“Il y a une fascinante symbiose derrière tout ce bruit qui finit par être un savant mélange entre concerto abstrait et musique électronique progressive”
1 Chez Thomas 1 16:07 2 Chez Thomas 2 13:43 3 Chez Thomas 3 8:25 4 Chez Thomas 4 17:12 5 Chez Thomas 5 11:40 6 Chez Thomas Soundcheck 2:34
(DDL 69:45) (Ambiosonical, neo-prog electronic and abstract music)
Des grésillements, des bruits blancs et statique accompagnent les douces vagues flottantes qui pavent la voie de Chez Thomas 1 vers nos oreilles. Des nappes de voix très ombrageuses et des accords d'une guitare errante ornent un paysage électronique dont la douceur est multipliée par ces nappes de synthé qui voyagent entre le cosmos et Chez Thomas. Cette ouverture de la dernière offrande de Centrozoon étonne par sa musicalité et sa tendresse. En entend bien que Markus Reuter est affamé de bizarretés soniques avec sa guitare et ses couches/riffs tapageurs qui fait très contraste avec les doux accords et les tendres nappes de synthé et de clavier de Bernhard Wöstheinrich. Mais Centrozoon étant ce qu'il est, le tumulte pulvérise la sérénité de Chez Thomas 1 vers une cacophonie où tous les éléments sonores communiquent dans une tour de Babel. Et comme à chaque fois, on se laisse surprendre par ce tintamarre qui finit par coucher une fascinante cohésion. Mélodieux? À peine! Pour autant que l'on aime la signature des improvisations de King Crimson, on nage allégrement dans l'univers de ce duo à la vision très éclectique de la musique électronique progressive. Le rythme devient très pulsatif avec un débit toujours croissant et un maillage entre un mouvement de séquences et une ligne de percussions qui démembrent une ossature déjà spasmodique. La guitare de Markus Reuter rôde comme le spectre de Robert Fripp sur cette dernière portion de Chez Thomas 1 qui est étonnement musical.
On continue de suivre la tournée Nord-Américaine de Centrozoon par le biais d'une série d'enregistrements de ces concerts que le duo Wöstheinrich/Reuter propose sur le site de téléchargement de Iapetus. 217 III fait partie d'une impressionnante collection de ces enregistrements qui compte actuellement 12 albums, tous disponibles en format numérique seulement. Ce dernier arrêt nous amène en la ville de Mount Laurel, au New Jersey, plus précisément au Chez Thomas le 05 Novembre 2016. L'enregistrement est et présenté tel qu'enregistré, soit sans parures ni dorures, et propose 5 structures évolutives qui transitent entre de l'ambiant tapageur et des rythmes cacophoniques plus séduisants que repoussants. Bref, de la bonne musique électronique progressive sans étiquettes. Sinon abstraite! Mais un rendez-vous avec Centrozoon reste toujours quelque chose de très satisfaisant. Entendons Chez Thomas 2 qui propose un concert de tintements, très diversifiés, afin de conquérir nos oreilles. Le mouvement est sans rythme, mais très bruiteur avec de bons effets percussifs qui s'insinuent au travers une épaisse toile de tintements bigarrés. Une ligne de basse ronfle en arrière-plan alors que l'angélus poursuit son homélie carillonnée. Bien franchement, Chez Thomas 2 ne semble aller nulle part. Et les derniers instants nous prouvent qu'il ne faut jamais lancer la serviette trop vite avec Centrozoon, car le titre étire une finale dans une lente phase évolutive vivante. Chez Thomas 3 s'amène avec une structure lourde, ambiante et graduellement tintamarresque. Après une introduction d'ambiances cacophoniques, les riffs de guitare et les percussions se chamaillent. Et ce sont ces dernières qui remportent le débat en structurant un rythme nettement plus enlevant qui fond par contre plutôt rapidement dans cette ambiance tonitruante lapidée de riffs et de bons effets de percussions. Chez Thomas 4 sème la confusion entre ambiances, rythmes tapageurs et ces effets mélodique égrenés comme une honte dans le temps. La ligne de basse ondule vicieusement sur une structure tantôt séraphique, mue par une belle nappe de voix, et tantôt cacophonique et propulsée par des riffs, des cliquetis et des effets cogneurs. Chez Thomas 5 offre une autre structure signé Centrozoon. Une structure où règne un désordre semi harmonique et semi organisée où le chaos des sons et des effets percussifs sculpte des rythmes transitoires avant de bénéficier d'une seconde partie plus sereine où tintent des étoiles sur des riffs toujours assoiffés mais de plus en plus rassasiés. Et si vous avez le goût de vous défoncer les oreilles ou de faire fuir le quartier, on met le volume de Chez Soundcheck et on attend et on entend la tempête passée… Il y a une fascinante symbiose derrière tout ce tapage. Pour un public friand des sons avant tout!
Sylvain Lupari (07/02/2018) ***½**
Disponible au Iapetus Bandcamp
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