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Writer's pictureSylvain Lupari

BRENDAN POLLARD: Expansion (2005) (FR)

Pollard exploite les structures analogues des années 70, avec sa touche bien personnelle

1 Tegula 19:08

2 Toxic Blue 24:53

3 Nebulous 7:05

4 Valve 7:10

5 Aquarius 2:29

(CD/DDL 60:55)

(Berlin School)

Brendan Pollard fait partie du duo Anglais Rogue Element, celui-là même qui nous a donné le sublime Premonition en 2004. C'est donc sans surprises qu'il nous présente un CD solo aux divines sonorités des années analogues. EXPANSION pourrait même être considéré comme une suite de Premonition qu'on en serait pas surpris.

Des accords solitaires flottent dans une ambiance sombre rempli mystérieux clapotis et effets sonores ressemblant à des cétacés cosmiques. Une chorale de voix monastique jaillit de ce néant artificiel qu'une flûte du mellotron vient enjoliver. Une ligne basse fainéante ondule avec force et résonance sous une délicate séquence et des nappes de synthé fuyantes. Tegula prend vie sur les réverbérations de cette basse séquence teintée de voix abyssales et de superbes solos de synthé. Le titre dévie dans une sphère atmosphérique où de sombres pulsations répercutent sur des effets sonores aux mille et unes formes percussives. Une immense nappe de voix chtoniennes enveloppe ces effets quelques secondes après la 3ième minute, plongeant Tegula dans une ambiance ténébreuse. C'est comme une chute vertigineuse vers l'autre bord où nous entend une flûte nébuleuse de ses airs, quelques deux minutes plus loin. Des réverbérations corrosives ont remplacées les voix qui reviennent sous une autre forme, alors que la basse du Moog crache un long crochet élastique qui entraine le titre vers un rythme lent où danse le séquenceur de ses ions indécis et fredonnent momentanément ces voix absentes. Le rythme devient une onde de fureur avec ces accords élastifiés qui vont et viennent dans ce brouillard intimidant de la Berlin School gothique. Sa force se tempère dans les charmes d'une flûte autour de la 13ième minute. Là où on peut aussi entendre l'imposante flore d'éléments percussifs qui nourrissait sa force et qui diminue graduellement, étirant ses charmes auditifs sur une distance atmosphérique dépassant les 2 minutes. À ce point, le vide absorbe goulûment les derniers vestiges de Tegula, un excellent Berlin School des années Ricochet, comme Phaedra.

C'est sur des bruits hétéroclites, créant des atmosphères aux limites d'une schizophrénie sonore, que Toxic Blue avance. De la flûte aux chœurs sombres en passant par des soupirs de violons, le mellotron flotte dans cette sphère iconoclaste où un doux passage flottant réussi à nous remuer juste avant la levée du vent. Un violoncelle solitaire reprend cette douceur sur des accords tristes aux sonorités de métal froid. Doucement, les préludes d'une impulsion du séquenceur se dessinent sur une basse qui convulse et une mellotron flottant. Le rythme s'anime avec de superbes bribes séquentielles qui virevoltent autour de pulsations résonnantes, accompagnant une flûte et synthé léger avant de déborder sur une séquence furieuse qui déboule à fond de train sur un rythme vrillant de puissance. Un autre passage séquentiel s'ouvre vers la 16ème minute sous des striures de synthé mordantes. Saccadé, le rythme cascade sur des effets sonores analogues et un mellotron violoné, tourbillonnant avec une intensité qu'une flûte n'arrive pas à amortir. Un superbe passage démentiel! Avec Nebulous nous entrons dans une sphère où les effets sonores se mélangent aux voix étranges sur des passages mellotronnés vaporeux. Un titre digne des atmosphères psychédélique de Pink Floyd, mais avec une fraîcheur sonore très actualisée. Les premières voluptés de Valve commencent comme Nebulous se termine. Mais après quelques secondes, une séquence tournoyante s'impose avec de belles strates d'un synthé séduisant. Le mouvement prend plus de profondeur lorsqu'une ligne de basse remplace la séquence et ondule avec une vitesse accentuée au-dessus des flûtes mellotronnées. Aquarius clôture EXPANSION sur un mellotron suave et mélodieux qui vogue sur une eau calme et oisive, comme la sublime flûte qui vient clore les dernières harmonies de l'album.

Avec ou sans Rogue Element, Brendan Pollard exploite les structures analogues des années 70, avec sa touche bien personnelle. Au-delà des passages mellotronnés, le synthésiste Anglais exploite un environnement sonore plus audacieux, avec des passages plus psychédéliques et plus tranchants que sur Premonition. Écrire un titre comme Toxic Blue seul, démontre une audace séduisante mais tout autant suicidaire, car un seul mouvement en moins, comme en trop, aurait pu faire basculer ce titre dans une indifférence totale. Idem pour Tegula. Mais Brendan Pollard a su agencer les extrêmes avec subtilité, créativité et émotivité. EXPANSION est un album qui s'écoute avec la passion qu'il dégage. Et avec des écouteurs, l'effet est unique! Du Tangerine Dream rétro…

Sylvain Lupari (30/11/07) *****

Disponible au Brendan Pollard Bandcamp

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