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Writer's pictureSylvain Lupari

BRENDAN POLLARD: Cycles and Pulses (2022) (FR)

Un opus Berlin School avec un nouveau bouclier sonore moderne qui ne restreint ni sa chaleur ni son originalité

1 Conflict 12:38

2 Process 17:21

3 Re-Pulse 10:15

4 Switching Cycles 14:05

5 Radiance 10:49

(CD/DDL 65:08)

(Berlin School)

Phrases and Protocols marquait la fin d'une époque dans la carrière de Brendan Pollard qui voulait réorganiser son studio et surtout ajouter de nouveaux équipements afin de donner une texture plus contemporaine à sa musique électronique (MÉ) toujours tirée vers les frontières de la Berlin School vintage. Mais ne vous en faites pas, le sympathique musicien-synthésiste Anglais n'a pas pour autant renié le berceau de ses influences. Composé et enregistré entre janvier et mars de cette année, CYCLES AND PULSES est plus actuel et respire toujours de cette chaleur de MÉ analogue dont les racines atmosphériques sont extraites d'aussi loin que les premières œuvres de Klaus Schulze, post-Cyborg, tandis que les structures rythmiques sont coulées dans les inspirations de Tangerine Dream. Même période! Qu'est-ce qui a changé d’abord? Le son et la texture des ambiances. Le goût de métal industriel flotte ici avec un attrait plus prononcé pour des ambiances méphistophéliques qui flirtent avec les univers du paranormal et du Psybient. Un élément résolument nouveau dans le répertoire de Brendan. Disponible dans une édition CD manufacturée limitée à 200 copies, tous vendues en passant, comme en téléchargement, CYCLES AND PULSES n'est pas plus atmosphérique que les précédents albums de Pollard. Il est conçu de la même façon, soit des ouvertures d'ambiances électroniques qui développent vers des structures de rythmes plus complexes ici pour se terminer dans des phases atmosphériques. Donc, un modèle typique au Berlin School dans un nouvel environnement musical!

Les vents rugissent et ouvrent avec fracas les portes de Conflict. Des effets sonores en formes de serpentins s'échappent de ces bourrasques de woosshh et de wiisshh, de même que des babillages reflétant la période analogue où Klaus Schulze faisait méditer ses oiseaux de proie synthétisés. Les 5 premières minutes de Conflict dépeignent la nature du titre avec des éléments atmosphériques nés d'une forme de tintamarre qui laissent cependant la porte ouverte à une nature sereine poussée par des vents médians. Une chose est certaine, nos oreilles collectent une panoplie d'effets sonores digne de la créativité du musicien Anglais. C'est à partir d'une onde réverbérante que le séquenceur active la structure rythmique avec une suite de séquences sautant hâtivement afin de créer un train rythmique voyageant dans sa texture conflictuelle. À la fois lourd et fluide, il serpente les ornements sonores en effectuant d'oblongues boucles oscillatoires. Un peu comme si ce rythme, d'une durée de 5 minutes, tentait d'éviter les multiples obstacles sonores des effets réverbérants qui éclatent ici et là, laissant des nuages de radioactivités sonores dans un paysage où l'aspect contemporain de la MÉ cohabite avec une vision légèrement chtonienne des années analogues. Plus long, Process est découpé de la même façon. Soit une introduction atmosphérique, plus musicale par la présence du Mellotron, une phase rythmique, moins mordante que dans Conflict, et une finale d'ambiances électroniques. Switching Cycles et Radiance respectent aussi ces paramètres. Bourdonnements, phénomènes d'ébullition et nappes d'orgues vampiriques gorgent l'ouverture de Process. Une belle nappe de synthé à la Rick Wright découpe ce panorama luciférien d'une belle vision d'harmonie séraphique. Entre la tonalité d'une flûte en devenir et celle d'une lézarde brumeuse susurrant la sérénité, cette onde de mélodie aérienne coule paisiblement sur un nid de matières réverbérantes. Le contraste est fumant. Le bourdonnement la matière organique ébullitionnant oubliés dans l'introduction refont surface à la porte des 6 minutes. Ils forment un genre de fronde tonale d'où émerge le pas lourd du séquenceur. Incertain, ce rythme et son écho se laisse charmer par une flûte divine et une nappe de voix absente un peu plus loin. Tranquillement, Process commence à développer sa texture rythmique légèrement alambiquée avec l'ajout d'une ligne de rythme plus limpide qui flotte en suspension. Finalement, le séquenceur laisse partir 3 lignes de rythmes adjacents. Elles se fondent en une ossature uniforme où l'aspect résonnant des basses séquences, le côté moiré de la ligne mélodique et la vision flottante du 3ième élément coulent sur une distance avoisinant les 8 minutes dans une vision très près de Tangerine Dream des années vintage. Très beau et surtout très bon!

C'est une trainée de réverbérations grondantes qui ouvrent le très atmosphérique Re-Pulse. Des effets de chauve-souris synthétisées des premières années de Klaus Schulze et des éléments atmosphériques, cognements et oiseaux de proie, de Conflict ornent ce firmament aussi noir qu'une nuée de goudron en poudre dont la texture méphistophélique ne peut être écartée de son décor. Une nappe d'orgue et des rires narquois ajoutent encore plus de ténèbres sur le titre qui flirte aussi avec du Psybient avec une vision dystopique qui transcende le genre. Bref, ce n’est pas sur ce lit d'ambiances chtoniennes qu'on pense à l'amour! L'ouverture de brumes mystiques et nébuleuses de Switching Cycles nous transporte dans les années Phaedra et Stratosfear. Divine et enchanteresse sur ce douillet lit de réverbérations, la flûte danse avec des ombres jusqu'à ce que le séquenceur nous tire de nos songes. Il y a deux lignes de rythme qui fomentent un lent galop aux pas bien pesant. Brendan Pollard dribble ses ions sauteurs dans une vision à la fois rythmique et mélodique en faisant sautiller 3 accords séquencés. Le rythme est plus entraînant ici qu'ailleurs dans CYCLES AND PULSES. Il oscille en évitant les chocs spasmodiques sous des filaments de séquences déroulant des chapelets argentés mélodieux et des nœuds de réverbérations qui font éclater leur radiance momentanément. Des voix chtoniennes encerclent le mouvement qui se donne un second élan autour de la 8ième minute, accentuant un pas toujours galopant qui devient un ver-d'oreille rythmique. Ce titre est aussi solide que le très bon Process et propose une séduisante approche rythmique de style Berlin School sur une distance de 9 minutes. Radiance propose une ouverture fidèle à son titre avec des éléments atmosphériques usuels à la MÉ, mais dans une architecture plus luciférienne avec la présence de voix d'outre-tombe. Les nappes d'orgue flottent comme des ailes sans corps, initiant ce timide mouvement du séquenceur qui active la structure du rythme aussitôt qu'à la 3ième minute. Une ligne se dandine innocemment dans le flux statique d'une basse séquence résonnante pour se délier en formant une spirale avec ses arpèges séquencés harmoniques. Le synthé trace de beaux solos qui se fanent sur une 3ième ligne de rythme dans un titre qui épouse la sophistication de Process et Switching Cycles, mais dans une vision plus méditative.

Dans une vision sonore peinte de textures industrielles comme de Psybient gothique et des structures de rythmes polyformes aussi précises que les reliefs d'une sculpture taillée au laser, CYCLES AND PULSES nous en met plein les oreilles. Comme d'habitude, Brendan Pollard livre ici un album de Berlin School fidèle à son passé grandiose et exploratoire qui s'enveloppe ici d'une modernité qui ne brime ni sa chaleur, ni son originalité. Un très bel album!

Sylvain Lupari (27/06/22) ****½*

Disponible au Brendan Pollard Bandcamp

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