“Elektro-Technology est construit autour de nombreux rythmes énergiques bourrés de séquences, percussions et de superbes solos de synthés. C'est une excellent England School”
1 Perelandra 9:10 2 Dark is Rising (Sequence) 10:16 3 Terradyne 10:22 4 Escape Sequence 3:32 5 Dr. Brain Freeze 5:20 6 Vectorsonic (Theme) 4:06 7 Hail to the Kings 9:16 8 Vectorscope 5:40 9 Elektro-Technology 7:06 10 Total Eclipse of the Sun 2:36 Xan Alexander Music
(DDL 67:26) (Driven based sequence England School)
Avec ses titres courts et son approche très rock électronique, ELEKTRO-TECHNOLOGY possède tous les ingrédients pour plaire aux amateurs d'une MÉ vivante, lourde et surtout très Anglaise. Alors que l'aventure de Tangerine Dream s'essoufflait dans les campagnes de Seattle, un mouvement Anglais de MÉ émergeait avec des pionniers, reconnus aujourd'hui comme tel, en les personnes de Mark Shreeve, Ian Boddy, Andy Pickford et John Dyson. La musique était lourde, surtout celle de Shreeve et Pickford, et très énergique avec une utilisation massive de séquences et de percussions, donnant ainsi un son très rock, moins rock cosmique, à une MÉ toujours inspirée par les belles années de Tangerine Dream. C'est exactement le menu que nous sert Xan Alexander avec ce percutant ELEKTRO-TECHNOLOGY qui vous fera bondir de votre chaise plus d'une fois. Xan Alexander est un personnage très connu dans le milieu underground de la MÉ Anglaise. Il est la moitié du très prisé duo de Yorkshire, The Omega Syndicate, en plus d'œuvrer avec son bon ami, et éternel fan de la musique de OS, Steven Humphries dans le projet Magnetron. Parallèlement, cette vrai bibitte de studio a produit une dizaine albums en solo qu'il a mis sur Bandcamp en Juillet 2013. ELEKTRO-TECHNOLOGY est son dernier album solo, son 10ième en fait, et comprend une collection de titres composés entre 2010 et 2015. C'est une MÉ vivante, claquée sur les modèles de Mark Shreeve et Andy Pickford, avec des solos de synthé, des effets électroniques et des rythmes qui nous font regretter ces années d'or de la MÉ Anglaise.
Et ça débute avec une étrange onde nasillarde qui s'étire en une sirène apocalyptique en manque de souffle. Une lamentation de 30 secondes avant qu'un mouvement de basse séquences s'échappent entre les pales d'une hélice pour faire bondir ses ions qui s'agglutinent dans leurs ombres. Des effets électroniques pimentent le rythme de Perelandra où les séquences bondissent et alternent dans un parfait désordre synchronisé. Le mouvement est vif, noir et lourd! Les élytres des cymbales pépient alors qu'un synthé étend un voile de voix brumeuse qui flotte comme un chant errant sur une structure qui s'anoblit avec des nappes flottantes et de sobre percussions électroniques. Des nappes de synthé plus lumineuses injectent ces doux parfums de nostalgie qui éveilleront des souvenirs de Mark Shreeve dans son album Assassin. Un synthé qui se fait plus musical avec des nappes qui échangent leurs teintes pour des solos tissés avec harmonie, alors que le mouvement des percussions et séquences empruntent les voies rythmiques de Chris Franke. Et là, les riffs de claviers et les nappes de synthé qui tombent éveillent les souvenirs du Dream, périodes de White Eagle à Hyperborea. Il est impossible de dépeindre la musique de Xan Alexander, à tout le moins celle sur cet album sans faire de liens avec celle des artistes précités plus haut. La majorité des titres, sauf pour le très ambiant Total Eclipse of the Sun (200315) sont calquées sur le modèle Perelandra. Certes il y a des approches d'un genre très synth-pop Anglais avec les arômes parallèles de Vectorsonic (Theme) et sa sœur Vectorscope. Mais pour le reste, Xan Alexander dévisse nos bouchons de cérumen et délie nos doigts, parfois nos orteils, avec des rythmes énergiques arqués sur de bonnes séquences basses ainsi que de juteuses percussions électroniques. Les rythmes sont ornés de synthé aux solos charmeurs, de mélodies accrochantes et d'effets électroniques qui lient toutes les frontières. J'accroche tout de suite à Escape Sequence qui nous plonge dans les années Flashpoint avec une nuée de séquences qui gambadent et scintillent dans de noirs ronflements. Entre le synth-pop et la MÉ de style England School, Dr. Brain Freeze offre un rythme plus souple, plus harmonique avec de superbes solos de synthé. C'est le genre de truc qui accroche dès la première écoute. Après cela, on tombe dans du complexe! Dark is Rising (Sequence) propose une intro très lugubre, très genre film de peur, avant de tomber sur une structure de mutation rythmique. Il y a des séquences vives, avec leurs ombres métalliques qui papillonnent dans le vide, et d'autres plus sournoises qui ondulent dans les réverbérations des lourds riffs de guitare et de clavier. Les percussions qui viennent chamboulent une structure de rythme qui devient hachuré, stroboscopique alors que les nappes de synthé et les solos de guitare étendent une aura de folie gargantuesque qui fait déraper la raison. C'est du grand Shreeve au sommet de son Legion. Et ce n'est pas terminé! Terradyne poursuit dans la même veine en offrant du rythme complexe, inspirant et inspiré. Le synthé et le clavier dessinent des harmonies diaboliques qui tombent avec autant de fracas que les caresses morbides des voix feutrées par un voile sibyllin. C'est du bon rock électronique. Juste assez complexe pour éviter l'ennui, avec des bonnes séquences, des bonnes percussions et des bons synthés. Idem pour la pièce-titre qui borde un peu les territoires technoïdes dans un univers cinématographique. C'est assez musical et ça me fait penser à du Paul Lawler, tout comme Hail to the Kings qui est le titre le moins sombre de ELEKTRO-TECHNOLOGY. C'est très orchestral avec des nappes de synthé aux saveurs de violons qui mélangent le miel des flûtes dans de suaves mélodies éthérés sur un rythme nourri de séquences nerveuses, de pulsations laconiques et de tsitt-tsitt métalliques. Xan Alexander amène l'auditeur à un autre niveau avec une MÉ lourde, très vivante et tout de même assez mélodieuse.
L'univers de ELEKTRO-TECHNOLOGY est nourri de rythmes énergiques qui sont truffés de nuances, de séquences aux tonalités hybrides et aux bonds aussi aléatoires que symétriques ainsi que de superbe solos de synthé avec des incursions de guitare qui donnent un aspect très rock à une musique déjà enflammée. J'ai adoré cette sensation de me replonger dans les années 90 où la scène Anglaise ajoutait une approche de rock sans compromis à du rock cosmique qui s'écartait un peu de sa Voie Lactée. Très bon!
Sylvain Lupari (24/04/15) ****½*
Disponible au Xan Alexander Bandcamp
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