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Writer's pictureSylvain Lupari

CHRISTIAN & BEASLEY: Stories (2022) (FR)

Stories a tout ce qu'il faut pour plaire aux aficionados des styles Berlin et England School

1 Stories 1 (12:58)

2 Stories 2 (21:06)

3 Stories 3 (24:53)

(CD/DDL 58:58)

(Berlin & England School)

C'est au début de 2018 dans le cadre du Snow Ball, un mini festival qui se tenait à Rugeley dans le district de Staffordshire en Angleterre où 6 musiciens jouaient à tour de rôle un segment de musique de 30 minutes, que STORIES a pris racine. D'abord offert sur le concept de ticket virtuel, l'enregistrement des deux actes de John Christian et Adrian Beasley a été remixé et masterisé en entier pour les besoins de ce nouveau CD manufacturé qui est offert par le label Hollandais Groove nl. Les 2 titres sont fusionnés en un long morceau de 59 minutes d'une musique électronique (MÉ) entièrement improvisée où les phases atmosphériques sont détournées par des structures de rythmes alliant la Berlin School à la England School et où les parfums de Airsculpture se font entendre dans l'évolution des 3 parties de STORIES.

Un premier accord tombe et sonne comme un lointain carillon, amenant à nos oreilles le bruit de vagues sonores et des battements sourds qui s'évaporent lorsque le clavier laisse errer ses accords sous des nappes de synthé qui ont cette couleur bleutée industrielle. Une nappe de basse rampe dans le décor alors que doucement Stories Part 1 prépare son homélie musicale. Ses premières minutes sont très atmosphériques avec un clavier à la Rick Wright qui disperse ses notes sous des bancs de brume gothique. Une ligne de basses pulsations chevauche cette phase un peu après la 4ième minute, instaurant un rythme latent qui tente son ascension sous des nappes d'une brume devenue plus flûtée. Le synthé libère des solos ayant un air de Jazz qui restent aussi discrets que les accords du clavier évasifs. Le rythme montant de cette ligne de basses séquences est bien accroché à la structure dont la texture atmosphérique s'étiole lentement afin de laisser plus de place aux expressions improvisées du synthétiseur. J'entends du Klaus Schulze à partir de la 10ième minute, là où la structure de rythme change la nature de sa tonalité ainsi que son débit avec une autre ligne du séquenceur qui fait trébucher la phase rythmique des derniers instants de Stories Part 1. Se débarrassant de l'ombre grondante, les 2 séquences coordonnent un mouvement biphasé ondulatoire. Stories Part 2 murmure alors un rythme doux qui monte et descend avec une certaine fluidité sous les nombreuses facettes du synthé dont la brume musicale reste le principal atout. Nous entrons dans une superbe phase de Berlin School avec une structure de rythme ascensionnel qui délie sa vitesse avec des accords de plus en plus accentués du séquenceur. J'entends encore du Schulze dans les synthés qui laissent partir des cirrostratus sonores. Ces nappes vaporeuses deviennent de plus en plus compactes, répondant à l'accentuation rythmique gravitationnelle. Les solos viennent à partir de la 6ième minute. C'est peu après ça que le séquenceur dribble ses ions sauteurs dans une frénésie qui flirte maintenant avec la violence du England School. Le synthé prend des allures de guitare dans cette phase de rock électronique digne des bons moments de Tangerine Dream dans les années vintage. Un grand moment dans cet album qui remplit mes oreilles de pur bonheur jusqu'à la 18ième minute où les solos fantomatiques du synthé concluent un pacte du silence avec le rythme. Impossible de ne pas faire de lien avec Airsculpture ici!

Les brises creuses, les vapeurs et les bruines industrielles de la finale nous amène vers Stories 3 et de ces cerceaux sonores qui s'évaporent dans une forte rafale de wiisshh et de woosshh. Un battement y subsiste. Sourd, il disparait sous cette immense masse sonore où se met à scintiller une mélodie fantomatique tisseuse de ver-d'oreille par un chapelet d'arpèges mouvant. C'est l'appel du rythme! On arrive à la barre des 3 minutes et déjà le séquenceur cherche quelle composante rythmique à nous offrir. Hésitant, incertain, il finit par déployer un violent galop constitué de vives ruades qui structurent un rythme à première écoute spasmodique. Les synthés multiplient une des zones de brumes sur un chant dystopique argenté et acuité. Nous sommes dans la phase la plus violente de STORIES avec cette structure de rythme qui porte plusieurs formes tonales, dont des rayonnements organiques ainsi qu'une vision parolière, galopant avec intensité sous des solos de synthé aux obsédants airs évasifs. Polyformes dans leurs natures de séduction, ces solos changent de texture harmonique pour échapper des filaments torsadés un brin psychédéliques sur un rythme qui diminue son intensité dès la barrière des 15 minutes franchie. Les derniers soubresauts du séquenceur s'étirent sur une distance de 5 minutes, conduisant Stories 3 dans une finale atmosphérique qui boucle la boucle de cette 3ième partie endiablée de STORIES.

La musique improvisée reste toujours sujette à de longues phases redondantes! Un élément absent de ce nouvel album de John Christian et Adrian Beasley qui a tout ce qu'il faut pour plaire aux aficionados des styles Berlin et England School. Les périodes atmosphériques sont remplies de détails qui croustillent dans l'oreille et s'accrochent à des structures de rythmes latents qui finissent par exploser…parfois avec une séduisante violence.

Sylvain Lupari (25/06/22) *****

Disponible chez Groove nl

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