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Writer's pictureSylvain Lupari

DAN POUND: Life Giving (2014) (FR)

Très ambiosphérique et très serein, Life Giving est certainement un des plus séduisant albums de musique cosmique que j'ai entendu récemment

1 Life Giving 7:41

2 Age of Innocence 3:41

3 In Suspension 9:50

4 Only One 6:22

5 Passing Through Time 16:17

6 Taken by the Dream 12:39

7 Life Pulse 11:10

8 What Matters Most 5:56

(CD/DDL 73:40) (V.F.)

(Deep cosmic soundscapes)

Il ne faut pas vraiment se fier au tapage ambiant et aux monstrueuses tonalités organiques qui ouvrent Life Giving pour juger ce dernier album de Dan Pound. Les délicats arpèges qui descendent comme les cendres du Vésuve charmeront vos oreilles et les sourdes impulsions qui les propulsent, pour finir par les avaler, vous plongeront dans une ambiance de ténèbres cosmiques. J'ai bien aimé ce premier contact avec la musique de Dan Pound. Ce prolifique multi-instrumentaliste américain présente une approche audacieuse en faisant voyager une musique ambiante assez expérimentale dans les corridors du Dark New Age et surtout dans les frontières du cosmos avec des paysages soniques dessinés dans un large éventail de tonalités biscornues. Une palette sonore aux couleurs d'une imagination plutôt audacieuse qui peut trouver ancrage dans beaucoup d'oreilles, si on aime une expérience plus sonique que musicale. Mais la musique, et ses harmonies, ne sont jamais trop loin de ces ambiances aux milles paradoxes qui truffent cette impressionnante fresque ambiante. Et la pièce-titre est un assez bon indicatif de ce que nos oreilles croiseront tout au long des 74 minutes de LIFE GIVING où des lignes aussi harmoniques qu'ambiantes flottent et chatoient dans un univers sonique où le calme côtoie les tempêtes d'éléments ambiants statiques.

Age of Innocence est un beau petit bijou de méditation où arpèges rêveurs flottent dans de belles lignes de synthé aux doux parfums de contemplativité. Plus long et ça aurait été encore plus beau. La descente de serpentins joyeux qui animent l'introduction de In Suspension nourrit les paradoxes qui entourent la musique de Dan Pound. Mélodique et très charmant, ces serpentins arborent une tonalité vivifiante qui défie les axes soporifiques d'une musique cosmique impénétrable. Et les paramètres, ainsi que la profondeur, de l'approche cosmique de cet album sont sans doute parmi les plus beaux et les plus complets que j'ai entendus. Ici, les brises de synthé amorphes dessinent des horizons noirs d'où percent de minces filets translucides, alors que ces petits serpentins déroulent un effet d'apesanteur lumineux qui nous colle à nos écouteurs. Très immersif et assez réaliste des visions de son auteur. La symphonie des souffles des longs didgeridoo donnent une dimension plutôt tribale/ambiante à Only One. Le collage des multilingues, tant des didgeridoos, amplifient des ambiances noires que même les délicats accords de guitare ne déracinent de son enveloppe catatonique. Des éructations de didge ouvrent aussi les pénombres de Passing Through Time qui mélange à merveille la chaleur des synthés aux souffles rauques des trompettes des déserts et de leurs échos saccadés. De discrètes séquences dansent autour de ce maillage inusité, donnant un semblant de rythme à un long titre qui est un véritable micmac sonique, tant au niveau des éléments que de ce perpétuel duel entre rythme naissant et ces ambiances qui au final deviennent très séraphiques. Taken by the Dream est mon coup de cœur! La structure est toujours imbibée de cette confrontation sonique entre la sérénité et l'agitation ambiosphérique. Ce qui charme encore plus est ce magnifique down-tempo, venu de nulle part, qui en secoue les éléments et qui donne un relief insoupçonné à une odyssée des sons et ambiances distordues qui parsème tous les paramètres de cet étonnant album de Dan Pound. Ce rythme lent prend une pause en plein milieu des 12 minutes, laissant toute la place à de magnifiques arpèges qui dessinent une splendide rêverie de verre ambiante. C'est très beau, avec un subtil crescendo dramatique, et chaque seconde qui passe est suralimentée par une faune sonique dont la richesse est telle qu'il est impossible de la découvrir au grand complet en une seule écoute. Le titre se fond dans les barrières du néant de Life Pulse. Là où la vie respire fragilement derrière un lourd rideau d'ambiances noires et s'agite dans des gargouillis organiques et des percussions chamaniques qui dessinent des lignes hypnotiques. Ce mélange de musique cosmique et de sorcellerie spirituelle laisse filtrer une armada d'impulsions implosives qui forgent le rythme très ambiocosmique de Life Pulse qui flotte et flotte comme un long vaisseau spatial à la dérive. What Matters Most conclût avec un piano très méditatif, dont les notes qui perlent dans une dense enveloppe cosmique éveillent en moi des souvenirs de Vangelis. Et ce, même si ce petit duel entre ces impulsions organiques et ces ondes de sérénité qui tenaillent les ambiances aux nuances teintées de paradoxes de LIFE GIVING peuvent un jour enchanter et un soir déchirer la quiétude de l'écoute d'un album qui nous plonge littéralement dans un univers sonique sans frontières.

Sylvain Lupari (30/09/14) ***½**

Disponible au Dan Pound Bandcamp

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