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Writer's pictureSylvain Lupari

Brainwork Back to the Roots (1993) (FR)

Updated: Sep 28, 2023

J'ai eu les jambes coupées et des frissons à l'écoute de cet album qui est un incontournable et qui délogera certainement un album de mon Top 25

1 Singing Seas 12:15

2 Analogic 13:10

3 Desert Trail 15:37

4 Rollout 12:58

5 Dedicated To Chris Franke 4:58

(CD 59:04)

(Berlin School)

Finalement, j'ai reçu et entendu ce fameux BACK TO THE ROOTS que mon ami Nick Adams m'avait fortement recommandé. Et c'est Uwe Saher qui me l'a fait parvenir, en même temps que son étonnant 2020 The Synthfonie. Merci Uwe! Quel album mes amis! Des structures évolutives, des solos de synthé fantastiques, un séquenceur et des percussions électroniques créatifs ainsi que plusieurs phases de refrains qui nous accroche et nous font sourire d'extase. Bref, un excellent album et possiblement le meilleur de Brainwork.

C'est en douceur que je pars à sa découverte. Des orchestrations meublent les ambiances avec de lents staccatos qui vont et viennent sur un ruisselet de séquences chatoyantes qui reste en suspension. C'est le cadre idéal pour sculpter des solos de synthé oisifs et rêveurs. L'essence est un peu tirée des influences de Klaus Schulze avec ces orchestrations et des beaux solos d'un synthé qui charmera nos oreilles tout au long des 4 principaux mouvements de cet album. Des mouvements entrecoupés, comme ici, de courtes phases transitionnelles permettant à la structure d'élaborer soit une vision harmonieuse avec de beaux refrains accrocheurs ou d'accentuer le rythme. Il devient lourd et lent sur la seconde partie de Singing Seas. Les salves de violons structurent un staccato flottant alors que les percussions ramènent le tout dans une lourdeur entraînante. Uwe Saher est très à l'aise dans ce décor avec un précision très chirurgical dans le développement de ses solos de synthé qui sont tout simplement majestueux. Il n'y a aucune ambiguïté avec Analogic! Le rythme donne naissance à une structure très contemporaine à Klaus Schulze, genre In=Trance et même In Blue pour les solos de synthé. Brainwork étale un rythme bondissant sèchement de son maillage séquences, basses pulsations et percussions électroniques. Les solos sont très beaux et flagellent ce rythme imitant la course stoïque d'un joggeur. Graduellement, il amène ses nuances vers une phase de transition où les percussions s'isolent pour battre librement, genre solo de batteries électroniques, dans un décor qui flirte avec les échantillonnages de l'Autobahn de Kraftwerk. C’est très bon! D'autant plus que le rythme revient avec une légère vélocité dans une seconde partie où les synthés divisent leurs charmes entre solos complexes et harmonies orchestrales. On croirait vraiment entendre du Klaus Schulze!

Desert Trail est un petit bijou. Le genre de truc qui nous accroche dès la première écoute par ce petit jeu de saute-mouton d'un clavier qui libère 5 arpèges sautillant dans un cadre minimaliste. Le rythme est aussi entraînant que celui de Analogic, dans un débit un peu plus fluide. Le mellotron disperse ses beaux chants flûtés, et le synthé ses solos et ses refrains harmonieux dans un univers qui connecte avec celui de la période Hyperborea de Tangerine Dream. On ne peut pas vraiment revenir à nos racines sans oublier l'impact de Tangerine Dream dans l'échiquier de la Berlin School. C'est ainsi que Rollout nous propose un bon gros rock électronique avec une approche plus contemporaine du Dream, période Jive. Après une ouverture qui nous fera penser à du Jean-Michel Jarre, genre nerveux comme dans Les Chants Magnétiques, le rythme prend une nouvelle tangente même tourmentée par la nervosité de ses arpèges. Propulsé par des percussions électroniques et des riffs de clavier saccadés, il se cambre dans ses spasmes périodiques. Le séquenceur fait sautiller ses ions sauteurs dans un désordre qui fini par devenir concordant. Il y a de brefs intermèdes où le clavier propose ses harmonies et d'autres fois ses visions tant atmosphériques que mélodieuses. C'est d'ailleurs suite à une de ces phases que Rollout développe une belle enveloppe d'effets nébuleux avec des passages plutôt glauques qui rappellent que TD a aussi fait de la musique pour films d'horreur. Le séquenceur fait rouler ses billes dans un effet de boulier sur cette structure qui progresse en accentuant son énergie avec d'autres très bons solos de synthé par un Uwe Saher en très grande forme ici. Il termine ce titre un peu plus complexe avec un piano électrique qui sera l'ancre de Dedicated To Chris Franke. Un très beau titre avec son rythme lourd et lent qui s'inspire de son mélodieux album Pacific Coast Highway. La guitare de Gerd Lubos cadre très bien dans cette structure légère en sculptant des solos qui se tortillent et qui compétitionnent avec les mains brûlantes de Brainwork au synthétiseur et son essence de saxophone.

Sculpté dans les influences des trois principaux artisans de cette révolution de la MÉ au tournant des années 70, BACK TO THE ROOTS saute deux décennies afin de nous amener aux portes des visions renouvelées de Klaus Schulze et Tangerine Dream au tournant des années 90. À part le très beau clin d’œil à Chris Franke, les 4 autres structures de cet album élaborent de longs mouvements aux permutations qui s'adaptent assez bien à nos oreilles. Le premier titre peut commander quelques écoutes, mais sa finale est aussi somptueuse que les quelques 40 autres minutes qui suivent. J'ai eu les jambes coupées et des frissons à plusieurs endroits dans cet album qui est un incontournable et qui délogera certainement un album de mon Top 25. Je l'écoute encore en traduisant cette chronique …et WoW! Chapeau Uwe!

Sylvain Lupari (09/04/20) ****½*

Disponible au Brainwork.com

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