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Writer's pictureSylvain Lupari

BREIDABLIK: Omicron (2020) (FR)

“Breidablik offre ici un album d'une qualité exceptionnelle où le genre cinématographique à haute tension s'intègre à l'essence Berlin School vintage”

1 Omicron Part I 22:24

2 Omicron Part II 20:47

Bonus Tracks on CD

3 Penumbra Part I (Remixed & Remastered) 19:28

4 Penumbra Part II (Remixed & Remastered) 11:06

(LP/CD/DDL 73:35)

(Berlin School)

Penumbra et Nhoohr ont mis en lumière la très grande aisance de Morten Birkeland Nielsen a composé une MÉ qui flirte avec les parfums des années Phaedra. Vous allez me dire qu'il y en a plusieurs qui le font! Vous avez raison. Mais très peu le font avec la même vision, la même tonalité et surtout la même passion. C'est avec ces 3 éléments que Breidablik a réussi à sortir du lot. Évidement, il est très difficile de survivre à ces albums dominants sans apporter un nouvel élément susceptible de rallier les fans, du début comme les nouveaux, dans les sillons d'un nouvel album. Breidablik l'a compris en élargissant les horizons de sa musique avec la venue de Håkon Oftung, ses guitares et ses flûtes, dans son univers enchanteur. Et cette présence se fait sentir dès l'ouverture d'OMICRON.

C'est avec une six-cordes acoustique tendre et rêveuse de Håkon Oftung que s'ouvre cette nouvelle aventure dans les territoires de la Berlin School analogue de Breidablik. La mélodie est du genre accrocheuse avec une air de deja-entendu dans les années 70. Un genre de folk progressif immergé dans une nappe de voix lointaines et une couche de synthé pleine de brumes flûtées. La première mutation d'Omicron Part I flotte vers une phase ambiante où des pleurs d'un synthé que l'on peut aisément confondre à la Lap-Steel guitare de Steve Howe dans Soon restent en suspension. Un brouillard électronique et des pads de synthé à la dérive continuent de coudre cette ouverture chthonienne qu'un lourd pas du séquenceur ravive dans une approche qui n'est pas sans rappeler The Aeon's Day d'Under The Dome. Plus lourd et plus lent, le débit du séquenceur résonne et sculpte un effet stroboscopique avec une membrane de bruits blancs cousue sur son dos. Le mouvement est ascendant avec d'oblongues courbes oscillatrices typiques au Berlin School, genre Rubycon, dessinant ces trains imaginaires qui montent et descendent les plaines musicales improvisées. Le rythme accélère et la guitare électrique jette des solos rageurs qui sont comme des grosses lucioles zigzagant dans le noir, donnant une vision plus rock progressif à Omicron Part I. Håkon Oftung repose ses doigts en même temps que le débit modère sa vélocité dans une phase où le séquenceur reste tout de même actif en libérant des lignes de rythme qui opposent leurs différences. Des nappes de voix absentes, des ondes vaporeuses et d'autres plus incisives ornent le passage ambiant qui s'ouvre à la porte des 10 minutes. Très riche, cette phase est remplie de nappes et de pads larmoyants dont les tonalités austères et les filets de réverbérations nous amènent vers des explosions feutrées. Des wooshh et de wiishh alourdissent ces ambiances qu'un orgue décore de son gros tapis menaçant. Une ombre de séquence éclot un peu avant la 16ième minute, éveillant ainsi le séquenceur qui propulse la musique dans un fougueux rock électronique dont les frappes alternantes du séquenceur reçoivent l'appui de percussions afin d'alimenter ce beat qui sombrera avec une tonitruante nappe abyssale avant de faire revenir Omicron Part I à son berceau introductif.

Les soupirs en suspension de l'ouverture d'Omicron Part I se retrouvent aussi dans celle plus organique d'Omicron Part II. La guitare et la flûte de Håkon Oftung meublent cette phase d'ambiances où une étrange figure de rythme se dessine en arrière-scène avec des cliquetis qui se font souffrir par un banc de wooshh affamés. Sauf que c'est plutôt une ligne de séquences fluides, avec sa chorale suspendue à ses oscillations, que le rythme prend racine. Les ambiances font dans le très Berlin School des années 72-73 avec cette ombre vampirique qui étend son emprise rythmique et des fragrances de vieil orgue aussi patibulaire que les voix chthoniennes. Le trémolo, et surtout l'effet acoustique de la flûte, nous enracine à cette époque. Coulant comme une harpe qui fait danser légèrement une horde d'enfants vêtus de blancs, le rythme danse en symbiose avec une flûte enchanteresse. La noirceur de l'orgue veille en arrière-scène, tandis que des cloches tintent dans une confusion sonore nourrie par des éléments percussifs tapageur. Digne d'un film d’épouvante, ce rythme secret d'Omicron Part II dessine de larges boucles qui vont et viennent entre les mugissements des vents et divers effets électroniques. Ce rythme circulaire est comme ritournelle hypnotique aussi hystérique que vertigineuse qui émiette peu à peu ses lignes de rythme et l'ingéniosité du séquenceur afin d'amener Omicron Part II dans une finale qui a initiée la genèse d'OMICRON.

Initialement conçu pour un vinyle, OMICRON sera aussi disponible en CD manufacturé et en format téléchargement avec les deux grands pans de Penumbra, remixé et remasterisé. Je n'ai pas vraiment trouvé beaucoup de différences majeure, mise à part un son rehaussé et un meilleur découpage dans les effets sonores et les éléments percussifs. Une excellente initiative pour ceux qui n'ont pas cet album. Quant à OMICRON, Breidablik réussi à amener sa musique vers un autre niveau d'excellence en offrant un album d'une qualité exceptionnelle où le genre cinématographique haute-tension épouse à merveille les essences de la Berlin School vintage dans une vision qui lui est propre. Brillant de A à Z!

Sylvain Lupari(20/02/20) ****¾*

Disponible au Breidablik Bandcamp

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