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Writer's pictureSylvain Lupari

CONNECTING SILENCE: Message of Stillness (2019) (FR)

Voici un album qui a autant d'audace que de charmes!

CD1

1 Inside the Willow Circle 5:02

2 Horizon Passage 9:24

3 Inside the Fear Factory 8:23

4 Mother, Are You There? 7:12

5 Air Pockets of Sky 9:52

6 Oxygen Loss 9:49

7 Tumbling Delights 7:31

CD2

8 Drifting in the Haze 6:30

9 Ding Dong 7:17

10 Throat Paintings 5:47

11 Overnight Trip 13:52

12 The Crossing 8:10

13 Returning Home 5:50

14 Purple Spirit 7:47

(2CD 113:01)

(Experimental electronic, Soundscapes)

C'est avec des pépiements de moineaux, égayant un matin ensoleillé, que MESSAGES OF STILLNESS infiltre mes murs. Le ton est morne, contrastant avec ce possible soleil qui fait chanter les oiseaux. Les notes de piano qui tombent sont comme ces roches qui nous crèvent les yeux en sortant de notre âme. L'air est pesant, malgré cette rosée. Le saxophone libère les joues nostalgiques de Johan Van Den Abeele, qui a déjà joué avec Symbian, alors que les ambiances d'une rue devenant active se font entendre dans le background de Inside the Willow Circle. Les oiseaux continuent de s'égosiller, tandis que le duel entre le piano et le saxophone est comme un drame qui se joue chacun de son côté. Chacun ayant sa perspective. Voilà bien un album qui a autant d'audace que de charmes! Fraîchement débarqué de la maison de production Belge Wool-E-Disc, cette collaboration entre Joost Carpentier, synthés-claviers, et Johan Van Den Abeele aux saxophones à tout des allures d'une rencontre entre Vangelis et Kenny G dans les ambiances de taciturnités et de mélancolies qui flirtaient derrière le drame de Blade Runner. C'est dans un somptueux emballage digipack contenant un livret-photos de 14 toiles que l'artiste Bernadette Mergaerts a soigneusement sélectionné afin que chacun des tableaux correspondent aux ambiances de chaque titre que niche la belle musique de Connecting Silence. Une MÉ plus ambiante, et propice à dormir, qu'entraînante et propice à danser. Disons qu'il s'agit d'une production top nickel qui est par contre entachée par des fade-out un peu ratés. Surtout sur le premier CD. Mis à part ce détail qui me froisse toujours un peu les oreilles, la musique est incroyablement belle, triste par moments et intenses en d'autres instants.

Horizon Passage fait partie de cette liste de titres où l'approche électronique éclipse la vision acoustique du duo Belge. Ici, des vapeurs de réverbérations perturbent le sillage de mélancolie versé par les harmonies en boucles du saxophoniste qui multiplie ses brises teintées de nostalgie dans un décor qui lui est sien. Inside the Fear Factory propose un duel piano et saxophone dans un environnement industriel, alors que Mother, Are You There? fait éclater des bulles métalliques dans un concerto de stridulations. Sans surprise, la musique se coud avec ces polars noirs qui nous viennent des terres Scandinaves. Ici, comme dans Air Pockets of Sky où Joost Carpentier étend ses ombres flottantes afin que ses perles pianotés défient une belle mélodie tendrement recouverte par un saxophone distant. Oxygen Loss respecte les panoramas sonores dramatiques qui jalonnent la première phase de MESSAGES OF STILLNESS où de sourdes explosions ajoutent cette dimension de fin de tout qui filtre à travers les poésies sur notes accablées des deux musiciens. Entraînant et créatif, Tumbling Delights termine le premier CD avec up-beat légèrement brodé dans une structure évoluant discrètement.

Le deuxième CD poursuit là où Tumbling Delights avait terrassé nos oreilles endormies. La musique débute avec des tintements qui se fondent aux effets de boucles du synthé, plus dominant dans la seconde partie, attendant un rythme de danse des années 90. Les éclats de piano dominent les ambiances, autant que ce maillage entre synthé et saxophone qui nous amène dans une dimension plus éclatée autour de pulsations percussives résonantes. Ça doit être ça la dance-music du futur! Comme The Crossing, Ding Dong nous ramène aux sombres ambiances du premier CD avec un saxophone hyper-sensible et un piano presqu'oublié dans ce torrents de larmes. Ce piano, aussi rêveur que celui de Jackson Berkey comme aussi intuitif que George Winston, parvient à rivaliser de tendresse avec un saxophone un brin flûté. Craquements de chaînes, effets de réverbérations sordides et lignes de synthé remplies de gaz endormant; l'introduction de Throat Paintings répond un peu à la vision que l'on peut se faire derrière les vitres embuées du titre. Nous sommes dans un genre de suspense teinté d'horreur ici. Overnight Trip exploite une longue structure avec une fascinante progression entre ambiances non-existentielles et asiatiques avec la présence d'un sitar, ou d'une harpe, imité par les richesses du synthé. On entend des froissements derrière les gémissements du saxophone qui peu à peu deviennent de fascinantes pulsations glauques tombant avec la précision d'un métronome dysfonctionnel. Ce maillage se transforme en une superbe musique lounge improbable, et plus tard en Électronica acoustique. Un gros titre sur MESSAGES OF STILLNESS! Ce second CD se termine dans la pure mélancolie avec les tranquilles Returning Home et Purple Spirit, même avec ces boucles et effets d'écho qui sont plus dans le territoire électronique que musique pour se coucher la tête sans brume.

Supportant avec noblesse le poids de son audace, MESSAGES OF STILLNESS ne devrait avoir aucune difficulté à écouler ses 300 copies. La présentation est égale à la qualité de la musique et honore les dirigeants de ce label Belge pour qui rien ne vaut plus cher que l'art et la façon de l'exprimer. Un album à découvrir qui est idéal pour un dimanche matin ou pour une soirée entre amis à l’orée d'une lumière tamisée.

Sylvain Lupari (14/12/19) ***¾**

Disponible au Wool-E-Disc Bandcamp

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