“The Radiant Sea est une mosaïque d'éléments atmosphériques idéale pour ceux qui aiment un long voyage tranquille dans les crépuscules de la musique sombre et ambiante”
1 Prologue: The Kuroshio Current 6:40 2 Tsushima Basin 1:56 3 Shatsky Rise 7:09 4 The Aleutian Current 3:15 5 Hikurangi Plateau 3:05 6 Mariana Trench 4:51 7 Louisville Ridge 4:47 8 The California Current 1:34 9 Richards Deep 7:14 10 Raukumara Plain 7:19 11 Emerald Fracture Zone 6:43 12 Fobos-Grunt 4:13
13 The Humboldt Current 5:24 14 Galathea Depth 5:22 15 Epilogue: Ring of Fire 4:24 Winter-Light – WIN 013
(CD/DDL 74:47) (Dark Ambient)
Un tranquille voyage dans des pénombres riches en vagues de synthés et en brises caverneuses où la pureté des eaux est confrontée à l'immoralité des hommes! Érigé sur une tempête implosive de 75 minutes, THE RADIANT SEA est le résultat d'une collaboration entre Michael Brückner et Hans-Dieter Schmidt qui forment dorénavant le projet Bridge To Imla. Je connais assez bien le style de Michael Brückner pour savoir que le musicien Allemand s'adapte à tous les niveaux, musique d'ambiances au Berlin School séquencé en effleurant un peu d'EDM, alors que Hans-Dieter Schmidt, qui œuvre dans le domaine depuis la fin des années 80 avec son projet Imaginary Landscape, est plutôt du genre ambiant avec des paysages sonores qui flirtent avec une approche méditative. L'histoire derrière THE RADIANT SEA remonte à l'album Fukushima Drones, une collaboration de différents artistes afin d'amasser des fonds pour soutenir les sinistrés de la catastrophe nucléaire de Fukushima parue sur l'étiquette Aural Film en 2013. Michael Brückner avait alors composé la pièce All The Weight of the Sun. Il avait aussi composé un flot assez impressionnant de musique d'ambiances dont les grandes lignes se retrouvent sur cet album. C'est à cette époque que l'idée de réaliser un album avec Hans-Dieter Schmidt, qui avait déjà collaboré sur l'album One Hundred Million Miles Under the Stars en 2012, avait été avancée. Quelques 4 ans plus tard, les deux musiciens soumettent une palette de musique purement d'ambiances, de musique très cinématique, Robert Rich a délicatement retexturé et masterisé dans son Soundscape Studio.
Un bourdonnement sourd enveloppe graduellement les tic-tac d'une horloge et une voix narratrice. Comme un grondement affamé, il avale ces éléments dans une avalanche de couches de synthés qui s'étend comme une coulée de lave. Cette coulée de magma sonique fige sa fureur à la rencontre d'une brise neptunienne d'un bleu azuré. À peine 3 minutes passées et les éléments d'ambiances de Prologue: The Kuroshio Current donnent la couleur des tons de cet album. Entre une fureur alarmiste contrée par la force tranquille des éléments reconstructeurs de la nature, la musique du duo Brückner/Schmidt étend ses contrastes avec une élégance tonale qui fait la force de ce premier opus de Bridge To Imla. Mais ici, la musique de cet album est destinée uniquement aux amateurs d’ambiances, comme le sceau artistique du label Néerlandais Winter-Light qui produit cet album. Une mélodie sculptée dans l'abandon s'échappe d'un piano, signature de Michael Brückner qui aime bien égarée ces lignes de piano songeuses. Les paysages sonores se suivent comme un monument morphique qui se déroule comme une musique pour documentaire sur les continuelles batailles de l'Océan Pacifique. Ces grondements poursuivent la descente de cette coulée à travers les frontières de Tsushima Basin, où tintent des clochettes en désordre, pour atteindre les tendres jérémiades d'un violon habilement sculpté par le EWI de Hans-Dieter Schmidt. Ces deux éléments sont assez présents dans cette ode océanique. Nous sommes en terre plus mélodieuse dans cette seconde partie de Shatsky Rise. Sauf que les versets mélodieux sont rarissimes dans cet album. Mais ils surviennent comme des ombres au travers un opaque rideau sonore. Comme dans The Aleutian Current et ses siffles aigus qui font très contrastes avec la toile de fond toujours sombre ou encore avec les lointaines orchestrations dans Hikurangi Plateau.
Ce qui fascine dans cet album est cette subtile gradation des ambiances, donc des émotions, qui suit paisiblement l'avancée de son courant sonique. Les caresses d'Éole sont vives et stridentes, comme dans Mariana Trench qui étend doucement son linceul de fragilité en traversant l'approche très Orientale du violon dans Louisville Ridge. Les notes de piano errent ici avec une fascinante volonté de disparaître dans de bons solos de synthé. J'ai l'impression d'entendre le décor surréaliste de Vangelis ici. Après un autre interlude de médiation sombre avec The California Current, Richard Deep, qui fait très Steve Roach en passant, secoue des éléments de rythmes qui tombent vite dans l'oubli. Raukumara Plain est un bon titre où de fascinantes voix chuchotent dans les larmes de violons. Des effets sonores peinturent le décor comme des coups de couteaux sur une toile de soie. Il y a beaucoup d'éléments dans ce titre qui semble être le cœur de THE RADIANT SEA. Emerald Fracture Zone confirme cette hypothèse avec une approche très sibylline. Les tintements qui scintillent un peu partout dans ce paysage d'ombres me font penser à l'univers océanique et pourtant mélodieux de Michael Stearns sur l'album M'Ocean. Un pur délice et un classique de musique d'ambiances qui secoue ses particules dans cet album. Des tintements multiples décorent aussi le sombre univers de Fobos-Grunt. Il faut attendre à The Humboldt Current avant d'entendre le versant lumineux de cet album. C'est un doux moment de sérénité embelli par des couches de violon et des perles d'un piano toujours aussi effacé. Avec des brises redevenues plus sombres, Galathea Depth annonce la finale de THE RADIANT SEA avec une meute de brises qui se dirigent vers Epilogue: Ring of Fire. Ce dernier titre renferme dans ses 5 minutes la richesse de ce premier album de Bridge to Imla. Un album très riche en tons et en couleurs des sons qui devrait assurément plaire aux amateurs du genre. Faut dire qu'avec des figures aussi légendaires dans le domaine, le résultat répond aux attentes.
Sylvain Lupari (15/01/2018) *****
Disponible at Winter Light Bandcamp
Comments