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Writer's pictureSylvain Lupari

Ian Boddy: Slide (2009) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

C'est un superbe album qui ravit du premier au dernier souffle avec toute la poésie futuriste de Ian Boddy

1 The Probability of Doubt 7:14

2 Lost and Found 5:46

3 Slide 6:57

4 Tourmaline 7:40

5 A Moment of Gliss 3:43

6 Yesterdays Memories 7:38

7 Mechamystical 5:27

8 Troubadour 5:01

9 The Possibility of Existence 6:38

(DDL 56:23)

(Ambient, Electronica, Berlin School)

Bienvenu dans l'étrange monde de Ian Boddy. Le fondateur de DiN Records est à la MÉ ce que Tim Burton est au cinéma, soit la finesse de l'art contemporain avec de fantastiques clins d'œil à la vétusté des œuvres maîtresses. Pourtant, Ian Boddy est loin d'être un novice sur la scène de la MÉ. SLIDE est déjà son 16ième album solo, lui qui a réalisé des œuvres avec Robert Rich, Mark Reuters et Mark Shreeve pour le très Berlin School duo Arc. SLIDE pour glisser, coulisser. Mais aussi pour la musique qui coule comme sur une guitare slide ou plutôt un synthé slide. C'est un superbe album d'une musique audacieuse qui plaira autant aux amateurs d'une MÉ contemporaine que de Berlin School, car Ian Boddy transcende les 2 mondes avec une étonnante approche sur des cadences inattendues et aussi limpides que les roches qui escarpent les torrents. Des rythmes truffés d'un synthé aux ondulations légatos qui ensorcèlent dans un univers stigmatisé par l'utilisation massive des ondes Martenot, composant la presque totalité d'un album aux incantations éthérées.

Pourtant c'est bien timidement que démarre SLIDE avec The Probability of Doubt et ses gongs tibétains. Une intro ecclésiastique surplombée d'un enveloppant synthé mellotronné dont les strates épousent la pieusité du moment. Des strates qui se font menaçantes et dont les lamentations spectrales ondulent sur un tic-tac débalancé, épousant timidement une sonorité de chaines qui accompagne la marche nocturne des fantômes. Poursuivant sa démarche spectrale, Lost and Found débute avec des ondes Martenot qui font office de lamentations ectoplasmiques sur une structure qui s'anime avec des cymbales papillonnées et un synthé aux souffles d'une guitare qui coule sous des percussions aux effets gutturaux où des phases harmonieuses se glissent avec enchantement. Lorsque qu'on parle d'étrangéité! La pièce-titre débute avec des percussions qui claquent comme les ailes d'une libellule sur un synthé ondoyant et une basse ondulante. C'est un beau titre, celui qui accroche le plus dès la première écoute, avec son crescendo ascensionnel sur des ondes spectrales et un rythme se transformant en un doux techno. Délicieux! Tourmaline offre une course effrénée qui débute d'une façon débonnaire. Une séquence hyper nerveuse dessine une cadence névrotique qu'un synthé enveloppe d'une tendresse morphique. Mais le rythme persiste et se déchaîne sous un synthé mellotronné, une mélodie accrocheuse et une séquence ondoyante à la Berlin School torpillée d'effets sonores hétéroclites. Un très beau titre qui est à l'image du monde musical de Ian Boddy et qui plaît dès les premières mesures.

Après le soporifique A Moment of Gliss, qui étale ses ondes Martenot tel une mouette prise dans une turbulence éolienne, Yesterdays Memories nous entraîne dans l'univers rythmique de Arc avec une bonne séquence hésitante et lourde accouplée à un synthé fébrile aux accords sautillants. La lourdeur atmosphérique du duo Anglais est présente avec ces échos réverbérants qui masquent de fines percussions xylophonées et des cymbales aux tsitt-tsitt technoïdes qui tanguent avec un synthé aux ondes spectrales. D'ailleurs Yesterdays Memories est le début d'une section musicale plus animée, démontrant la passion des rythmes insolites et novateurs qui habite Ian Boddy. Bâtit dans le même moule, Mechamystical est plus léger même avec ses lourdes percussions résonnantes qui fluctuent irrégulièrement sous un synthé aux ondes apocalyptiques. Un synthé qui délaisse son côté spectral pour offrir de bons solos sur une cadence devenu plus limpide. C'est un peu comme dans Troubadour qui offre en contrepartie une cadence plus névrotique sous une avalanche de notes qui déboulent à travers un synthé très lyrique. Un titre nerveux avec un rythme spasmodique et une pulsation lourde qui oscille entre la techno et le disco, mâché par un synthé frondeur aux ondes spectrales qui virevoltent innocemment dans une rythmique martelante. The Possibility of Existence est le calme après la tempête rythmique entamée par Yesterdays Memories. Un beau titre ambiant où les ondes spectrales Martenot refont surfaces, telles les lamentations de baleines repues et sereines dans le bleu noir d'un océan de tendresse. C'est une très belle façon de conclure un superbe opus étonnement surprenant qui se délecte du premier au dernier souffle avec toute la poésie futuriste de Ian Boddy. À se procurer!

Sylvain Lupari (17/12/10) *****

Disponible au DiN Bandcamp

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