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Writer's pictureSylvain Lupari

Christian Fiesel Still Waiting At The Gate (2022) (FR)

Updated: Jan 19, 2023

Une petite merveille pleine de subtilités pour les amateurs du genre Dark Ambient

1 When Language Left me and Silence Took my Senses 31:53

2 Still Waiting at the Gate 19:00

3 The Emptiness in the Heart Reflected on a Lonely Canvas 6:11

4 The Creep is Dead 2:34

5 Silently Decaying 19:43

(DDL/CD 79:22)

(Dark Ambient)

Lorsqu'un artiste avise son auditoire, ainsi que ses possibles nouveaux adeptes, que la découverte de son dernier album demande une grande ouverture d'esprit, qu'il ne faut pas l'écouter trop fort et qu'il nous conseille de donner une seconde chance afin de bien le découvrir, eh bien il faut s'interroger. Autant sur Facebook que sur le site Bandcamp de ce nouvel album-téléchargeable de Christian Fiesel sur Cyclical Dreams, le musicien Allemand livre ces commentaires qui nous laisse présager que l'apprivoisement de ce STILL WAITING AT THE GATE sera loin d'être facile. Et il a moitié raison! Ceux qui aiment le genre de musique ténébreuse modulée à partir de drones, bourdonnements des vibrations des synthétiseurs, sont en terrain connu. Même si les structures flirtent avec une vision Dantesque, ils sont plus propices à apprécier un peu plus aisément les 5 structures de ce nouvel album que le label Argentin a décidé de produire, repoussant les limites de Cyclical Dreams loin dans les Terres de l'inconnu. Nous sommes loin de Carnival of the Uninvited ici avec un album où il faut tendre l'oreille attentivement afin de déceler les filons de rythme et de mélodie tissés à partir du néant. Mais il en a! Et quand à ceux qui veulent apprivoiser ce genre musical réalisé sous l'égide de Christian Fiesel, retenez-bien ses 2 premiers conseils. Parce que STILL WAITING AT THE GATE a besoin autant d'attention auditive que l'audace de son concepteur à rendre votre écoute perceptive.

When Language Left me and Silence Took my Senses débute avec un son lointain. Un murmure d'entre les murs d'une vieille abbaye où des moines reclus fredonnent un psaume chtonien. Une onde lugubre se greffe à cette obscure litanie. Son rayonnement irradie une ombre de bourdonnement dont la nature tonale reste à déterminée. Si tout se déroule avec lenteur, le niveau d'intensité affiche ses couleurs aussitôt qu'à la 4ième minute avec des ondes qui crissent dans une zone où la noirceur avale nos sens. Nous entrons dans un territoire de musique ténébreuse ambiante dont les mouvements se font par l'accentuation des ondes de synthé qui se déplacent comme la progression d'un aï sur une route ascendante. Un premier tumulte sonore survient autour de la 9ième minute avec des effets de clapotis qui effectuent des ruades sur une structure dominée par des bourdonnements fredonnés. Le silence fait quelques éphémères apparitions, redonnant de son mutisme à ces lignes de synthé qui déjouent nos oreilles avec des effets de voix entremêlés à des bourdonnements plus légers. Une zone silencieuse chatouille notre ouïe avec un léger feutrement sonore autour de la 15ième minute. When Language Left me and Silence Took my Senses prend une autre tangente une minute plus tard lorsque des accords austères et différentes tonalités de clochettes s'invitent dans cette messe musicale silencieuse. Les deux éléments sculptent une fascinante procession piano/tintement, sculptant ainsi la marche de mal-voyants dans un tunnel bosselé. Cette mini-symphonie exulte son dernier son dans une zone de vents sombres après la 21ième minute. Ces vents mugissent avec des arcs de woosshh qui planent sur des lignes de synthé opalescentes, initiant un ballet astral où deux corps abstraits unissent leurs contraste dans un des beaux moments de ce long titre qui flirte avec les 32 minutes. Un second tumulte sonore perturbe cette improbable valse des sens après la 25ième minute. On dirait des coups de fusil dans une forêt abandonnée! Les brises sombres reviennent cautériser les ambiances avec des fredonnements chantés par des voix dysleptiques. L'intensité réapparait quelques minutes plus loin pour re disparaître et renaitre dans une finale où le silence n'est pas plus victorieux que dans l’ensemble de When Language Left me and Silence Took my Senses.

Still Waiting at the Gate débute par une mince ligne de vents chantant qui se transforme en une lourde nappe de bourdonnements. Jouant sur les contrastes sonores, Christian Fiesel souffle le chaud et le froid en faisant permuter la natures de ces ambiances initiatiques qui s'échangent noirceur et nitescence entre le silence et ses borborygmes pour atteindre le noyau de la perturbation sonore du titre. Les tintements sont à l'origine de cet éveil des sons peu après la 5ième minute. On dirait des petits coups de marteau sur une enclume en verre irisé. Peu à peu, des vibrations percussives, des ondes de bruit-blancs, des arcs de sons enflammés par des tonalités érodées et des hurlements affolés ornent l'évolution de Still Waiting at the Gate qui demande encore plus d'amour que When Language Left me and Silence Took my Senses de par sa nature bipolaire où le sarcasme des sons se fond dans des zones plus séraphiques et dans des phases où l'inverse domine. The Emptiness in the Heart Reflected on a Lonely Canvas souffle comme le courant d'un fleuve tranquille avec un beau maillage de bourdonnements et de murmures paisibles. The Creep is Dead propose une belle ode au mellotron dans une ambiance feutrée. Un beau chant flûté qu'on aime entendre et entendre dans un parfum musical qui rappelle tellement les sombres zones atmosphériques et gothiques de Tangerine Dream. Trop court! L'ouverture de Silently Decaying (décomposition silencieuse) ne peut être plus représentative de l'esprit du titre. Les éléments de composition ont une vision percussive, simulant une cadence abstraite qui se réfugie dans une zone de turbulence sonore statique. C'est un titre audacieux que le musicien-synthésiste Allemand arrime à nos oreilles avec la justesse de son esprit. Même si une petite mélodie diabolique tinte dans le décor et même si des éléments bruitaux structurent un rythme organique venant de loin, la décomposition des sons dans un environnement contrôlé par des bourdonnements et des vents noirs reste la source du titre. De graves accords de clavier s'étendent sur la mouvance d'une nappe de basse vampirique qui bat de façon pulsatoire attire notre attention vers la 12ième minute. Ces battements et la mélodie décomposée sont happés par des agressifs feulements de synthé entre la 16ième et 17ième minute, entraînant le titre dans une finale où le silence a finalement raison de ces bourdonnements qui sont l'essence de STILL WAITING AT THE GATE.

Si le mutisme, le silence des anges noirs possède ses propres éléments de charme, de soumission vers la quiétude abstraite, STILL WAITING AT THE GATE en est la porte d'entrée. La musique est ténébreuse, soit! Mais ses respirations, ses pores du silence qui explosent lentement en bourdonnements qui sont fredonnés par l'inexplicable exposent un plus grand territoire, de plus grandes possibilités à la musique du genre. Beaucoup comme dans Fading out of Sight, il y a beaucoup de beaux moments dans ces instants de turbulence du silence tout au long de cet album très mystérieux de Christian Fiesel qui est devenu une autorité dans l'art d'exploiter l'insondable…pour autant qu'on s'en donne la peine! Une petite merveille pleine de subtilités pour les amateurs du genre Dark Ambient.

Sylvain Lupari (27/07/22) *****

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

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