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Writer's pictureSylvain Lupari

COLIN RAYMENT: Equilibrium (2022) (FR)

C'est un solide album qui nous réserve autant de charmes que seul Rayment nous a habitués

1 Phases of Equilibrium 15:17

2 Composure in a Dreamlike State 9:47

3 Motion in a Sensory Plane 8:27

4 Counterbalance 6:38

5 Calmness in Symmetry 10:22

(CD-(r)/DDL 50:33)

(E-Rock, New Berlin School)

Avec son Radio Hit qui nous transporte au-delà des rêves dans le dernière partie de Phases of Equilibrium, Colin Rayment transporte l'auditeur dans cette zone où les souvenirs traversent le brouillard de notre subconscient. À vrai dire, le synthésiste Anglais frappe fort avec son dernier opus EQUILIBRIUM! Tellement, que cette séduisante phase de rythme mélodieuse hante, à quelques nuances près, les autres structures de l'album. La découverte de EQUILIBRIUM nous transporte aussi loin qu'aux portes de l'excellent Underwater Sunlight de Tangerine Dream. Notamment par la structure de Song of the Whale qui étend ses souvenirs musicaux dans des variations qui ne parviennent pas à s'éloigner tout à fait de ses parfums tant rythmiques, mélodiques et émotifs.

C'est avec une ouverture qui resplendit les lointains parfums musicaux de The Alan Parsons Project, I Robot, que Phases of Equilibrium accoste nos oreilles. Le rythme qui suit épouse une texture organique avec des élans caoutchouteux qui laissent entendre l'effet d'un dialogue entre ressorts. Une tendre nappe de synthé enveloppe cet élan qui s'appuie dorénavant sur une ligne de basses séquences qui sautille à la hâte. Ce tam-tam électronique structure la première de ce premier titre où les souvenirs sonores de Tangerine Dream dans Near Dark montent à nos oreilles avec la présence d'une guitare électrique. Ses harmonies, comme ses riffs! Plus long titre de ce EQUILIBRIUM,Phases of Equilibrium possède tout ce qu'un rythme électronique entrainant peut offrir. Sa première partie s'évapore dans des arcs de drones qui commencent à bourdonner un peu après la 4ième minute. Des ombres résonnantes, des lamentations spectrales et des vents bourdonnants meublent les prochaines 5 minutes de ce titre qui prend son second envol rythmique 30 secondes après la 9ième minute dans une 3ième partie conçue autour du thème de Stranger Things. C'est 5 minutes de pur bonheur! Une onde sibylline souffle sur l'introduction de Composure in a Dreamlike. La seconde, plus émotive, stimule le rythme du séquenceur qui étend une structure cahoteuse. Une poignée d'arpèges d'un bleu acrylique danse avec ces basses séquences cahotantes dans une structure de rythme sans plancher jusqu'à ce qu'une autre ligne tambourine un rythme pulsatoire soutenu qui devient plus animé. Le rythme est nerveux, on l'entend même chevroter, avec ce maillage d'accords cadencés qui étale ses couleurs percussives de façon à accueillir le chant prismatique du synthétiseur. Comme un architecte des sons, Colin Rayment enjolive cette structure minimaliste d'accords qui dansent entre les harmonies évasives du synthé et les riffs de clavier, stimulant une écoute qui perçoit l'influence du thème musical de cette grande série de Netflix. Idem pour la structure de Counterbalance dont les lourdes et vives oscillations sont matraquées par des percussions qui rebondissent sur le tarmac des peaux. Un autre solide rock électronique dont les vapeurs spectrales du synthé rehaussent le plaisir de l'écoute. Voletant vivement, la structure de rythme de Motion in a Sensory Plane est comme une danse de libellules dont les ailes métalliques s'entrechoquent sur un lit de percussions qui finissent par structurer un bon rock électronique. La force de ce titre réside dans les émotions lancées par la guitare qui, sans joindre l'acuité émotive de Edgar Froese dans Song of the Whale, semble être conçu dans les réminiscences de ce titre. Une perception qui s'attache aussi aux structures de rythme de Motion in a Sensory Plane et Composure in a Dreamlike. Calmness in Symmetry propose une procession ambiante avec des arpèges limpides sautillants qui carillonnent un air divisé entre Tubular Bells et Halloween. Peu à peu, la mélodie se détache de ses premières empreintes pour se gambader comme les pas incertains d'un Bambi sur un étang gelé. Elle scintille ainsi dans cette chancelante chorégraphie lunaire qui développe harmonieusement son intensité, autant rythmique qu'atmosphérique, sous un subtil voile de bourdonnements. Ce voile obscur introduit une ossature de rythme ambiant plus lourd, plus intense dans une finale où les airs spectraux du synthé confirment que le parfait équilibre reste une vague notion qui nous échappera toujours.

Sylvain Lupari (17/08/22) ****½*

Disponible au SynGate Bandcamp

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