“Quelque chose a changé dans sa musique et c'est pour le bien de nos oreilles avides de cette musique en mouvement”
1 360 Transition 11:32
2 High Speed Thaw 11:30
3 Time Lapse Sunset 12:10
4 Synaptic Pruning 5:43
5 Sleep Inertia 5:05
6 Distorted Reflection of a Season 9:19
(CD-R/DDL 55:21) (V.F.)
(Cosmic Rock, Berlin School)
Il s'est passé quelque chose dans la musique de Colin Rayment! Ses rythmes sont toujours fluides, errant entre les espaces ambiants et les rythmes soutenus. Sauf qu'ils sont plus lourds et qu'ils flottent avec grâce. De plus, ils prennent souvent des tangentes qui nous désarçonne tout en nous charmant. Et dernièrement, il a implanté ces voix. Par moments, des murmures comme des complaintes qui compétitionnent avec celles que l'on connait depuis des lunes dans l'univers des voix synthétisées. TRANSITIONAL STATES est un album concept sur le temps. Ces changements imperceptibles à l'œil mais par sur nos émotions entre les saisons et qui sont capté lors de leur transition. Mais je n'arrive pas à atteindre le but, le concept de Colin. Ça donne un album avec une essence plus cosmique que j'aurais imaginé. Mais un puissant album au niveau des émotions ou des charges rythmiques qui me ramènent au Moyen Age. La couleur est verte comme les bois et son essence est aussi sylvestre que spatial. Ceci étant dit, nous avons un splendide album entre les mains où nous sommes certains de rien. Ici, les rythmes, comme les mélodies et les ambiances sont en constant mouvement. Colin Rayment s’assure de nous en mettre plein les oreilles, comme plein l'âme avec des mélodies arrache-cœur soufflées par un synthé et ou des arpèges géniaux.
Et ça débute avec 360 Transition qui nous place dans une forêt de humm où de larges nappes de synthé, légèrement saupoudrées de vapeurs orchestrales, envahissent nos oreilles qui perçoivent parallèlement des roulements de percussions. Un silence céleste prend place avec des accords tombant avec une tonalité de guitare sur un sol musical argilo-humique. Le pouvoir des nappes de synth sibyllines revient hanter ces ambiances avec une force mélodramatique égale aux excursions dans l'Univers de Thierry Fervant. Un gros wooshh est responsable du premier transfert ambiance-rythme de TRANSITIONAL STATES. Ce rythme épouse une forme giratoire oblique. Flottant tout en étant attiré par le vouloir des percussions, il impose une première présence mélodieuse avec un synthé murmurant d'étranges vocalises non humaines et le clavier qui sculpte une très belle mélodie (attention ver-d'oreille détectable ici) dans un fascinant duel rempli d'accords gras et résonnant qui stimule la part de drame et de frissons en nous. Et alors que nos oreilles sont aimantées à cette structure dérivante, une 3ième structure de rythme nous réanime avec des arrangements à donner des frissons. Des arrangements à la Vangelis, avec une touche de Tangerine Dream dans Legend, mais qui ne sonnent pas comme lui. Un très fort premier titre qui illuminera votre part d'âme une fois Distorted Reflection of a Season bouclé. High Speed Thaw propose une ouverture usuelle au genre de MÉ que nous écoutons, avec une ascension de lignes de synthé dont les contrastes font chatoyer les 90 premières secondes. Un rythme chevauchant le vide amène des voix de religieux-ses à fredonner un air ecclésiastique, alors que tintent différentes tonalités d'arpèges et murmurent ces effets de crécelles absentes. Nous avons atteint une phase ambiante riche en effets et en tonalités disparates, nourrissant ainsi nos oreilles pour au moins 4 minutes où tout semble tourner au ralenti. Ce sont d'innocentes arpèges scintillantes qui réveille la bête rythmique. Démuni de son butin, le rythme va plus vite. Des effets percussifs, comme des sabots sur du bois, s'ajoutent à la seconde et courte envolée de High Speed Thaw. Le décor y est grandiose avec une belle voix de sirène enjôleuse qui captive des oreilles déjà occupées à entendre le rythme se défaire de ses percussions et son séquenceur pour faire miroiter seulement ces arpèges illuminant une finale aussi belle que le cœur de High Speed Thaw.
Time Lapse Sunset est le joyau de cet album et sans doute le titre le plus près d'avoir inspiré Igneous. Le titre a besoin de 120 secondes pour secouer son ouverture léthargique avec des pulsations paresseuses qui tournent en rond, ou font du surplace, dans une texture sonore remplie de ces étrangéités musicales qui attendriront notre écoute tout au long de cette nouvelle aventure de Colin Rayment. La 4ième minute s’installe avec un rythme galopant alors que le synthé dessine des lignes écarlates et les fait siffler comme mélodie primaire. Il y a un autre élément dans ce décor. Une voix espiègle et enfantine qui imite le synthé, mais avec un timbre dont la différence est aussi notable que séduisante. Le rythme, chevauchant toujours des plaines imaginaires, prend un second essor un peu après la 6ième minute. Et là nous avons un bon Berlin School où se greffent de bonnes percussions en mode rock progressif et ces voix de sirènes astrales. Modifiant toujours sa vision rythmique, Colin donne un dernier élan, plus tendre et romantique, à Time Lapse Sunset qui nous remplit encore et encore les oreilles de ces sons inexplicables mais oh combien intuitifs sur nos émotions. En tout cas, les miennes! Si vous êtes curieux et vous voulez entendre au plus tôt ce nouveau Colin Rayment, écouté ces deux plus courts titres. Au niveau du rythme soutenu, Synaptic Pruning vous fera entendre ces chants si enjôleurs du synthé. Sleep Inertia est plus près de ce que Colin offrait avec une légère teinte de Tangerine Dream sur un rythme ambiant qui s'emballe avec des percussions rock dans sa seconde partie. Ce sont deux courts extraits qui vous donnent l'heure juste de ce qu'est ce TRANSITIONAL STATES. Un peu plus long, Distorted Reflection of a Season vous rappellera les grandes lignes de ce dernier album avec une vision plus audacieuse qui se greffera à une structure rythmique en 3 étapes. Histoire de compléter son tour de charmes sans bavures, Colin intègre ici quelques surprises sonores, notamment au niveau percussif, qui sauront vous aimanter pour réentendre TRANSITIONAL STATES. On appelle-ça, un piège pour mélomane sensible et intéressé à se mettre de la MÉ complexe, bien structurée et harmonieusement addictive. Gâtez-vous! Depuis 4 jours, j'écoute cet album et Igneous un après l'autre. Du très bon Colin Rayment!
Sylvain Lupari (11/12/20) ****½*
Disponible au SynGate Bandcamp
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