“Un univers bien différent de celui de Brückner où Di Ponte nous entraîne dans le sien”
1 A Farewell to Distant Friends 14:52
2 Tender Memories 10:33
3 Are You Ready to Fly (Instrumental Version) 7:56
4 Seeking Refuge 8:01
5 Sunturn Tune 9:30
6 Twenty-Five Light Years 7:09
7 Dhuska 5:34
8 Vor Einem Geheimen Wort 6:23
9 Are You Ready To Fly
(Vocal Version) 7:56
(DDL 77:58)
Bonus The 2020 Lockdown 90:11
1 Sessions Part 1 34:18
2 Sessions Part 2
3 Sessions Part 3
4 Sessions Part 4
5 Sessions Part 5
6 Sessions Part 6
7 Sessions Part 7
8 Cilia's Piano Improvisaton 2020
(2CD-R/DDL 168:09)
(Prog Synthpop, Electronica, Experimental, ambient, Neo Classical EM)
Après une ouverture digne d'une éclosion d'ambiances surréelles dystopiques, A Farewell to Distant Friends laisse entendre un synthé gémir entre les suaves murmures deCilia di Ponte. Cette première phase exploite une texture d'ambiances séraphiques autour de cette voix et une nappe d'échantillonnages vocaux pour former une chorale astrale qui enveloppe à merveille les larmes du synthé. Une phase divinatrice de 6 minutes qui reflète assez bien l'essence atmosphérique de ce TWENTY-FIVE LIGHT YEARS. La structure de rythme propose une volée d'ions sauteurs dont la texture organique pépie des phrases oscillatoires saccadées. Les percussions électroniques adoucissent un peu cette vision rythmique avec des frappes trop lentes par rapport à la vélocité du séquenceur. Ces percussions seront à l'origine de séduisantes variations rythmiques qui jalonneront les 8 prochaines minutes de ce titre. Le synthé revêt plusieurs apparences dont la première est de lancée des solos émotifs qui flottent, virevoltent et créent des boucles fantasmagoriques. Des nuances de flûte sont aussi incorporées ainsi qu'une brève vision de gros rock électronique avec des lignes de riffs. La voix de Cilia di Ponte ne fait pas que murmurer. Elle chante dans ce bon duel atmosphérique et rhythmique où il y a qu'un petit pas à franchir pour faire un lien avec le style synthpop progressif d'Enigma. A Farewell to Distant Friends donne le ton à un album qui pourrait en effrayer plus d'un si on s'attend à un album du genre Berlin School, autant progressif que vintage, habituellement offert par le label Cyclical Dreams. En ce qui me concerne, j'avoue avoir rencontré des difficultés avec la voix et surtout son utilisation massive à l'intérieur de 6 titres de cette réalisation du label Argentin. FIVE LIGHT YEARS est pour célébrer de façon informelle l'union artistique entre Michael Brückner et Cilia di Ponti dont on peut entendre la voix et son clavier sur les albums The Giant Illusion, Sparrows et Polar Vortex. Elle a d'ailleurs participé à plus de 25 albums du musicien Allemand, dont plusieurs avant que j'entende son premier opus 100 Million Miles Under the Stars en 2012. L'album propose ainsi une musique composée entre 2002 et 2020. Proposé en téléchargement sur la plateforme Bandcamp de Cyclical Dreams, cet album-téléchargement est aussi offert en format double CD-R par l'étiquette de Michael qui comprend une longue piste de 86 minutes (sic) intitulée The 2020 Lockdown. Une session improvisée au piano de Cilia complète cette version CD-R que le label Argentin offre aussi en boni sur son site Bandcamp. Bref, l'auditeur en a pour son argent, comme c'est souvent le cas avec Michael Bruckner. La grande majorité des titres sont composés par les 2 artistes, exception faite de Twenty-Five Light Years et Dhuska (MB) et du très bon Are You Ready To Fly dont les deux version ont été écrites par di Ponti.
Continuons sur la musique avec Tender Memories qui exploite ses plus de 10 minutes dans une vision atmosphérique angélique sans aucun mouvement de rythme. Juste des éléments d'ambiances méditatives où les fredonnements de la diva italienne recouvre les sobres larmes d'un claviériste songeur. Composée par Cilia di Ponti, Are You Ready to Fly est un petit bijou de synthpop progressif qui structure de son rythme légèrement bondissant une très belle enveloppe harmonieuse à la Vangelis. Sa version chantée, très bonne en passant, propose un mix plus dans le genre Électronica avec une belle essence de downtempo. Parlant Vangelis, l'ouverture lentement entraînante de Seeking Refuge me fait penser à certaines structures de rythme avec vision dramatique de Antartica. Un ruisselet d'arpèges moirés apparaît dans ce décor et tournoie par cycle sur ce rythme bondissant qui est propulsé par de sobres percussions électroniques et l'expiration spontanée d'une ligne de basse sur une distance d'à peine 100 secondes. Par la suite, le duo nous offre une phase atmosphérique avec la voix de la cantatrice italienne dans un panorama sonore dominé par des ombres basses et des ondes passagères d'un synthé en mode ambiances ténébreuses. Le séquenceur libère une ligne de pépiements oscillatoires, semblable à la structure de A Farewell to Distant Friends, afin de ramener le rythme introductif. Les parfums de Vangelis sont partis et le rythme, plus électronique, reste semi entraînant, donnant ainsi plus de visibilité à une voix qui me fait penser à la Castafiore de Tintin, sinon à la vénérable Meredith Monk. J'ai eu quelque difficulté à apprécier cette finale. Et pas à cause de la musique! Idem pour la structure techno-pop de Sunturn Tune et celle plus électronique progressive de Dhuska. Même Michael Bruckner a échantillonné sa voix sur ce titre. Sans voix ni effets vocaux, Sunturn Tune propose une structure animée vivement par une ligne d'ions sauteurs en mode super excités avec des oscillations tirées à la mitraillette. Une ligne de basse-séquences déroule une ombre qui vibrionne derrière ce rythme frénétique qui est idéal pour une danse spasmodique, du breakdance à haute densité, pour cyborgs téléguidés avec plus d'énergie que le lapin Energizer sur du speed! Encore ici, les percussions ajoutent une nuance sur la vélocité de ce rythme dont les bonds hyperactifs sont délicieusement nappés d'ondes d'un synthé qui laisse lui toute la place. Même avec ce rythme hyperactif, nos oreilles sont loin des frontières de la Berlin School alors que le duo tente une incursion dans le néoclassique avec Vor Einem Geheimen Wort et son duel piano-clavier aromatisé de drones bourdonnants. La voix de di Ponti est très aigue dans une finale dramatique qui se termine par la narration du poème Wenn nicht mehr Zahlen und Figuren du poète Allemand Friedrich von Hardenberg.
Je suis toujours partagé face à ce nouvel album de Michael Brückner et de Cilia di Ponte. Le très sympathique musicien Allemand a toujours su m'attirer vers ses œuvres, même ses plus complexes et ses plus atmosphériques. C'est très différent avec ce TWENTY-FIVE LIGHT YEARS puisque cet album est un survol d'une étroite collaboration, sur une distance de près de 25 ans, avec une artiste polyvalente dont la voix et les connaissances musicales attirent plus Michael Bruckner vers son univers que le contraire. La musique est correcte sans plus, parce que MB nous a tellement habitué à des œuvres évolutives qui embrassent une panoplie de styles. Approche à peine effleurée dans cet album où il y a tout de même plus de moments forts que de moments faibles! Et ce n'est pas The 2020 Lockdown qui renverse la vapeur! Nous sommes très loin de tout ce que Bruckner a l'habitude d'offrir avec des structures très hétéroclites où la musique d'ambiances astrales flirte avec du Lounge, du néoclassique, de l'avant-gardiste et du synthpop érigé en une longue structure évolutive. Comme je disais, l'impression que Cilia di Ponte mène le bal et amène l'auditeur dans son répertoire musical, qui est très vaste, est l'essence de cet album offert en boni. Cela écrit, ça s'écoute très bien!
Sylvain Lupari (04/07/22) *****
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
Disponible au Michael Brückner Bandcamp
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