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Writer's pictureSylvain Lupari

Carbon Based Lifeforms Interloper (2010) (FR)

Updated: Dec 20, 2022

“Interloper est un petit chef-d'oeuvre qui fait le pont entre l'Électronica la MÉ d'un style plus près du Berlin School”

1 Interloper 6:00 2 Right Where It Ends 6:49 3 Central Plain 7:12 4 Supersede 8:00 5 Init 7:27 6 Euphotic 7:18 7 Frog 7:20 8 M :28 9 20 Minutes 7:26 10 Polyrytmi 8:44

(CD/DDL 71:44)

(Psybient, Electronica, EM)

INTERLOPER est l'un de ces albums qui marquent le temps et font revivre de délicieux souvenirs d'une jeunesse brumeuse. Cela fait un moment que j'entends parler de Carbon Based Lifeforms. Dans le cercle de la MÉ alternative, on encense cette musique ambiante riche où des rythmes envoûtants et lascifs pointent dans une sombre ambiance spectrale avec une riche faune sonore fourmillée de paradoxes invitants. Et c'est vrai! INTERLOPER de Carbon Based Lifeforms a eu l'effet d'une bombe sur moi, de la même façon que Impluse de Free System Project. C'est un petit chef-d'œuvre qui est passé inaperçu dans les sphères de la MÉ, mais pas dans le monde invitant de l'Electronica. Et pourtant, la musique de Johannes Hedberg et Daniel Segerstad navigue aisément entre les deux styles, laissant aux passages de très belles mélodies et des ambiances aussi angéliques que diaboliques, enveloppées d'une étrange aura radioactivité.

Tenant ferme sur une structure en rotation magnétisante, Interloper nous plonge dans les atmosphères authentiques du 3ième opus du duo suédois. De beaux arpèges y dansent. Comme les libellules Elfiques, elles voltigent et leurs ailes s'entrechoquent sur des lignes de rythmes syncopées et des traînées de synthé spectrales et irisées pour former un obscur manège musical psychotique qui zigzague autour de riffs hésitants. Les percussions tombent et leurs frappes brusques, associées aux pulsations étouffées d'une ligne de basse, alimentent un suave tempo qui plie l'échine sous de superbes effets musicaux glauques et attrayants. Entre rythme sédentaire et ambiance nomade, Interloper est inondé d'un fin mélange de voix irréelles et de stries métalliques. Ce sont des éléments sonores qui sont aux portes d'un délire paranormal et qui sont légions sur cet album. Ici, sur la chanson titre, ils se mêlent dans cette lascive danse temporelle où lamentations irisées et harmonies évanescentes flottent entre le cérébral et le sensuel. Right Where It Ends passe immédiatement à l'étape suivante et saute sur les empreintes rythmiques assez fraîches de Interloper. Le tempo est beaucoup plus lourd ici. Il est martelé par des percussions plus massives et plus compactes tandis que la basse émet des accords qui galopent en cercles rotatifs, formant un tempo puissant dont de larges boucles oscillantes marchent sur des nuages ​​radioactifs de certaines tonalités électriques. L'univers parallèle de Right Where It Ends amène à nos oreilles un cocktail sonore impressionnant où cerceaux métalliques et réverbérations striées se rencontrent et se confondent autour de chuchotements voilés récitant des psaumes interdits. Central Plain jette une toile musicale montée sur un lit de séquenceur dont les boules rythmiques sont exemptes de tout synchronisme et ondulent avec une ferveur apocalyptique furieuse. Le rythme étant globalement peu formé, les arpèges se succèdent dans un étrange motif frénétique. Ils font équipe avec des effets de pilules dans une bouteille et de solides percussions qui entraînent la musique vers un rythme vif ondulant, divisé par sa vision saccadée où réside une voix et ses lamentations éthérées. Si son intro est plutôt ambiante, avec des réverbérations sinueuses et mystérieuses, Supersede propose une merveilleuse mélodie qui se dessine insidieusement dans ses ondes astrales. Une mélodie forgée dans un magnifique refrain synthétisé qui s'enracine timidement et qui se libère du poids de ses percussions pour entrer librement dans sa seconde vision. C'est un titre accrocheur dont le chant monotone hante constamment, et même beaucoup plus tard, après avoir savouré tous ses recoins cachés. Init nous plonge dans les sphères ambiantes de Carbon Based Lifeforms. L'intro se nourrit de bruits blancs et de crépitements d'uranium, tandis qu'une voix basse et innocente perce ses ondes de réverbération. C'est un titre lent rempli d'arpèges en verre qui hésitent à moduler des fragments d'une mélodie refusant de crier sa vie. Lentement, le tempo prend une forme ambiante vague sous les implosions d'une ligne de basse qui construit ses ramifications autour des oscillations d'un synthé aux vents noirs et sinueux. Les percussions peuvent tomber; ils ne font que déplacer des cendres et des souvenirs d'un univers autrefois fertile. Ils façonnent un rythme lent et réveillent une panoplie d'effets sonores qui effraient ces fragments de mélodies, errant tels des poltergeists sur une terre sèche où la tristesse et les poussières de vies cimentent des machines de spectres. C'est aussi beau que ça peut être ténébreux! Et c'est immensément beau.

Euphotic suit les vents ocrés de Init. Des oscillations étouffées émergent de ce néant de tons de plomb et créent un mouvement hypnotique lascif qui se précipite dans les souffles célestes d'une voix de nymphe astrale. INTERLOPER devient alors sombre et ambiant, recherchant ses mélodies et ses rythmes parmi ses souffles iodés, ce qui permet à Frog et ses tons de xylophone de briller et de créer une mélodie suspendue entre rythme et non-rythme, entre plaisir et agonie. C'est une mélodie inachevée où les couches irisées déchirent l'atmosphère et se retournent en un étrange ballet de cristal, comme un rythme privé de forme concrète mais orné d'une superbe fusion de voix et de lamentations argentées qui brillent comme des diamants dans les poussières lyriques de son intro. Sublime, M nous pousse encore plus dans les atmosphères sombres et les rythmes de INTERLOPER. Si l'intro flotte dans un oubli acoustique, le tempo se réveille et se rebelle de son manque de vie avec des frappes de percussions qui font résonner et secouer ce temple de l'anarchie ambiante, poussant M vers un puissant crescendo dramatique. Et Carbon Based Lifeforms ne cesse d'étonner. Alors que nous pensions atteindre le zénith, 20 minutes nous réservent une excellente approche méditative. Hors de son intro cosmique, nous sentons une ligne mélodieuse se former. Elle perce les denses brises cérébrales et s'agite agréablement, libérant des accords fragmentés qui convergent doucement et éclate sur un tempo lourd et lent, rempli de vents et de souffles harmonieux ainsi que de notes mélodieuses. C'est un grand titre qui m'accompagnera pendant plusieurs nuits et au-delà. Polyrytmi conclut cette incroyable odyssée musicale par un titre plus vivant. C'est un titre enjoué où les souffles de synthé se mêlent aux mélodies des centaures mythiques tandis que le rythme se prosterne derrière une belle approche polyrythmique rappelant les séquences moirées de l'univers Steve Roach. Ce dernier titre d'INTERLOPER progresse avec un crescendo merveilleux où percussions et synthés convergent vers un rythme lent et lourd qui est renversé par de gigantesques flots de synthé.

J'ai été assommé par INTERLOPER de Carbon Based Lifeforms. C'est un excellent CD qui fait le pont entre l'Electronica et la MÉ, tel que les fans de Berlin School et d'ambient progressif aiment. C'est un album puissant où les vibrations sont torrides et parfois dramatiques, où la gamme d'effets sonores dépasse les imaginations les plus créatives et où le down-tempo suaves dessinent des paysages exotiques sur fonds d'une terre abandonnée et ravagée par les vents nucléaires. À ce jour, c'est mon match parfait entre le psybient et la MÉ que je suis habitué à écouter.

Sylvain Lupari (15/11/11) ****½*

Disponible au Carbon Based Lifeforms Bandcamp


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