“Quand l'Électronica se fait dans l'esprit de ceux qui portent la musique synth&sequencer à ce niveau, ça donne un album comme ADEM”
1 Adem (Part 1) 10:39
2 Adem (Part 2) 9:12
3 Adem (Part 3) 9:17
4 Adem (Part 4) 8:48
5 Adem (Part 5) 8:18
6 Adem (Part 6) 12:55
7 Adem (Part 7) 4:11
8 Adem (Part 8) 6:11
(CD/DDL 69:31)
(EDM, Berlin School)
Est-ce que Groove prendrait un virage psybient où les formes de down-tempo se démènent dans un univers de cerceaux sonores multi couleurs et de bruits blancs? Peu importe, voilà une autre très belle surprise tout à fait inattendue! À partir de sons et d'effets sonores qui grossissent comme des taches d'encre sur du papier-buvard, ADEM a su développer peu à peu une véritable obsession chez moi. Déjà qu'à la première écoute, lorsque j'ai atteint le cœur de l'album, le syndrome de; faut que je réécoute s'est emparé de mes sens. Je savais dès lors que mon ami Ron avait frappé un très grand coup. De ce côté-ci du globe, on appelle ça un coup de circuit! Qui est C-Jay? Christian Jansen est un musicien-DJ Hollandais avec un style de Dance-music axé sur des mouvements de séquenceurs qui flirtent littéralement avec la Berlin School, je vous conseille d'écouter Backslider pour comprendre. Il a quelques albums à son actif, dont ce ADEM qui est apparu sur Replug Records. Ce label Finlandais spécialisé dans le Techno et l'Électronica produit seulement des albums, la plupart sont des EP, en format téléchargeable MP3. Les dirigeants du label, Henri Hurtig, mieux connu sous le pseudonyme Cid Inc, et Dan Orsen, ont accepté qu'ADEM soit réalisé en CD manufacturé par Groove NL. Donc, la musique de C-Jay est largement influencée par les groupes novateurs de l'Électronica des années 90, je pense à The Orb et Underworld. Plus près de nous, on peut penser à Moonbooter et Stefan Erbe. ADEM atterrit donc chez Groove avec quelques modifications dans le mixage et le mastering, ainsi que le choix des titres puisque le long et ambiant Deep Listening Part 1 y est absent. Une excellente prise de Ron Boots, puisque cet album est digne d'atterrir sur CD. En espérant que Backslider se retrouve aussi sur Groove NL, voici ADEM.
Une nappe nébuleuse infiltre nos oreilles, laissant quelques accords isolés tinter dans son sillage vaporeux. Des bruits iconoclastes et percussifs tintent derrière ce voile de brume sonore, alors que la brume devient matière et que d'autres pads stimulent la lente introduction de Adem (Part 1). Il faudra près de 5 minutes de textures d'ambiances avant que le séquenceur crée une structure dont l'hésitation roule avec un effet de saccades dans son débit statique. Des larmes de synthé se dégèlent pour fondre comme des cristaux sonores, accompagnant cette marche titubante vers une autre ossature rythmique, plus animé et dont le contrepoids rythmique assure un bon débalancement finement spasmodique. Les nappes de synthé aux arômes de Tangerine Dream flottent sur la finale, laissant nos oreilles en attente. Des chants de baleines astrales ouvrent Adem (Part 2). Des effets électroniques élastiques ornent ce décor qui plonge dans une trame sonore du genre War of the Worlds, précédant une structure rythmique qui peine à marcher dans ce décor apocalyptique très réussi d'ailleurs. Ce qui retient l'attention est le mouvement du séquenceur dont la matrice du style Berlin School minimaliste hypnotique déambule jusqu'à rencontrer des pulsations boom-boom et des accords tintant comme des coups de marteaux sur une enclume musicale. Rien pour écrire à sa mère, Adem (Part 2) reste ancré dans sa zone stationnaire surchargée par une masse sonore hybride. Adem (Part 3) nous rapproche plus du style Dub et Chill-out de Christian Jansen avec une approche de psy-dance. Son rythme est doux et est entouré de cerceaux et autres effets propres au genre psybient en plus d'un texte mi-chanté et mi-narré par Christian Jansen, ou quelqu'un d’autre qui n'est pas identifié sur les infos de la pochette Après une autre introduction tissée dans les effets sonores d'une vision psychédélique où quelques arpèges hésitent toujours à bouger, Adem (Part 4) suit la même courbe évolutive d'Adem (Part 1) avant d'exploser pour un vrai rythme de danse. Ça fait très Moonbooter! Par la suite, ADEM devient tout simplement divin.
Il faut souligner la flore tonale de C-Jay tout au long de cet album où la Dance-music est délicieusement happée par les mouvements sinueux et entrecroisés des lignes de rythmes du séquenceur. Comme dans Adem (Part 5) et Adem (Part 6), deux longs mouvements minimalistes avec des artifices sonores de musique d'ambiances et des rythmes minimalistes ondulatoires et progressifs du genre Plastikman mixé à du Berlin School. Ça donne de très belles minutes de MÉ animée par ses souvenirs d'Électronica. Après cette incursion dans les territoires de la Berlin School, le musicien hollandais retourne vers ses véritables amours, soit une Dance-music qui recherche sa véritable identité sur cet album. Adem (Part 7) suit une évolution très Électronica sous un tintamarre ambiant, alors que sous des boom-boom résonnants, Adem (Part 8) nous visse une superbe mélodie dans une approche qui flirte entre Stefan Erbe et Moonbooter. Un très bon titre qui conclut un très bel album et, possiblement, une ouverture vers d'autres horizons de Groove NL.
Sylvain Lupari (07/01/20) ****¼*
Disponible chez Groove NL
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