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Writer's pictureSylvain Lupari

CREATE: We live by the Machines (2010) (FR)

Celui-ci flirte avec un Berlin School sombre et corrosif dans une approche apocalyptique

1 Portal 23:03

2 We live by the Machines 6:45

3 Fanfare of Dreams 9:50

4 Somewhere in the Distance 5:17

5 Running out of Time 8:07

6 Search and Rescue 21:51

(CD/DDL 74:55)

(Dark ambient Berlin School)

Voici le dernier album studio que Create a enregistré avant son aventure avec Magnetron. Et c'est dans l'utilisation massive des nouvelles technologies des communications que Stephen Humhpries a puisé son inspiration pour la conception de WE LIVE BY THE MACHINES. Un album aux émotions torturées et aux structures déchirées entre le monde obscur de ['ramp] et le corrosif univers de Air Sculpture, il respecte la robotique et la cybernétique des révolutions technologiques avec des structures minimalistes et hypnotiques qui sont plongées dans des ambiances glauques et spectrales où les synthés particuliers de Create sillonnent la vallées d'un monde obnubilé par l'évolution des machines.

Portal est une typique intrusion dans l'univers mystérieux et ténébreux d'un sombre Berlin School. Un long titre où les phases minimalistes prédominent, Portal débute son lent déploiement spectral avec une intro truffée de sonorités éclectiques. Une fine onde de synthé perce le vide, ondoyant et sillonnant dans un paysage sonore où des chants de baleines intersidérales frayent dans un univers électronique mécanique. Des souffles de synthé, tantôt saccadés et tantôt morphiques, s'enchevêtrent dans une faune sonore hétéroclite où des serpentins spasmodiques tombent du néant pour nourrir une lourde ambiance de mystère. Une séquence aux frappes alternantes émergent de ce dense voile métallique vers les 4:30 minutes. Elle gambade et se dandine sous les ondes giratoires d'un synthé apocalyptique et sous une épaisse brume d'un mellotron nasillard. Ce rythme minimalisme et pulsatif évolue avec des accords plus tranchants et avec l'ajout d'une autre ligne séquencée plus limpide vers la 7ième minute, donnant plus de relief à ce mécanisme du séquenceur qui est assez robotisé et qu'une ligne aux arpèges cristallins rend encore plus mélodieux. Des solos à la signature unique à Stephen Humhpries défilent en boucle et s'entortillent autour de ce rythme furtif déambulant en saccade sous une dense brume métallisée. Ce rythme continue sa marche minimaliste jusqu'à la 15ième minute, là où la séquence s'isole et pénètre une zone ténébreuse avec des chœurs chtoniens qui chantonnent sous cette intrigante brume mellotronnée, alors qu'une autre séquence plus limpide y danse maladroitement jusqu'à la finale. Ces rythmes erratiques qui progressent subrepticement dans des ambiances sombres sont la base des structures minimalistes de cet album. Certes il y a la pièce-titre qui est un genre de groovy-loopy-reggae électronique, un peu dans le style de Weird Caravan que l'on retrouve sur Dig It de Klaus Schulze. Le rythme sautille sur une bonne ligne de basse aux notes qui ondulent lourdement. Il est plus rond, plus doux et moins digital, en plus il regorge de belles nappes de synthé légèrement saccadées et de suaves souffles flûtés.

Fanfare of Dreams nous ramène dans l'univers sombre et corrosif de Create avec une séquence qui avance à pas de loups. Des accords lourds, saccadés et résonnants progressent d'une démarche furtive sous de sombres solos torsadés et une fine ligne qui tournoie tel un carrousel limpide confèrent au titre une approche patibulaire et diabolique digne d'un bon film de suspense ou d'horreur. Ceux qui apprécient l'univers glauque et minimalisme de John Carpenter seront charmés par ce titre, tout comme le mystérieux et spectral Somewhere in the Distance. Running out of Time est un long mouvement atonal où strates et souffles de synthés spectraux ululent autour d'un tic-tac hypnotique. Appuyé de ce seul mouvement rythmique, mais animé par les impulsions d'un synthé aux sonorités hybrides et intrigantes, le titre nous amène aux portes de l'étrange introduction de Search and Rescue qui n'est pas sans rappeler les mouvements ambiants et déroutants de Tangerine Dream dans sa période psychédélique et même avec Force Majeure. Peu à peu les souffles métallisés se dissipent pour faire place à cette brume mystique qui enveloppe le cœur des machines dans WE LIVE BY THE MACHINES, alors qu'une pulsation moule une première ébauche rythmique. Un rythme qui sera subdivisé par un autre mouvement séquencé plus limpide, des accords zigzagant et d'autres pianotés sous l'égide de solos de synthé aussi distordus que menaçants qui cisèlent et sillonnent cette brume perpétuelle régnant tout autour de cet album Un peu comme cette brume provenant des explosions qui ont dessinées la fin des temps dans Terminator, un film ayant d'ailleurs inspiré cet album de Create. Fidèle à lui-même, et ce même si ses titres sont de longues explorations minimalismes, le synthésiste Anglais reste toujours aussi intrigant que la morsure de ses synthés.

Un point de rencontre entre ['ramp] et Air Sculpture, WE LIVE BY THE MACHINES est un album de MÉ qui flirte avec le style Berlin School sombre et corrosif avec une belle approche apocalyptique. Si c'est vrai que certaines structures musicales sont étirées, en revanche les solos de synthé aux essences métallisées qui en rejaillissent donnent une autre dimension à ce regard cynique que Create jette sur l'évolution d'un monde qui semble toujours tourner en rond. Cet album ne sera pas une déception pour les fans de Create. Un peu plus difficile à amadouer, il pourrait être même une ouverture pour ceux qui aiment la musique minimalisme sombre et qui ne connaissent toujours pas l'univers musical de Create.

Sylvain Lupari (07/04/11) *****

Disponible chez Groove nl

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