dans un vacarme instrumental qui se désagrège en fine poussières d'ambiances. Collées dans une masse invisible et créant une onde sinueuse qui dérive plus loin que l'on voudrait, ces poussières serpentent un corridor qui se crée au fur et à mesure que les secondes restent afin d'avaler sa finale. Voilà bien un gros et lourd Berlin School qu'on attendait plus dans l'univers de Bouvetøya, quoique les liens qui unissent THE FICTION MAKERS à Geometrium deviennent plus tangibles à mesure que nous entrons dans cette longue sphère d'ambiances qui suit la férocité de Moog Zero Two. Constellations and Oscillations amorce ce voyage vers les sonorités d'antan avec un panorama cosmique rempli de wooshh mornes et de wiishh zigzagant et se tordant dans le vide interstellaire. Les amateurs des dérivations cosmiques de Klaus Schulze seront ravis par cet énorme boa sonore serpentant les plaines du Cosmos avec des twists sonores qui ont bien maturés dans l'art du modulaire. Des tonalités rongées par du bruit-blanc infiltrent nos oreilles un peu avant les odes d'organe pour âmes seules. Dans une belle dualité sonore entre aujourd'hui et hier, It's All Done With Mirrors continue d'exploiter le vieux son électronique avec des brises d'un synthé vintage qui ondoient comme les lents mouvements du Farfisa de Klaus Schulze. Un très beau titre avec juste un peu d'érosions cosmiques pour ne pas briser le charme des modulations et impulsions des années vintage.

Late Night Resonance est un autre titre ambiant qui projette une vision plus sinistre avec des effets sonores qui sont assez près de murmures rauques et autres effets de voix distordues, pour ne pas dire flirtant avec un exorcisme ambiant. C'est assez spécial, et on écoute d'autres choses tout de suite après si on est en pleine nuit…de pleine lune 😉. Fallout (Nice Weather for Synths) propose une structure de rythme très en retrait qui soutien la folie créatrice du synthé et de ses solos aux tonalités psychédélique des années d'or de la MÉ. Et ça continue avec The LFO Where Your Heart Should Be qui propose une autre structure rétro avec des pulsations caoutchouteuses comme base de rythme, alors que des tonalités de Farfisa sont comme des ombres brouillées décrivant des grandes cercles oscillatoires imparfaits qui planent et dérivent dans des vapeurs de Ashra Temple. Oui, Michael en a fumé de l'excellent pendant le confinement! In Modular we Trust replace les ambiances à l'envers. Il termine l'album comme Moog Zero Two l'avait débuté. Mais le rythme a besoin de presque 4 minutes d'oxygène électronique avant de prendre un timide envol avec un débit sec, imitant le train de la Berlin School dont le roulement est enjolivé de discrets effets percussifs. Les stries de bourdonnements donnent un aspect corrosif en prenant une forme respiratoire rongée vicieusement comme la Covid-19 peut s'attaquer à notre système respiratoire. Le rythme et son effet pulsatif réverbérant mange effrontément cette sinueuse ligne sinusoïdale qui jacasse comme si elle avait mangé un pivert malade pour déjeuner, alors que la musique verse vers une phase psychédélique des années 70. Le débit toujours saccadé offre une belle rétrospective sur le Krautrock des même années lorsque l'orgue était la pièce-maitresse avec un synthé dont on ne connaissait pas encore les possibilités mais qu'on explorait avec un regard créatif. Le séquenceur manque de souffle et concède son rythme qui devient monophasé. Une ligne de rythme stoïque et stérile qui disparait dans les brouillards parfumés de Mellotron, de voix chthoniennes et de brume gothique où on entend une sorte de cornemuse émiettée son âme dans une trop longue finale versus son rythme pour un album majoritairement ambiant destiné aux amateurs de sons vintages.

Moi je reste sur ma faim, car depuis Machines for Collective Living en 2017, j'ai l'impression que Bouvetøya a pris une autre route que j'ai déjà fréquenté sans allumer de nouvelles lumières ni déterrer d'autres avenues. Beau et bon, mais ce n'est plus pour moi!

Sylvain Lupari (01/10/20) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

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