“Cet album-téléchargement est en fait une musique visuelle bien définie”
1 To the Earth's Core suite 7:24
2 A Precarious Path 4:30
3 Descent into the Crater 5:30
4 Labyrinth 7:28
5 Stalactite 3:36
6 Subterranean Sea 5:30
7 Antediluvian Forest 5:12
8 The Beach of Bones 6:00
9 Saknnussem's Path 5:57
10 Shepherd of Mastodons 4:51
11 To the Earth's Core 12:36
(DDL 68:36) (V.F.)
(Cinematic and Progressive EM)
Je n'étais pas vraiment certain! En fait la première écoute n'avait vraiment rien de spécial pour attiser les oreilles. Au fil des différents albums offert par le label Argentin, je me suis dit que je devrais poursuivre un peu plus l'aventure de ce TO THE EARTH'S CORE par Bruce Gall. Qui est Bruce Gall? J'ai remarqué son nom sur la plateforme de Synth Music Direct qui offre 4 CD-R et/ou téléchargement de l'animateur radio de Atmospheres sur One World Music Radio. Sa musique est cataloguée entre ambiant et ambiant noir avec une texture expérimentale. Ce n'est pas vraiment ce nous entendrons dans ce premier album du natif de Dundee en Écosse sur Cyclical Dreams. Inspiré par Journey to the Centre of the Earth par Jules Vernes ainsi que par la musique de Rick Wakeman sur le même sujet, Bruce Gall propose11 titres répartis sur près de 69 minutes où les ambiances et les décors épousent assez bien cet étonnant voyage en musique.
L'album-téléchargement débute avec des bruits de clapotis d'eau et des murmures emmurés dans une grotte. Une grosse nappe d'orgue dramatique nous fait écarquiller les oreilles alors que des percussions cinématographiques pimentent le tout dans un cataclysme sonore qui se tempère avec l'arrivée des orchestrations et des effets réverbérants. Il y a beaucoup de mouvements dans chaque titre, donnant un peu cette impression d'un manque d'homogénéité qui se stabilisera, une fois que nos oreilles connecterons les ambiances à nos souvenirs. En dépit de ce sentiment de disparité, la musique et ses ambiances conservent une parcelle de mélodie qui rôde parmi les effets électroniques et les bribes d'orchestrations accompagnant notre descente imaginaire au cœur de la Terre. Les ambiances de A Precarious Path respectent le sens de son titre. Les orchestrations ont ce langage patibulaire alors que les effets voletant du synthé simulent une nuée de chauve-souris que le musicien étire en jouant sur les nuances avec leurs cris qui contrebalancent la glauque approche orchestrale. Par la suite, le voyage semble flirter avec de lointains ébullitions de lave sismique. Nous arrivons à Descent into the Crater et sa flûte qui habille des clapotis d'une eau suintante. Étonnement, la musique prend une tangente tribale du Moyen-Orient avec des orchestrations cinématographiques qui flirtent avec le monde de Aladdin. Le clavier y émiette des notes qui sont toutes menues face aux ambiances filmiques et qui vont en ondulant, apportant un mélodieux filtre hypnotique séquencé. Un beau moment dans l'album. Cette délicate berceuse nous conduit aux portes de Labyrinth qui exploite la même thématique, mais dans une enveloppe plus ténébreuse. L'impression que des gnomes jouent avec nos émotions est hyper présente alors que la ritournelle prend un allure diabolique entourée qu'elle est d'explosions de gaz terrestre. On reste tout de même fasciné par cette musique qui déculpe notre plaisir avec une le trémolo prismatique d'une ombre synthétisée Exploitant à merveille ses plus que 7 minutes, Bruce Gall accroche une autre texture prismatique qui est aussi plus mélodieuse a Labyrinth, dont la finale respire par un jeu de percussions tribales. Oui, il y a de bons moments dans ce TO THE EARTH'S CORE! Comme Stalactite et son chant du synthé sur des accords fluorescents Le synthé y est beau et sa mélodie possède ce pouvoir de nous détendre. Subterranean Sea fait très Vangelis avec une mélodie qui tinte comme les berceuses des titres précédents.
Le grondement qui initie Antediluvian Forest ne laisse en aucun moment présager la douceur de sa musique et de ses arpèges qui semblent flotter sur une mer d'orchestrations. Les nappes de synthé sont autant endormitoires que séraphiques. The Beach of Bones est un moment charnière dans l'histoire et le musicien écossais remplit bien le mandat avec des nappes orchestrales douloureuses et des accords d'une guitare qui semble avoir perdu foi en toute tentative de retour. Il y a une forme de désespoir qui tenaille la musique même avec la flûte qui vient bercer les illusions des rêveurs voyageurs comme les nôtres sous le rires moqueurs des sternes. Saknnussem's Path est le titre le plus animé avec un léger rythme enlevant sis sur des claquements des mains stimulés par percussions tablas et des basses percussions. Le synthé y élève une belle mélodie alors que la musique transite vers une forme plus près du rock progressif avec de riffs de guitare qui créent une bonne texture dramatique. Les vagues de sa finale nous roulent jusqu'à Shepherd of Mastodons et son ouverture remplie de séquences galopant dans l'ombre de leur écho. Une ouverture plus électronique ici avec une voix sibylline flottant au-dessus de ce bref moment et des lignes ondoyantes qui crachent un venin réverbérant. Encore une fois, les ambiances sont à la porte de l'effroi avec de bons effets qui peu à peu deviennent visuels. Et comme ça, la musique reprend son entrain de l'ouverture avec une touche tibétaine pour replonger…et ainsi de suite. Comme toute bonne trame sonore, To the Earth's Core est un genre de résumé musical centré sur les différentes phases mélodieuses de TO THE EARTH'S CORE qui sont plongées dans les plus belles textures d'ambiances, souvent glauques, de l'album. La conclusion du titre est pourvoyeuse de frissons sur les bras et dans le dos!
Comme avec plusieurs nouveaux artistes qui amènent souvent des idées rafraichissantes, la musique du label Cyclical Dreams demande le temps de bien s'écouter. Pour ceux qui ont vu le film, lu le livre, Bruce Gall nous plonge sans autre préavis dans une ambiance cinématographique hors-norme avec un décor musical très réaliste où les oreilles suivent nos souvenirs. TO THE EARTH'S CORE est en fait une musique visuelle bien définie, et on commence à mettre nos images sur cette musique dès son 3ième titre, Descent into the Crater. Un album de cette nature dans les mains d'un Ron Boots ou d'un Howard Givens ferait un malheur!
Sylvain Lupari (03/02/22) *****
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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