“C'est un bon album qui mélange merveilleusement ces ambiances ambiantes et bizarres de la Berlin School sur des structures de rythmes empruntés au é-rock du New Berlin School”
1 On the Soul of the Universe 11:12 2 Celestial Spheres 12:00 3 Amagestum 13:59 4 Nihil Fit Ex Nihilo 18:59 SynGate CD-r MJ03
(CD-r/DDL 56:20) (Ambient and sequencer-based EM)
On the Soul of the Universe amorce cette nouvelle odyssée de Bouvetoya avec des brises interstellaires vides de vie. Leurs siffles sont aigus et plongent nos tympans dans un genre de trou noir d'où émergent des nappes de synthé aromatisées aux tonalités de vieux orgues pastoraux. D'autres nappes rayonnent tout autour, décuplant des effets sonores qui irradient en une nuée d'ondes et nous enveloppent dans ces ambiances d'éther des années Phaedra et Cyborg. Une ombre plus sombre étend son voile de basse, amplifiant cette approche caverneuse qui respire un peu celle du Fantôme. Une ligne de mélodie vampirique est toute tracée. Un mouvement de séquences fait alors rouler des ions dans des boucles oscillatrices grésillantes. Ces ions vont et viennent dans un univers bariolé de feux d'artifices électroniques. La mélodie vampirique est toujours présente. Elle surmonte cette avalanche de nappes aux parfums bucoliques. La bête ambiante agonise. Ses brises s'estompent et ses ronflements trompent la mort. C'est alors qu'un lourd mouvement de séquences noires, on dirait le gros Moog Modulaire de Mark Shreeve, harponne nos oreilles et nos sens, guidant la 2ième partie de On the Soul of the Universe dans un univers glauque et fortement animé à la Redshift. C'est tout un départ qui propulse les 4 murailles de rythmes et d'ambiances de TIMESLIP vers des oreilles toujours avides des longs mouvements tortueux où les rythmes torturaient les ambiances, et vice-versa, des années analogues. Continuant sur les cendres de son très bon Interstellarphonic, Michael Jones livre un autre solide opus en TIMESLIP. Ici, pas de surprises! Le musicien/synthésiste d'Ireland fait revivre les essences de ses inspirations en mélangeant habilement, comme dans son dernier album, les parfums de Klaus Schulze et Tangerine Dream dans les expériences un peu délavées par le temps de Pink Floyd. Ça donne un bel album, un très bel album pour les nostalgiques qui n'en ont jamais assez, qui est plus ambiosphérique que rythmique mais qui risque de surprendre, comme cette deuxième partie de On the Soul of the Universe, par une structuration des rythmes qui sonnent vraiment comme dans le temps de l'analogue et cette introduction de Celestial Spheres nous amène littéralement au cœur des ambiances mortuaires qui ont précédées la naissance des rythmes séquences de la Berlin School. Les nappes d'éther et ces ondes évasives qui flottaient comme ces rêves alimentées par des drogues dures sont incroyablement étoffées et denses. Les nappes des brouillards provenant d'orgue mystique sont intenses et nous enveloppent le cortex pour les 7 premières minutes de Celestial Spheres avant qu'un troupeau de séquences, sautant comme des boules numérotés qui gigotent dans un boulier, ne tisse une structure de rythme ambiant. Les frétillements des boules augmentent un peu de vélocité, mais reste toujours dociles sous des caresses de plus en plus vampiriques des nappes de synthé aux parfums de vieil orgue. Ambiant mais très intense!
L'introduction de Amagestum écorche nos oreilles avec une pluie de Perséides aiguës, ici les écouteurs sont à proscrire. Une chaleureuse nappe de synthé, toujours vêtu de ces tons de vieil orgue, fait contrepoids avec une moiteur cosmique qui interpellera nos souvenirs du Dream et des années Phaedra. C'est un long monument ambiosphérique qui épouse la courbe de On the Soul of the Universe avec un mouvement de séquences, moins violent, qui hoquète sous les chants de flûtes enchantées avant de nous offrir de belles variances dans les oscillations. Le très long Nihil Fit Ex Nihilo propose une savoureuse introduction où les nappes, les chœurs et les flûtes s'évadent dans l'atmosphère avec des éléments sonores qui me font penser à ceux de Pink Floyd des années Ummagumma et Meddle. Vous aurez aimé entendre du Tangerine Dream sur du Pink Floyd? L'occasion est ici. Une ligne de séquences, grimpant inlassablement des monts imaginaires, structure la première portion rythmique, toujours assez morphique, de Nihil Fit Ex Nihilo avec de brefs mouvements de secousses. Finalement les séquences descendent ces cimes imaginaires avec des sauts saccadés, un peu comme une jambe qui descendrait avec des sautillements de côté. L'imagination aidant, c'est un peu le topo! Une brève phase ambiosphérique vient éteindre cette approche. Les 12 prochaines minutes de Nihil Fit Ex Nihilo deviendront les plus belles de TIMESLIP. Le rythme est soutenu. Comme un train il sillonne les plaines et serpentent les vallons sous un ciel sonique embué de soyeuses ondes parfumées d'éléments ambiants psychotroniques. On hoche de la tête et nos doigts pianotent la bras de notre sofa. Les séquences gonflent leur vie rythmique en apportant des nuances dans leurs ombres et dans leurs sauts, modifiant perceptiblement une cadence qui oscille avec de brefs effets de saccades sous un ciel sonique imbibé de ces parfums cabalistiques qui irradiaient des premières œuvres de Klaus Schulze. Un super de beau morceau qui conclut un album tout à fait destiné à ces oreilles qui voyageraient inlassablement dans le temps. Sylvain Lupari (15/10/15) ***½**
Disponible au SynGate Bandcamp
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