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Writer's pictureSylvain Lupari

Chronotope Project Passages (2016) (FR)

Un album fascinant où bat une douce vie mue par des séquences et des percussions sous un ciel profondément sombre

1 Churning the Ether 10:30 2 The Water of Life 9:34 3 Solaris 11:25 4 Moontide 8:40 5 Passages 9:31 Spotted Peccary | SPM-2804

(CD/DDL 49:41)

(Dark ambient music)

Une lointaine brise obscure, sculptée dans du bois, se lève à l'ouest. Son enveloppe sonique grossissant, elle amène une turbulence de séquences limpides qui pétillent en symbiose avec des pulsations saccadées. Tranquillement et hors du néant se forme Churning the Ether. Ici, et dans toutes les 5 sphères de PASSAGES, la flore des sons et leurs propension à changer de formes et de tons appelle la métamorphose des mouvements. Le rythme évolue avec la souplesse d'une plume qui s'oppose à la direction des vents. Et la plume est lourde! Et les vents sont vicieux! Des accords de Sitar et des longues complaintes de souffles acérés (on dirait des chants dans une longue corne ou un Didge d'une autre planète) et de mugissements rauques se disputent les harmonies nébuleuses alors que des percussions Tablas, des pulsations vives et saccadées de même qu'une superbe série de séquences aux chatouillements bleutés redirigent les racines de rythme ambiant vers d'autres déchirements intérieurs. Entre la transe Hindoue et les rythmes de la Terre, Churning the Ether donne le coup d'envoi à un album où Chronotope Project amène sa perception de musique d'ambiances vers une confrontation d'idéologies. Et le son est aussi merveilleux que sa riche palette de tons sombres formé dans les derniers rayons diaphanes. Voici le 2ième album de Jeffrey Ericsson Allen sur le label Spotted Peccary. Et comme avec le très bon Dawn Treader the American musician native of the Oregon displays his non-conventional arsenal of instruments in order to offer a sound narrative of a solitary soul in search of harmony in the middle of chaos and the closed doors of mystery.

Si Churning the Ether fascine par son rythme délicieusement étouffé dans une avalanche de magma de sons et d'éléments ambiants, la suite reste toujours aussi mystérieuse mais diablement plus tranquille. Les clapotis de The Water of Life bercent un délicat ballant d'arpèges qui tissent une harmonie pensive et ses réflexions en suspension. De denses nappes de synthé et de multiples brises ajoutent une dimension très nostalgique avec des chants et des complaintes dont les contrastes ajoutent au poids du spleen. Le doux berceau rythmique de The Water of Life suit une courbe ascendante avec de fins tam-tams qui battent avec une délicatesse éthérée, accentuant tout son contraste. Solaris est un titre dénudé de séquences et de battements. Les vents, leurs chants et leurs lentes litanies évasives coulent tout au long comme le chagrin du procès de notre âme. On peut y entendre quelques arpèges scintiller ici et là. Mais leurs mouvement et leurs éclats sont comme de fausses joies qui se meurent dans les pénombres de nos lourdes introspections. C'est très méditatif et surtout très sombre. C'est comme un voyage tout noir entre ces souvenirs perdus et douloureux de retrouver. Moontide hausse le degré d'intensité des ambiances avec de longues complaintes très musicales qui divisent leurs harmonies pensives entre la passivité de longs bourdonnements et la texture des vents synthétisés. De délicates percussions manuelles attisent le feu des ombres planantes. Ça fait très approche ambiante des panoramas Néo-Zélandais de Rudy Adrian. La pièce-titre est comme ce sentiment d'avoir réussi sa quête. Le rythme est léger et tinte comme une légion de prismes secouée par des vents délicats et dont les reflets amènent vers un état d'hypnose. Les harmonies sont toujours brodées autour de ces brises astrales qui viennent tout droit du monde Tibétain et injectent un souffle de méditation, même dans leurs enveloppes aux antipodes de la sérénité. Je ne suis pas un expert de la musique d'ambiances et/ou ambiante. Je connais Steve Roach, Robert Rich et quelques artistes ici et là qui composent par moments ce style de musique qui était fort prisée avant la confection des rythmes électroniques. Ceci dit, la musique de Chronotope Project, que ce soit dans ce PASSAGES ou encore dans Dawn Treader, apporte quelque chose de particulier au genre avec une approche différente dans la modulation des chants ambiants et des subtiles refontes de leurs phases. Le Haken Continuum Fingerboard et les tam-tams orientaux ajoutent de la couleur aux textures soniques et aux rythmes ambiants que nos sens ne peuvent bouder une écoute très attentive. Pour amateurs de musique ambiante, quoique Churning the Ether et la pièce-titre peut soulever passion et un vif intérêt auprès de n'importe quel amateur de MÉ.

Sylvain Lupari (18/07/16) *****

Disponible au Spotted Peccary Bandcamp


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