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Writer's pictureSylvain Lupari

CRAIG PADILLA & ZERO OHMS: When the Earth is Far Away (2012) (FR)

When the Earth is Far Away est un album où les éléments astral et terrestre communiquent dans une enchanteresse symbiose séraphique

1 When the Earth is Far Away 5:09 2 Timelessness 16:45 3 Strange Storms 4:43 4 Blue Distance 12:16 5 Dream Travel 6:51 6 Terraforming 18:01 Spotted Peccary | LSM26

(CD/DDL 63:45)

(Ambient Music)

Imaginer un endroit où vous pourriez vous recueillir en toute harmonie avec la quiétude des vastes espaces harmoniques. Un endroit unique où dès que l'on y met les oreilles un torrent de sérénité bascule nos craintes et apaise nos peurs. Un concert pour Éole et ses sbires, WHEN THE EARTH IS FAR AWAY voyage sur les ailes de la contemplativité avec des remous célestes qui perturbent les fluides de nos émotions troubles. Cette seconde collaboration Padilla/Zero Ohms (la 1ière étant Path of Least Resistance en 2005) est d'une douceur onirique à couper tous liens avec ce qui nous entoure. C'est une magnifique ode à la tranquillité où les ambiances tétanisées par une douceur angélique transportent l'auditeur dans des espaces encore vierges. Là où la mer embrasse le ciel. Là où l'espace veille sur notre sort.

Des brises venant d'horizons lointains soufflent sur les doux reflets d'une eau subjuguée par tant de douceurs alizées. La magie de Zero Ohms (Richard Roberts) opère dès l'ouverture de la pièce-titre. L'enfant d'Éole distribue les cadeaux de son père spirituel avec une panoplie de vents qui soufflent de toutes directions, caressant les délicates et discrètes lignes du synthé morphique de Craig Padilla. L'ambiance est d'éther. Une douce sensation dormitive et contemplative nous transporte jusqu'aux portes de l'abandon avec ces brises angéliques qui embrassent les phases cosmiques pour nous conduire à l'orée de Timelessness. Ce long titre a beau être d'une étonnante passivité que l'on est séduit par ses brises irisées qui parfois empruntent des intonations vocables ou des souffles d’âmes perdues, effleurant de délicats carillons qui tintent et chantent de leurs sonorités mielleuses les délices d'un univers de quiétude. Une immense sensation de sérénité nous enveloppe avec ces lignes de synthé dont les chants célestes épousent les courbes des diverses flûtes mistrals de Zero Ohms. L'union est tant séraphique que cosmique. Et malgré la quiétude des mouvements, on sent l'emprise de ces ondes astrales qui rôdent dans le vide à l'affût du moindre mouvement et du moindre souffle égaré afin d'y accrocher des miroirs dont les reflets scintillent dans un univers perdu. Et les vents (d'Éole ou de Poséidon?) raisonnent la désillusion, accentuant leurs forces passives pour dessiner les odes éoliennes de Strange Storms qui ulule comme des sourds chantant leur dévotion dans un désert sans sécheresse. Et tranquillement, cet envoûtant ballet mistral se transporte jusqu'à Blue Distance et ses voix qui bercent la tranquillité sur des vagues qui roulent dans un océan céleste. Nous sommes à la croisée de M'Oceans et de Chronos de Michael Stearns avec des chants astraux qui flottent autour de délicates sphères violonées et flûtées. Les émotions courent sur notre peau. Et les sens en repos on plane avec cette merveille de délicatesse cérébrale. Les chants des flûtes de Zero Ohms percent le silence des mouvements zodiacaux alors que de douces réverbérations planent sur le confort d'un Serengeti stellaire. Les premières turbulences de WHEN THE EARTH IS FAR AWAY se présentent à l'embouchure de Dream Travel. Ce sont des brises flûtées qui roulent sur leurs harmonies, créant un fascinant remous d'aquilons qui ondulent comme des nuages poussés par les vents. Cette série de boucles intemporelles fusionnent en un rythme passif dont la tranquillité nous rive au silence alors que surgit un concert de flûtes aux tonalités perçantes, signifiant la fin de Dream Travel qui tranquillement déverse son flot de spasmes lyriques vers Terraforming. Les espaces bleus se fondent en une fine ligne d'horizon terrestre où les brises de flûtes rêveuses et les chants d'un synthé passif sillonnent les territoires arides de Steve Roach. L'intro, nébuleuse et éthérée, emprunte les corridors aériens de Blue Distance. Et c'est d'une approche méditative à nous couper du reste du monde, surtout lorsque nos oreilles sont enveloppées d'une paire d’écouteurs. Encore là, les liens avec Michael Stearns sont intimement présents, surtout lorsque qu'un ruisselet de perles séquencées agite les reflets d'un latent rythme cristallin vers la 10ième minute. Ces séquences s'affolent sous le couvert de la tranquillité sans pour autant s'échapper. Ce n'est que 3 minutes plus tard que leurs sourds battements frénétiques accouchent d'un rythme spiralé qui escalade une courte arabesque astrale, conduisant l'auditeur vers les douces vagues et les légers clapotis d'une eau qui cherche le réconfort des brises de Zero Ohms.

Caressé par les influences d'un monde musical qui s'abreuve des océans et se nourrit des soupirs cosmiques, WHEN THE EARTH IS FAR AWAYest un album où les éléments astraux et terrestres communiquent dans une enchanteresse symbiose séraphique. Et comme les sternes de mer, nous ne pouvons que contempler l'enveloppante sérénité qui se dégage de cet album où la finesse de ses structures oniriques enchante avec des lignes d'une incroyable sensibilité. C'est très beau et c'est aussi très calme. Et c'est surtout très musical et lyrique. C'est comme dormir sur un lit de nuages à la belle étoile.

Sylvain Lupari (12/11/12) *****

Disponible chez Spotted Peccary Music

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