“C'est un excellent album de CELL où le style Berlin School a ses racines dans une nouvelle perspective de la musique de danse électronique”
1 Elevation (Live Edit) 9:02
2 Over The Roof (Live Edit) 6:06
3 Pulse (Live Edit) 8:03
4 Traffic (Live Edit) 8:59
5 Security (Live Edit) 10:44
6 Spinning Whale (Live Edit) 9:49
7 Take Off (Live Edit) 5:44
8 Intimate Removals (Live Edit) 11:29
(DDL 69:54)
(EDM Berlin School)
Des arpèges séquencés entreprennent une danse linéaire et spasmodique que des halètements tentent de suivre. Des voix hors-champs nourrissent l'imaginaire de celui qui offre ses oreilles à Elevation (Live Edit) alors que les premiers Boom Boom atteignent les fils électriques de nos émotions. Dans une ouverture où il est facile d'établir un lien avec le mythique Poland de Tangerine Dream, LIVE IN CORFU offre un rythme sec et soutenu avec des effets de percussions manuelles tribales qui arrondissent l'impact spasmodiques des percussions électroniques. Le rythme est nerveux et supporte des tintements de bouteilles lunaires dans un Moonwalk à la Zoolook lorsque des percussions plus sobres stabilisent ce rythme convulsif qui s'engraisse maintenant de tonalités diverses, principalement des effets percussifs. Il y a un effet réverbérant qui coud les éléments rythmiques de Elevation, donnant un relief stroboscopique à une structure qui vous secoue bien les tympans. Ce titre où les essences de la Berlin School traînent dans ces nouveaux genres constamment en réorientation que sont la EDM et le Psybient nous accroche à un album assez intéressant du label Lyonnais Ultimae Records.
Disponible uniquement en format numérique de 24 Bits, une version MP3 est aussi disponible, sur le site Bandcamp du label Français, ce nouvel album est présenté comme un voyage musical de 70 minutes avec des rythmes fluides qui s’enchaînent en transportant de fragiles mélodies dans un décor futuriste qui pourrait être aussi paradisiaque que ceux d'un film de Luc Besson. LIVE IN CORFU est l'enregistrement d'un concert performé au DOTS en Aout 2019 et qui met en vedette une figure oubliée du label Alexandre Scheffer, ou si vous préférez CELL au Mikro Nisi Beach Venue sur l'île de Corfu en Grèce. On imagine déjà le décor, eh bien dites-vous que la musique n'en a pas vraiment besoin pour séduire. Cerceaux qui se cognent dans un effet d'écho industriel, le rythme up-tempo de Elevation continue de séduire avec son aplomb. Des pads de synthé un brin Vangelis tournent autour de ce rythme qui store de drôles de tintements de chaines, ayant le même impact que des instruments de torture de Moyen Age. Dans une panoplie d'artifices sonores insérés avec un aplomb qui frôle l'impertinence, CELL dévoile peu à peu le menu pour les prochaines 70 minutes d'une MÉ tiraillée entre ses effets psybient et ses rythmes à la recherche d'identité.
Over The Roof suit avec une assez longue introduction d'ambiances cosmiques avant de nous assommer avec des percussions boom-boom et des cymbales tssitt-tssitt dans un rythme lourd et entraînant qui sert à déployer un arsenal d'effets, dont ces chaines qui hantent les chambres de tortures, dans une vision cosmique. On sent une gradation rythmique ici qui suit une impressionnante constellation d'effets sonores, d'effets perturbateurs qui en inondent les secousses, comme dans les rythmes aussi fluides qu'endiablés. Il faut mettre le volume à bon niveau pour embarquer dans ce 70 minutes de EDM conçue pour rejoindre les éléments cosmiques visibles à l'œil nu dans ce coin enchanteur de notre planète. Certes il y a de courtes phases où nos pieds respirent, mais majoritairement CELL ne fait pas de quartier et nous invite à une collection de rythmes où les introductions, comme les finales sont songées autour des communications entre cosmonautes. Après un Pulse qui a fait pulser nos pieds, Traffic se permet une phase d'incertitude rythmique où les effets s'entrechoquent dans un lent départ cosmique. Ces effets produisent un savoureux langage organique alors que les boom boom semblent respirer dans un down-tempo où la variété dans le buffet des effets a le dessus sur la proposition rythmique de Alexandre Scheffer. Nous atteignons une phase méditative lorsque l'union entre Traffic et Security tente de joindre leur proposition rythmique. Les criquets chantent pour les tonnerres et les mouettes, alors que le rythme tribal Africain de Security rive nos oreilles en mode attente. Cette ouverture est phénoménale avec les éléments qui se convient au même menu. Bien qu'active, la ligne de rythme statique devient une ligne de riffs jouant avec une savoureuse ligne de basse qui monte et descends pour mourir un peu avant la cinquième minute. Là où le rythme prend une courte seconde peau pour finalement se dérober dans un techno lunaire. Spinning Whale nous invite à une structure statique avec une enveloppe d'effets sonores qui est au diapason d'une nouvelle dimension. Des effets qui soutiennent une mélodie qui caquète alors qu'une autre ligne de mélodie cantonnée sur des arpèges moirés tente un dialogue avec les astres. Nous remarquons une baisse de régime au niveau rythme et c'est dans cette optique que le très beau Take Off amorce la dernière phase, et la plus belle, de LIVE IN CORFU. Ce down-tempo morphique et surtout cosmique est savouré par des riffs de guitare en suspension et cache des effets que Tangerine Dream importait dans sa phase Hyperborea. Les accords et les boucles de guitare tissent une fausse mélodie qui s'enchaine au clavier. Cette mélodie possède son ver-d'oreille qu'elle trimballe avec parcimonie jusqu'au très séduisant Intimate Removals qui recadre cette mélodie dans un rythme aussi lourd, puissant et précis que celui de Elevation. Une finale où chaque seconde fait naître un brin d'intensité jusqu'à cette apothéose rythmique qui boucle la boucle d'un étonnant et très séduisant album de CELL.
Sylvain Lupari (24/08/20) ****¼*
Disponible au Ultimae Records Bandcamp
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