“Chandra: Phantom Ferry-Part I est un bel album mais je m'attendais à beaucoup plus. N'est-ce pas ce que nous, vieux fans, souhaitons?”
1 Approaching Greenland at 7 PM 7:49
2 The Moondog Connection 3:59
3 Screaming of the Dreamless Sleeper 6:56
4 The Unknown is the Truth 7:31
5 The Dance Without Dancers 5:41
6 Child Lost in Wilderness 7:07
7 Sailor of the Lost Arch 7:53
8 Verses of a Sisong 7:37
9 Silence on a Crawler Lane 4:05
Eastgate | 037 CD
(CD/DDL 58:39)
(E-rock, Dark ambient, New Age)
C'est de façon frénétique que s'ouvre cette étrange histoire musicale basée sur un manuscrit trouvé dans un camp militaire de Greenland, près de Thule. Une histoire fictive où le personnage Carlos rencontre une étrange entité qui semble en connaître plus sur lui que lui-même. Une belle idée de base qui se divise en 9 titres bien distincts d'où l'improbabilité de créer une histoire musicale aux détournements surprenants. Tout seul, en solo, et en plein cœur des années Eastgate, Edgar Froese semble intimidé. À la lecture de ce que j'entends, il manque d'audace et d'originalité. Edgar devient même prévisible et ennuyeux, voire ennuyant par moments. Pourtant l'histoire de CHANDRA: THE PHANTOM FERRY Part I semble avoir une dimension qu'une audace peut nourrir sans limites. Et les studios garnis des nouvelles technologies et de nouveaux instruments ne sont plus une excuse. Edgar Froese à les moyens de ses ambitions sauf que sa surproduction de musique finie par diluer son talent. Ceci étant dit, CHANDRA: THE PHANTOM FERRY Part I semble avoir une portée musicale assez intéressante pour une MÉ qui est un bel outil pour créer de la musique d'ambiances, une musique théâtrale et une musique de film avec une pléiade d'instruments aux possibilités infinies pour concocter le rêve sonore…mais Edgar n'y arrive pas. Il est terne l'argentier. Il est pâle de créativité. Remarquez que Chandra n'est pas si ennuyeux loin de là. C'est un bel opus. Mais il y manque l'audace de son histoire.
Approaching Greenland At 7 pm ne perd pas de temps et propose une structure de rythme vive avec un séquenceur ultra-rapide qui roule comme dans les meilleurs moments de Chris Franke. Le rythme est nerveux, saccadé et roule sur une ligne de basse qui épouse l'ombrage des séquences étalées comme de frénétiques frappes de percussions. Un bon titre avec des passes de funk et des variances dans le mouvement des séquences ainsi que de bons effets percussifs qui sont enrobées de fines strates tangentisés. Trop court The Moondog Connection crache une sombre sensibilité avec un beau jeu de synthé qui ondule en boucle et d'un mellotron discret qui filtre ses harmonies au travers une brume réverbérante. Edgar saupoudre le tout de beaux accords éparses qui agrémentent cette douce mélodie d'une obscure grisaille qui se poursuit sur Screaming of the Dreamless Sleeper; un titre noir mais sans âmes avec ces vocalises teintées de fausses émotions qui glanent ici et là sur une progression rythmique qui manque de créativité. C'est un titre qui fait dans le répertoire des années Melrose et qui se détache d'une quelconque œuvre de fiction, tout comme Child Lost In Wilderness et ses vocalises assombries par une approche poétique. Pas mauvais! Mais on parle d'Edgar Froese et Tangerine Dream ici!
The Unknown is the Truth démarre avec une ténébreuse onde linéaire soufflée d'arcs sonores aux teintes de sarbacanes. Une intro vaporeuse et tout même assez originale qui permute en une cadence nerveuse assaisonnée de délicieux arpèges limpides qui flottent dans cet univers plus près du chaos que de l'harmonie. Le rythme y est stagnant et trébuche dans des limbes psychotroniques hallucinogènes qui rappellent les premiers écarts artistiques du Dream. Un très beau titre qui dégage une atmosphère abyssale où le remords se pointe à tous les recoins. Synthé aux striures intrigantes, mellotron flûté et discret aux arrangements d'une tristesse à écorcher l'âme; The Dance Without Dancers est un baroque ballet noir qui tournoie dans une amertume irisée d’un fragile espoir. Un très beau titre qui rappelle la période de Legend. Sailor of the Lost Arch est une belle ballade tout droit sortie du New Age. Ça coule bien, mais nous sommes loin d'une MÉ bien structurée, même si Edgar y ajoute des sonorités hétéroclites. Et plus on progresse et plus nous tombons dans la facilité créatrice. Des thèmes mélancoliques qui se répètent et qui n'ont que de petites striures synthétisées qui glanent ici et là, faisant croire à une quelconque évolution émotive alors que ça sonne le réchauffé.
CHANDRA: THE PHANTOM FERRY Part I un bon album mais je m'attendais à plus, comme à chaque album de Tangerine Dream. Remarquez qu'ici c'est un album solo de notre cher Edgar. C'était quoi l'idée? Débat, débat et toujours d'éternels débats stériles qui restent sans réponses. Mais ça reste bizarre comme situation! Donc, un album inégal où de très beaux titres se perdent dans des titres moyens où les rythmes et ambiances peinent à trouver des formes originales. Des titres ordinaires qui témoignent qu'Edgar Froese se fait vieux et devient très confortable dans ce genre musical qui réussit toujours à attirer des nouveaux fans dans les cercles de Tangerine Dream à travers le monde. C'est bon. Ça s’écoute bien, mais il y manque quelque chose.
Sylvain Lupari (09/11/09) ***½**
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