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Writer's pictureSylvain Lupari

BYSENSES: InSense (2014) (FR)

“Ce premier album de BySenses peut demander un peu plus d'attention et d'affection, mais à la fin il va couler tout doucement dans le creux de vos oreilles”

1 Can you Tell Me Why 7:34

2 Just Missed the Nightboat 8:51

3 Georgina Ciotti 7:52

4 Synthetic Clouds 18:26

5 The Brain Labyrinth 4:06

(CD/DDL 46:49)

(Berlin School, Belgium vibes)

Didier Dewachtere est un très bel artiste, un artiste créatif, qui sait mettre en musique les mots qu'il veut imager. Réalisé en 2014, INSENSE est un petit bijou qui est passé sous les radars. Pour ce premier album, BySenses évolue sur les ailes de la Berlin School tout en insufflant ce petit côté psychédélique ambiant qui est devenu par la suite la marque d'une École Belge qui prône maintenant sa propre identité.

Entre 2 trop courtes phases de rythmes et de long actes d'ambiances brumeuses, Can you Tell Me Why débute notre voyage dans INSENSE avec des arpèges tintant dans des brumes électroniques. Nerveux, ils suivent l'écho de leurs tintements dans un schéma trop aléatoire pour être minimaliste, préférant s'accrocher à une ligne de basse séquences qui propose une courte approche de Berlin School. Et comme au début, les accords tintent à nouveau sans ombres de rythmes. On imagine alors un dialecte sonique dans une sourde oreille alors que s'intensifie le tapis de brume synthétisée dont l'accentuation dans les effets jette une intense nappe de Mellotron. Le point d'intensité atteint, Can you Tell Me Why s'enfuit avec un bref élan d'oscillations du séquenceur et par la suite dans un long silence malaisant. C'est avec une ligne de basses séquences étouffées qui coule avec une douce fluidité que Just Missed the Nightboat éparpille ses accords de clavier dans une dichotomie qui s'efface dans une étonnante symbiose harmonieuse. Des battements plus secs, plus sentis picorent une structure de rythme qui s'appuie plus sur la subdivisons des accords que sur une ligne de rythme étouffé dans la fascination. Georgina Ciotti est un titre essentiel dans l'univers très coloré de INSENSE puisqu'il capte automatiquement notre attention dès la première écoute. Son rythme est comme la démarche d'un type saoul qui titube et qui cherche un appui pour avancer. Son univers est fait de séquences et d'éléments percussifs dont le maillage fait assez Berlin School et la portion harmonique est assumée par un clavier qui chante littéralement. Des nappes d'éther et de voix astrales recouvrent ce rythme qui rappelle un peu Revolutions de Jean-Michel Jarre. Un très bon titre qui nous amène vers l'étrange et plus complexe Synthetic Clouds.

Ce long périple sonore est une odyssée de nuages synthétiques, pour le peu que notre imagination accepte la description du titre. Ses 4 premières minutes sont constituées d'une avalanche de couches et de brises de synthé pleines de granules métalliques. Ce gros sédiment sonique s'amène entre nos oreilles avec un effet de crescendo qui atteint son point culminant avec de larges nappes d'orgue. Des éléments percussifs et spasmodiques vont et viennent, amplifiant une violente éruption tonale qui arrive par une série de ces nappes d'orgue. Un essaim de pulsations s'implante et une seule survivra de ce bouillon de bruits blancs et de tranquilles grésillements qui irradient seulement quelques tonalités. Son saut continuel structure un simple battement stoïque avec une séduisante gradation minimaliste dans son ton. Le dernier ion grésillant, Synthetic Clouds continue sa procession dans ces ambiances de crissements parfois tintamarresque où les ambiances et les métaux fusionnent dans un effroyable chant de nuages synthétisés. The Brain Labyrinth conclut ce premier album de BySenses avec une texture plus sereine et toujours un peu alambiquée. Sa première partie est tissée dans une structure d'ambiances avec des voix célestes qui sont ceinturées par des effets de grondements et de pulsations organiques, de même que de larges nappes de synthé toujours aussi lugubres. Des explosions feutrées ainsi que diverses sources de battements, de cliquetis et de bruits errants finissent par forger une fascinante texture d'up-tempo qui guide les voix et les ambiances dans un voyage vers l'infini.

Audacieux et difficile à apprivoiser, ce premier opus de BySenses est un voyage dans l'imagination d'un artiste qui a développé ce curieux goût pour l'inattendu, pour des textures sonores que l'on tente d'assembler tel des casse-têtes de sons. Comme c'est souvent le cas, la créativité et l'audace ne riment pas nécessairement avec harmonies, encore moins avec une approche commerciale. Donc, l'enveloppe et l'esthétisme sonore de INSENSE demandent une plus grande passion pour les sons et pour l'inattendu chez l'auditeur. Et ces critères sont essentiels si on veut bien amadouer ce premier opus de Didier Dewachtere alors que le son reste toujours la clé des chapitres soniques ici avec des tonalités qui s'expriment mieux en les écoutant qu'en les décrivant. Il y a des moments magiques que l'on aime d'instinct dans cet album et d'autres qui aiguiseront cet instinct au fil de sa découverte.

Sylvain Lupari (19/08/17) *****

Disponible au BySenses Bandcamp

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