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Writer's pictureSylvain Lupari

BREIDABLIK: Penumbra (2017) (FR)

Updated: Feb 21, 2020

“Penumbra est une bonne petite trouvaille qui plaira sans aucun doute aux aficionados du Berlin School vintage”

1 Penumbra pt. I 19:29 2 Penumbra pt. II 11:07 3 Nehalennia 4:34 4 The Chariots of the Sun 5:14 Breidablik Music (DDL 40:24) (Berlin School)

Non, nos oreilles ne rêvent pas! Une couche de bourdonnements où brasillent des bruits organiques, introduit une ligne de Mellotron brumeuse avec un teint fluté qui flotte avec noblesse jusqu'au premier dandinement d'une ligne de séquences. Comme par magie, des fragrances de Ricochet et de Phaedra sautent aux oreilles alors que Penumbra pt. I dérive avec ses nappes bourdonnantes pour s'égarer dans ce mouvement de rythme ambiant où se greffent momentanément des cloches d'église. Une ligne de mélodie s'arrime à ce rythme, évaporant même ses traces pour régner en solitaire avec des lignes anesthésiantes. Des couches de voix répandent un parfum de mysticisme, tandis que le séquenceur, sorti de sa cachette, trace un superbe mouvement zigzagant. Ses figures de 8 entrecroisées se fondent dans un décor sonore riche de ses nappes de voix et de ses brumes antipyrétiques, alors que les implosions de lignes de basse ajoutent un ingrédient dramatique à cette introduction à l'univers de Breidablik. Une autre courte phase de rythme surgit d'entre cette fascinante symbiose entre des couches de synthé dont les tons macabres et les voix absentes tissent le cœur et l'âme de PENUMBRA. Voguant entre des phases de rythmes éphémères et des paysages d'ambiances méphistophéliques, la lente gestation de Penumbra pt. I se gave aussi de nappes de drones vampiriques qui ronronnent avec des lignes de synthé astrales et des éléments cosmiques. Les migrations des nappes de basse et les radiations des vents azurés ajoutent aux pénombres bien agencés de ce long titre évolutif qu'est Penumbra pt. I les jusqu'à ce qu'une véritable phase de rythme respire par le biais de séquences vives qui sautillent avec vélocité dans ce décor qui donne toute la noblesse à l'utilisation des synthétiseurs analogiques. Les séquences qui sortent de la bouche des vents, autour de la 12ième minute, sculptent une structure stationnaire légèrement sphéroïdale et dont le mouvement ascendant scintille entre des lignes de synthé aux parfums philharmoniques de Tangerine Dream et des nappes de voix irisées. Une ligne de basse pulsation s'invite à cette danse verticale, donnant une dimension cadencée plus entraînante à ce court passage rythmique qui dure à peine 4 minutes. Une note, une seule note survit à cet implacable muraille d'ambiances dont une nappe très acuité se veut maître à bord. Une note rêveuse qui déambule et trouve une route astrale à la toute fin de Penumbra pt. I. Breidablik est ma toute dernière découverte dans cet immense océan cosmique qu'est la MÉ contemporaine. Faire du vieux dans un esprit de modernité, tel est l'apanage de Morten Birkeland Nielsen. Utilisant principalement des synthétiseurs analogues, ce musicien Norvégien construit des paysages soniques aussi épiques que dans les années 70. La musique est sombre avec un fort accent chthonien qui enduit ainsi les rythmes, harmonies et jets d'ambiances d'une flore sonore aussi intrigante que fascinante. PENUMBRA est son premier album et suit une série de 3 E.P. qui témoigne d'une diversité sans frontières dans le monde des ténèbres qui est visiblement inspiré des albums de Tangerine Dream, de Phaedra à Cyclone. Penumbra pt. II débute dans un magma sonore en pleine ébullition. Des coups de grosses caisses et des perles soniques détachées de leur collier ornent un décor macabre dans lequel respire une flûte lumineuse. Des ondes sonores, tournoyant comme les signaux lumineux d'un phare, ajoutent une palette de tons qui ondoient de ses menaçantes réverbérations. Outre cette belle ligne de flûte qui y traîne, on retrouve des éléments cosmiques qui ont été empruntés au royaume d'Ashra, période 77-78. La structure de rythme qui émerge est activée par une basse pulsation. Sa danse oscillante réveille de bons souvenirs alors que les éléments soniques varient entre des nappes de voix, des rushs de vents sombres et des gazouillis électroniques qui nous rappellent que l'on n'écoute pas du Tangerine Dream. Plus court et plus accrocheur, Penumbra pt. II termine sa course comme la 1ière partie où un mouvement de séquences se réanime afin d'être emporté par une divinité astrale. Deux courts titres complètent cet album d'une 40taine de minutes, donnant un aperçu des deux visages de Breidablik. Très cinématographique, genre angoisse et intensité dramatique, Nehalennia souffle nos oreilles avec une intense ligne de synthé aux parfums de vieil orgue qui amasse diverses tonalités éparpillées afin de forger un dense magma tonal qui flétrit dans des vents et le vide du temps où survit une étrange grenouille isolée. Par contre, The Chariots of the Sun est tout en rythme avec un mouvement du séquenceur en mode Pop-Corn, le hit des années 70, en lento. La marche est agréable avec une ondée de lignes qui traînent à l'horizontal dans une structure créée pour du rythme ambiant mais drôlement efficace. PENUMBRA est une belle petite trouvaille qui plaira assurément aux aficionados du style Berlin School rétro où les ambiances ténébreuses étaient les tanières de structures en continuels mouvements. Très bon et disponible uniquement en format téléchargement sur le site Bandcamp de Breidablik où d'autres belles trouvailles nous attendent. Sylvain Lupari (10/02/18) ****¼*

Disponible au Breidablik Bandcamp

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