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Writer's pictureSylvain Lupari

Chronotope Project Gnosis (2021) (FR)

Updated: Oct 19, 2023

Ainsi se développe cette histoire de nos émotions se connectant à la musique de Gnosis

1 Higgs Field, Cauldron of Being 7:20

2 Lethe, the River of Forgetfulness 8:53

3 Eidos, Realm of the Forms 10:22

4 The Still Small Voice 6:20

5 Entelechy, Emergent Order 7:47

6 Myth of the Cave 11:36

(CD/DDL 52:17)

(Ambient Berlin School)

Une ombre de couleur pastel appartenant à l'univers d'Erik Wollo sillonne un paysage ambiant où les clapotis de l'eau appartiennent aux multiples visions féériques décodés par nos neurones. Et lorsque l'onde échappe un soupir acuité, un délicat mouvement du séquenceur fait balancer le rythme comme des mains agiles imitant les vagues sur l'eau. Le firmament de Higgs Field, Cauldron of Being s'emplit de ces lignes qui s'entassent et s'entrelacent dans un magma sonore allant à contre-courant d'un rythme qui flirte avec le modèle Allemand. Le Berlin School! Des cymbales que l'on frotte avec énergie amènent une illusion rythmique après la porte des 4 minutes. Les baguettes dansant agilement excitent la vigueur de ce premier panorama sonique de GNOSIS qu'une ligne de basse d'un violoncelle et des percussions attirent vers un mode plus rock. Higgs Field, Cauldron of Being est un premier titre que j'entends de Chronotope Project depuis Lotus Rising en 2018. Ça fait presque 3 ans que Jeffrey Ericson Allen (JEA) a fermé le robinet de son projet musical qu'il a créé en 2012. C'est un 10ième album pour le musicien de l'Orégon et un 5ième sur le label américain Spotted Peccary. Ce nouvel album de JEA est considéré comme une plongée au cœur du savoir et s'inspire de la philosophie de Platon et d'Aristote, ainsi que de la cosmologie de la physique contemporaine. Un étrange synopsis compartimental qui rend un amateur de MÉ tel que moi tout petit devant tant de savoir. En contrepartie, cet amateur que je suis a apprécié un album coulé dans une belle versatilité rythmique avec un séquenceur complice de diverses percussions manuelles. J'ai aussi bien aimé la grande versatilité d'un album homogène par sa signature musicale, mais non dans son choix polyrythmique. J'ai aussi fortement apprécié la diversité des souffles du synthé Haken Continuum Fingerboard (HCF). Et j'ai par-dessus tout adoré cette influence de la Berlin School, dans le séquenceur comme dans des solos de synthé tout simplement majestueux. Bref, un très bel album où ça ne prend pas la tête à Papineau pour apprécier. En autant qu'on aime la musique! 😊

Dans Lethe, the River of Forgetfulness Chronotope Project a oublié une partie de son style en flirtant avec une vision portée par le violoncelle vers le Jazz acoustique. Le rythme monte et descend sur la magie de doigts souples le torturant de fines caresses. Des accrocs à la vitalité minimaliste du rythme dessinent ce parcourt arythmique, structurant le nid parfait pour pouvoir élaborer des souffles romantiques du HCF qui sculpte ces vents flûtés. Des arpèges y dansent, créant une illusion mélodieuse qui flirte avec le courant de la violoncelle. Parcourant ses presque 9 minutes, le rythme développe une sensation de sensualité astrale dans un univers de musique progressive où les étoiles s'ouvrent comme des boules de musique. Ces souffles magiques deviennent des arabesques sonores qui se défont pour former des lignes contemplatives, s'entrecroisant comme les gracieux mouvements de danseurs atypiques sur le rythme électronique de Eidos, Realm of the Forms. Ici, les formes appartiennent à la dextérité des doigts de Chronotope Project sur le synthé à créer des solos et des airs prismatiques sur une surprenante toile rythmique remuée par le séquenceur et des percussions manuelles ainsi que cette ligne de basse restituée par le violoncelle. Ce très bon titre dans GNOSIS suit une courbe rythmique qui accentue la dominance des percussions tribales, alors que les solos de synthé envahissent des oreilles déjà submergées par une esthétique musicale propre à Spotted Peccary. Si The Still Small Voice ne vous envahit pas de frissons, c'est que vous êtes déjà mort…ou que vous vous êtes trompé de site! Sur un lent mouvement de musique pour film tissé de nappes orchestrales, le Haken Continuum Fingerboard dessine ce genre de mélodie mortuaire qui pourrait faire compétition au célèbre Amazin Grace. JAE souffle le chaud comme le froid en texturant un background sonore de sobriété alors que les complaintes commémoratives deviennent des airs d'une tristesse à faire pleurer un clou! Superbe…avec un Kleenex à la main.

On a peu entendu de bourdonnements (drones) en tant que meneur des panoramas d'ambiances jusqu'ici dans GNOSIS. Ils font une timide apparition dans Entelechy, Emergent Order qui propose aussi une structure de rythme délicatement tambouriné par un séquenceur et animé par les pulsations du violoncelle. Des accords limpides, sonnant comme une harpe, tissent une mélodie évasive dans un ciel peint de bourdonnements. Ces drones se collent à des orchestrations gorgées de voix absentes, alimentant un paysage ambiant dont la douceur initiale se bute à une seconde partie nettement plus passionnée, quoique toujours ambiante de par son ton contemplatif. Myth of the Cave est un titre atone avec une ambiance tibétaine et monastérielle où les vents bourdonnants font vibrer des cloches. Un effet de frayeur du piano et des accords acoustique sont là pour donner un tonus plus noir et blanc aux ambiances de ce titre qui calmement fait ondoyer sa couleur tonale métallique dont les reflets saignent les parois d'une cave de ses pouvoirs neutralisants. Si enjôleur pour flirter avec le fond de sa grotte, Myth of the Cave inverse ses rôles en donnant une vitalité plus angélique à des drones dont l'intensité mange les secondes à son compteur afin de s'agripper à ce piano et ces orchestrations dans une finale cinématographique faite pour donner des frissons.

Pas besoin d'aimer la musique ambiante pour apprécier les 6 chapitres de GNOSIS. Chronotope Project offre assez de diversité qu’on puisse accrocher sur un titre à la première écoute, alors qu’un second titre a déjà lancé ses amarres à charmes. Et ainsi se développe cette particulière histoire de connexion de nos émotions à la musique de cet album. Faut juste souhaiter de ne pas entendre un autre 3 ans avant d’avoir une histoire de Jeffrey Ericson Allen à nous mettre entre les oreilles.

Sylvain Lupari (20/08/21) *****

Disponible au Spotted Peccary Bandcamp

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