“Dans une production tout à fait exceptionnel, Uwe Saher propose sa vision d'une musique philarmonique tissée dans les interstices de ses synthés”
1 The Serious Part 24:56
2 The Epic Part 25:21
3 Da Capo 10:06
(CD 60:23)
(Symphonic Berlin School)
Brainwork fait dans le classique! Et ce n'est pas mauvais. Il faut juste donner une chance à la musique et se laisser envelopper par les multiples strates philharmoniques qui flottent et tournoient en épousant les émotions du moment. Ce ne sera pas la première fois que Uwe Saher déstabilise ses fans avec un album qu'ils attendent impatiemment sans vraiment savoir ce qui les attend. Parfois c'est du bon Berlin School, d'autres fois ce sont des rythmes de danses infernaux alors que d'autres fois c’est la fusion des deux styles! Cette fois-ci, Brainwork fait dans le classique! Dans une production tout à fait exceptionnel, le musicien Allemand propose 3 visions d'une musique philharmonique tissée dans les interstices de ses synthés. Et ce pouvoir de création fusionné à du bon Berlin School minimaliste donne des résultats bien au-delà des attentes après une première écoute incertaine. 2020 THE SYNTHFONIE rejoint des visionnaires comme Synergy et Vangelis dans une enveloppe mélodieusement musicale.
Le genre de truc que l'on entend dans un film romantique, des cors et des violons s'enlacent dans une sérénade très harmonieuse. Un ruisselet de séquences limpides scintillent juste au-dessous de ces élans de romance cinématographiques qui infiltrent sans aucun problème nos oreilles. Uwe Saher met The Serious Part en mode charme avec des arpèges aux tintements de xylophone qui escalade ces immenses couches orchestrales, comme un métronome donnant le ton à un rythme linéaire. Entre légèreté et moments plus austère, la musique de cette longue saga symphonique voyage avec ses subtilités et ses diversités dans une vision musicale où l'on peine à séparer l'acoustique de l'électronique. Il y a de belles chutes d'arpèges qui se perdent dans le rythme ambiant du ruisselet de séquences minimalistes de The Serious Part, comme il y a des chutes de violon qui donne une vision plus ténébreuse sans qu'elle ne se perde dans une abysse sans musicalité. Il y a des phases très lentes où les cordes de violons gémissent dans une ambiance très électronique. D'autres fois, de lents staccatos caressent nos oreilles dans ce long titre toujours doux et très musical, sauf pour la finale qui pousse sa vélocité dans les câbles de la férocité avec des salves de violons. Des décharges virales, j'entends du Tomita ici, qui s'atténuent et reviennent pour quelques déchirements moins violents dans un combat de 3 à 4 minutes, affectant la sérénité de The Serious Part mais qui ne réveillera pas celui qui s’est assoupi lourdement dans les 20 premières minutes d'un titre que l'on trouve de plus en plus beau à chaque nouvelle écoute.
Entre le Metropiltain Suite de Synergy et la vision orchestrale-théâtrale de Walter C. Rothe dans Let the Night Last Forever, The Epic Part offre un très beau départ. Les douces caresses orchestrales, dans les mêmes tintes de The Serious Part, sont composées de deux lignes sous-jacentes où se greffent une belle ligne de basse au ronronnement morphique. Tranquillement, la musique tisse ses fioritures qui s'unissent bout à bout, pièce par pièce dans ce qui devient un long fleuve d'orchestrations minimalistes. Des séquences miroitantes et des arpèges mélodieux tissent leurs pouvoir d'attractions sur cette ligne de basse aussi sensuelle que divinement astrale qui nous amènes dans une galaxie où les oasis de sérénité se succèdent à l'infini. Des guirlandes de séquences illuminent régulièrement les lents mouvements de chorégraphies astrales qui nous font flotter avec une musicalité tellement harmonieuse que des ver-d'oreille se forment dans une vision indélogeable. Entre beauté séraphique et ses quelques phases de tourment, The Epic Part est un splendide titre, plus électronique je dirais que The Serious Part, que l'on veut réentendre après chaque écoute. Tout est doux ici. Des éruptions de violons avec des pics de tourmentes aux transformations de strates rêveuses et flottantes, les échanges des phases de ce titre se font dans une vision harmonique sans faille pour laisser passer une intonation choquante. Tant pour les oreilles que les sens. Un petit bijou signé Uwe Saher! Par contre, j'aurais arrêté l'aventure symphonique après ce titre! Pas que Da Capo soit inutile. C'est une vision très Philip Glass, notamment l'album The Photographer, qui détonne tout simplement dans le décor serein et enchanteur de 2020 THE SYNTHFONIE avec des structures voix jumelées aux vifs staccatos des violons.
J'aime la musique de Brainwork. Et par-dessus tout, j'adore l'audace de Uwe Saher qui réussit toujours à insuffler ce petit quelque chose qui fait de sa musique une aventure toujours captivante. 2020 THE SYNTHFONIE n'est pas parfait! Il l'est presque…
Sylvain Lupari (07/04/20) ****½*
Disponible au Brainwork.com
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