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Writer's pictureSylvain Lupari

CENTROZOON: Boner (2012) (FR)

Boner est tissé dans les alliages d'une fusion de particules sonores insoupçonnées où la musique sert de prétexte à une folie expérimentale ...

1 Silent 1:12

2 Mauls of Reclining 3:30

3 Bright Meowing 4:54

4 By Us 2:44

5 Smoked Info Monster 8:41

6 Knock Outs 5:25

7 La Waltz of Kirk 4:53

8 Okay Without Reheating 3:18

9 Bell Hill Minutement 7:41

10 Weak Spelling 2:59

11 Radio Sun 4:57

12 Cervus 5:06

13 The Yeah Winces 5:03

(DDL 60:51)

(Ambient, distorded and abstract music)

Ouf que mes oreilles ont encaissées tout un coup! Une ode au tintamarre stigmatisé dans des percussions et des riffs aussi secs qu'incisifs, à faire pâlir King Crimson dans ses moments de léthargie poétique, BONER est un violent exercice sonore où l'anti-musique se mesure à des bribes harmoniques refoulées dans des puissantes écorchures de métaux en douleur. Pourtant le rythme est aussi rare que les approches mélodieuses. C'est du Trash Métal ambiant inondé de sonorités hétéroclites fractionnées dans des ambiances d'acide corrompu (Smoked Info Monster et Bell Hill Minutemen). Album incroyablement difficile à apprivoiser, il a connu un accouchement à la hauteur de sa portée commerciale. C'est un an après Never Trust the Things They Do (2007) que l'aventure BONER débutait. À court de ressources financières, le trio adepte des structures et tonalités musicales iconoclastes avait de la difficulté à engranger les sommes d'argent nécessaire à la production de leur prochain album. C'est ainsi qu'il fut entièrement réalisé dans un contexte de bénévolat, tant pour les musiciens que les réalisateurs (Adrian Benavides et Marziano Fontana) et l'ingénieur de son (Lee Fletcher). Une campagne de sociofinancement fut mise sur pied, Bonestarter, visant à amasser des fonds afin de payer une somme symbolique pour ceux qui ont collaboré afin que ce projet de Centrozoon voit le jour. C'est un long processus qui a pris plus de 3 ans.

L'approche médiatique qui entoure ce 11ième opus d'un groupe qui passe de l'ambiant éclectique à du sci-fi bordélique et biconique est pourtant claire; BONER est un album qui va défier la tolérance des amateurs de musique expérimentale. Et c'est tout à fait vrai! Je ne suis pas vraiment un amateur de musique expérimentale, mais je dois avouer que cet album a fait sauter la tolérance de mes haut-parleurs et les limites de la compréhension de ma blonde pour une musique qui lui échappe. Des gouttes d'eau métallique qui tombent dans un néant aromatisé de tonalités de verre compressée éveillent une lente et lourde ligne de basse qui serpente un bref rythme semi groovy, juste avant que le court Silent n'embrasse une finale atone. Nous voilà bien en selle pour affronter cet univers OVNI-que et abstrait. Abstrait ou anti-musique, c'est selon car Mauls of Reclining est nourri de couches de métal hurlant et de pulsations étouffées au carbone iodé alors que des frappes d'un xylophone éthéré tente d'accompagner des bangs résonnants qui martèlent un rythme absent que des lourds riffs massacrent à coup des longs couteaux de six-cordes électrique. Étonnement, des tic-tacs moqueurs ajoutent au poids de la résonance sur un titre dénué de rythmes mais truffé de tonalité et de riffs aussi lourd que tétanisé. Et c'est ce monde abscons qui défile dans nos oreilles tout au long de la découverte de l'album. Mis à part Bright Meowing et La Waltz of Kirk, qui offrent des rythmes plus constants, BONER est majoritairement composé d’ambiances de métal hurlant et de poésie barbare extraterritoriale sur des structures qui égratignent l'ouïe tout autant que les peintures qui ornent nos salles d'écoute. Véritable tordeur pour les casques d'écoute, cet album est tissé dans des alliages d'une fusion de particules sonores insoupçonnées où la musique sert de prétexte à une folie expérimentale qui dépasse les frontières de l'imagination.

Est-ce que j'ai aimé? Disons que ce n'est pas vraiment mon genre de musique. Mais j'aime un univers de sonorités démesurées qui explosent sur des structures vivantes. BONER n'a que quelques structures vivantes, mais les tonalités de tous acabits explosent d'une rare violence stigmatisée dans des poches stationnaires. Un vrai casse-tête pour mélomane à la recherche d'exploration sonore, BONER est aussi froid que métallique et laisse dans l'oreille des empreintes au goût de métal insoluble. Mais ceux qui aiment le genre risque de passer un foutu bon moment. Car c'est aussi impénétrable qu'un os dans une oreille!

Sylvain Lupari (04 mai 2012) *****

Disponible au Centrozoon Bandcamp

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