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Writer's pictureSylvain Lupari

Martin Stürtzer Cosmic Echo (2023) (FR)

La musique nous plonge dans un univers sonore qui s'écoute sans s'ennuyer

1 Portal to Eris 6:50

2 Cosmic Echo 8:36

3 Orion Constellation 8:22

4 Comet Tails 9:46

5 Protoplanetary Nebula 8:03

6 Solar Vortex 13:20

7 Stellar Resonance 8:08

(CD/DDL 63:05)

(Cosmic Ambient Berlin School)

Douillet et gambadant avec cette légèreté de sautiller sur un nuage, le rythme de Portal to Eris fait vibrer ses arpèges sauteurs dans les résonnances des lourdes expirations d'un synthé au timbre métallique. À la fois cadencée et musicale, la basse croasse et étend aussi un vélum de lourdes réverbérations où fredonnent par moments des voix absentes. Les séquences aiment se multiplier en créant des diversions rythmiques avec des arpèges qui sautillent en alternant couleurs et formes et en nuançant les inflexions d'un rock électronique cosmique qui est idéal pour faire relaxer les neurones. Le panorama se remplit d'effets cosmiques, de sillons d'étoiles astrales et de pépiements d'un univers qui nous est coutumier, de même que ces effets réverbérants des nappes de synthé qui jouent sur les nuances d'un drame ambiant. Portal to Iris donne le ton à COSMIC ECHO, la nouvelle et 4ième aventure cosmique, dont 2 qui ont paru dans sa subdivision Exosphere, de Martin Stürtzer sur le label américain Synphaera Records. La musique s'inspire largement des ambiances de l'album Relativity avec une panoplie de rythmes ambiants dont les bases se métamorphosent à l'intérieur des titres. Le séquenceur est aussi alerte que créatif en ajoutant, en soustrayant et/ou en fusionnant des textures où rythme pur et mélodie cadencée inversent leur rôle comme leur dominance. Ces structures légèrement alambiquées plongent nos oreilles dans un savoureux univers de Berlin School cosmique.

Un, un-deux, un-deux-trois! Ce sont des pulsations minimalistes qui étendent leur texture caoutchouteuse dans la brume astrale qui initie la pièce-titre. Cette première structure de rythme passe en arrière-plan dès que des séquences vêtues de cette étrange couche de caquetage à la Robert Schroeder se mettent à sautiller de façon maladroite. Cette fusion de rythme pur et de celui plus organique façonne une étonnante symbiose jusqu'à ce que le séquenceur ouvre le robinet pour laisser couler un flux rythmique plus harmonieux. Le synthé jette une ombre mélodramatique sur ce rythme hypnotique qui s'échoue sur un passage atmosphérique pour se relancer dans une seconde phase aussi éthérée que la première partie de Cosmic Echo. Construit en mode rythmes polymorphiques, Orion Constellation propose la structure de rythme la plus sophistiquée de l'album avec une mélodie rythmique en arrière-fond qui nous rappelle les années 70 de Tangerine Dream. Cette mélodie roule en boucles dans les textures d'un séquenceur qui amplifie ses modulations, donnant l'impression que le rythme avance et recule entre les oreilles. Les bourdonnements et les jets de sons acryliques des synthés créent un panorama cinématographique qui tangue entre le drame et la science-fiction. Un des gros titres de ce COSMIC ECHO! Séquences résonnantes aux oblongues enjambées vampiriques, Comet Tails propose une structure qui fait travailler plus les neurones que les pieds. Son rythme est lent et oscille entre des points très espacés, allant bien en-dessous d'un downtempo morphique. Sa résonnance caoutchouteuse et sa texture d'ogre affamé, de même que ces filaments de rythme entrecoupés qui vont et viennent, lui donnent un cachet particulier. Outre les effets sonores inhérents au genre, le synthé libère des ondes évanescentes qui scintillent et se désagrègent dans une structure de musique cosmique un brin apocalyptique.

C'est l'écho du séquenceur et de sa cadence qui remplit la flottante ossature rythmique de Protoplanetary Nebula. Le rythme accentue sa vélocité tonale, dans un mouvement de va et vient bourdonnant, sans jamais déborder de son cadre ambiant. Un peu comme partout dans l'album des effets réverbérants torsadés comme des queue de cochons vibrionnent ici et là, alors que les ambiances sont remplies par une brume ronronnant. Des jets de sons multicolores, des stries iridescentes et des accords en dérive illuminent une nappe de synthé qui ronronne sourdement dans l'ouverture de Solar Vortex. Titre qui propose une évolution autant rythmique que harmonique en 3 phases, le niveau de ses ambiances épouse une forme de vélocité musicale qui atteint son point culminant lorsque les accords se regroupent en un schéma plus mélodieux, un peu après la 3ième minute. Ces arpèges se mettent à papillonner dans une séquence de rythme où les ions moirés alternent leurs sauts dans un mouvement stationnaire qui n'est pas sans rappeler la texture mélodieuse de Orion Constellation. Une ligne de basses séquences entraîne ces arpèges dans une structure de rythme dont les lentes ondulations accueillent une structure de mélodie cadencée autour de la 6ième minute. Le rythme prend une légère accentuation alors que le synthé complète le panorama cosmique de Solar Vortex avec des solos qui rayonnent et fredonnent discrètement. Vivant sur des tintements plus limpides de ses séquences, Stellar Resonance termine COSMIC ECHO un peu comme Portal to Eris l'avait débuté. Le titre est cependant plus musical et plus accentué sur une approche cosmique avec plus d'effets sonores liés au genre. Si son rythme est aussi lent, il est aussi plus séduisant avec ces filaments évanescents qui avancent et reculent entre les oreilles.

Martin Stürtzer est devenu une valeur sure dans les sphères de la musique électronique (MÉ) moderne. Ses nombreux albums sont le reflet d'une belle créativité qui souvent tourne sur une exploitation massive du séquenceur. Il crée ainsi des dimensions polyrythmiques et polymorphiques qui plaisent aux aficionados d'une musique cosmique propulsée par des rythmes qui nous font flotter dans ce cosmos situé dans la galaxie de nos neurones. COSMIC ECHO regorge de ces rythmes aux textures élastiques qui flirtent avec une séduisante approche organique. Bref, un univers sonore au cent merveilles qui se découvre et s'écoute autant que désiré sans se lasser.

Sylvain Lupari (10/07/23) *****

Disponible au Synphaera Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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