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Writer's pictureSylvain Lupari

Caldon Glover Labyrintia (2022) (FR)

Vous aimez quand la musique s'estompe et laisse place à des ambiances à glacer le sang?

1 The Door in the Unnamed Tower 8:13

2 A Cyclopean Plexus 7:56

3 Summoning the Cartographer 8:46

4 The Birth of the Bull of Knossos 9:26

5 Our Golden Throats Open to the Firmament 8:58

6 The World at Large is a Shrine 8:01

7 For Orcus 7:58

(CD/DDL 59:21)

(Dark Ambient)

Vous aimez ça lorsque c'est sombre, ténébreux? Lorsque la musique s'efface pour laisser place à des ambiances à nous glacer le sang? Imaginez-vous dans un cimetière avec un micro si puissant qu'il capte même ces sons que les rats font en croquant un os mort depuis une décennie. C'est LABYRINTIA! Caldon Glover est ce qu'on appelle un sculpteur de sons et d'ambiances sordides. Le musicien ingénieur de sons aime trimballer son enregistreur et capter ces sons qui enrichissent ses œuvres toutes teintées de noir sidérurgique. Après près d'une 20taine d'albums de musique électronique de style Dark Ambient, voilà que le musicien concepteur de sons de l'Arizona, la contrée de Steve Roach, atterrit sur le label Cyclic Law. Ce label de France spécialisé en musique gothique, ténébreuse et chtonienne est en plein dans la palette de sons qu'aime restituer Caldon Glover. Équipé d'instruments rudimentaires, il avoue avoir très peu de moyen financier, il tente de soutirer un effet maximal de ses équipements minimaux. Il crée ce qu'il appelle une musique pour casque d'écoute pour écouter en solo peu importe les situations. Il a fait une apparition remarquée au SoundQuest Fest de 2021, voici le lien pour visionner la vidéo sur YouTube, en proposant une musique nettement moins vorace pour les oreilles que sur ce LABYRINTHIA. Sur cet album, Caldon Glover étend les domaines de son univers rempli de tonalités au diapason d'une musique d'ambiances industrielles comme purement ténébreuse où nos oreilles sont assaillies d'une pléthore d'explosions feutrées, des craquements inquiétants, d'imposants mugissements, chuchotements et de bien d'autres effets habilement constitués d'une imagination débordante de créativité pour sa passion de la noirceur. Bref, une panoplie de sons et d'effets qui dépeignent des panoramas sonores à la limite du sordide.

Une onde de woosshh et de vents aussi sifflants que bourdonnants ouvrent The Door in the Unnamed Tower. Déjà, des craquements suspicieux, qui deviendront des crépitements, envahissent les oreilles, de même que cette impression de murmures qui tenaille nos sens tant les vents chuintent avec véhémence. Des nappes de synthé s'élèvent comme dans un effet de corne gothique appelant les guerriers à se regrouper. Divers battements secouent les ambiances et font virevolter des carillons dont les tintements giratoires tentent de créer une illusion de rythme. Le titre migre vers des ambiances shamaniques un peu après la 5ième minute. C'est une onde de synthé qui en fait l'introduction. Son chant sibyllin fait danser ces grelots de sorcier alors que de nulle part s'élève un chant de gorge qui rappelle le noir univers shamanique de Steve Roach. Les ondes du synthé ont cette délicate texture de flûte qui séduit dans ce titre, ainsi que dans l'ouverture de A Cyclopean Plexus. La masse sonore vibrionne comme ces drones bourdonnants qui soufflent ces moments d'inquiétude dans l'univers du Dark Ambient. Divers éléments de percussions acoustiques, on dirait du bois de cerfs que l'on frotte, résonnent dans cette masse sonore qui se défait en particules sonores. Comme une bruine de sons dans une forêt où la promenade est un défi pour l'effroi. Ça pourrait très bien servir la cause d'un film comme Le Projet Blair, tant la musique est de noir et blanc et que ses effets percussifs nous font sursauter. Surtout que les vents mugissent, comme des dizaines de voix d'ectoplasmes perdus entre deux univers. Summoning the Cartographer nous amène à un autre niveau de l'universCaldon Glover, celui de l'ambiant industriel. Les nappes de synthé qui dérivent entre les lourds nuages vibratoires de son introduction ont une texture de métal hurlant. Cette sombre symphonie métallurgique dérive de l'autre côté du spectre avec des murmures de paranoïa qui sert de passage atmosphérique entre l'approche industrielle et la vision de musique ambiante gothique qui domine la seconde partie de Summoning the Cartographer.

The Birth of the Bull of Knossos est sans doute le titre le plus noir de LABYRINTIA. Ces ondes de synthé ont une texture de voix de gorge qui râlent sans prendre son souffle une seule seconde. Elles ondulent paresseusement, accentuant parfois ses intonations, dans une mosaïque ténébreuse où des éléments de tempête automnale donnent vie à des tam-tams qui battent une mesure hypnotisante. La seconde partie du titre fait entendre des éléments organiques qui sont coincés sous des nappes de métal qui se désagrègent sans pour autant disparaître. Our Golden Throats Open to the Firmament est un titre assez particulier. La douceur de son introduction se mute en d'énormes mugissements ou barrissements qui hurlent entre des cognements de métaux et autres cris d'animaux sauvages, j'entends des loups ici, créant une surréaliste toile de violence animale. On a l'impression de descendre dans un abysse avec nos ongles devenus des os de métal qui s'accrochent à des parois métalliques. Au niveau barrissements, mugissements et beuglements, un titre comme The World at Large is a Shrine amène son lot de ces chants vibratoires. Ils se multiplient dans un contexte similaire à Our Golden Throats Open to the Firmament, mais sous d'imposants coups de percussions assourdissants. Les ondes sonores du début sont tout autant musicales et se transforment en gros bourdonnements qui sonnent comme des sirènes annonçant des attaques aériennes. Peu à peu cette pléthore de nappes et d'ondes de synthé deviennent ces imposants rugissements autant plaintifs que stoïciens dans un univers où des ondes de métal crissent et/ou se putréfient en particules sonores. For Orcus termine LABYRINTIA en exploitant les mêmes thèmes récurrents de l'album, mais avec un peu plus de chaleur dans des ambiances qui flirtent avec une latente paranoïa. Une vision qui est projetée aussi assez souvent dans les presque 60 minutes d'un album qui va vous déranger, perturber l'esprit peu importe l'endroit choisi pour l'écouter. Une autre étonnante réalisation de Cyclic Law Music. Pour oreilles hardies et pour esprits intrépides!

Sylvain Lupari (15/11/22) ***¾**

Disponible au Cyclic Law Bandcamp

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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