“Séquenceur ultra-rapide vs musique ambiante bruyante. Votre choix!”
1 SEM Oberhlastung 44:44
2 Dieses Sinkende Gefuhl 44:44
(CD/DDL 89:28)
(Fast Sequencer-based EM, Noisy ambient)
Bienvenue au pays des expérimentations sonores de Daniel B. Prothese, projet de l'ex-Front 242 Daniel Bressanutti. 44.44.44 II-III est un retour sur les expériences électroniques psychédéliques des années vintages. Un double-album qui fait partie de l'obscure série Überlastung, pour surcharge. Le premier CD, SEM Oberhlastung a été réalisé à partir du module d'extension Oberheim Sem pro et du séquenceur Xaoc Moskwa réglé en mode ostinato. Il en résulte à un 45 minutes d'énergie pure!
Imaginez un instant les vieilles sirènes hurlantes des années 70. Ralentissez légèrement ces sons de gyrophares et mettez-les en boucles dans une tempête de pulsations sonores et vous avez les 7 premières minutes de SEM Oberhlastung. 44.44.44 II fait suite au très ambiant industriel 44.44.44, paru en mai 2020. Le principe est assez basique en ce sens que Daniel B. Prothese conçoit un noyau pulsatoire de 44:44 sur lequel il greffe des boucles d'effets psychédéliques et/ou des harmonies répétitives. C'est long? Pas vraiment! On s'ennuie? Pas du tout, puisque la moitié de Nothing But Noise réinvente les éléments extérieurs à ce rythme stationnaire frénétique qu'aucun headbanger ne serait capable de suivre sur cette distance. Ainsi, on a droit à des boucles de formes psychédéliques qui font des ouin-ouin sur cet ostinato électronique. Ces formes tournoient avec de légères nuances sur cette vision rythmique qui parfois reste stable et en d'autres moments accentuent la vélocité par un petit quart de tour. Le résultat est aussi assourdissant que séduisant, surtout lorsque des lignes de piano ou d'arpèges moirés se greffent à cette ritournelle infernale. Le synthé façonne aussi de très beaux solos dans cette spirale qui pourrait facilement perforer les tympans lorsque joué à haut volume. Et si on pense que ce rythme diminue la cadence, Daniel Bressanutti fait juste diminuer sa force sonore afin de nous protéger d'un éventuel mal de crâne. Puisque SEM Oberhlastung n'en finit plus de battre sa mesure pulsatoire, même derrière un écran sonore qui par moment est plus puissant que son rythme de transe frénétique. Le passage vers la 25ième minute propose une réorientation du rythme qui devient comme un espèce de course d'un train poussé par notre perception, par notre imagination. Si le rythme est moins pulsatoire, il en demeure pas loin égal avec des pulsations séquencées qui s'évaporent dans un effet d'écho entre la 28ième et la 29ième minute. SEM Oberhlastung renait dans une masse sonore plus industrielle qui s'approche de l’album 44.44.44. Ce passage ambiguë et parfois même ténébreux s'étire jusqu'à la 37ième minute, là où SEM Oberhlastung revient à sa forme d'origine. De la grosse MÉ, qui ressemble beaucoup à du NBN, fait pour un monstrueux party rave et qui pourrait laisser des cicatrices aux pieds comme aux oreilles pour quelques jours.
Plus tranquille mais néanmoins bruyant, Dieses Sinkende Gefuhl est plus près de 44.44.44 que de SEM Oberhlastung. Le titre propose une masse sonore stationnaire remplie d'activités électro-magnétiques restituées par le Gamma Wave Source de WMD qui est un oscillateur commandé en tension (VCO) pouvant créer des timbres à l'infini en utilisant les effets numériques intégrés. Et c'est un peu une formation sonore que nous donne Daniel B. Prothese sur ce petit appareil peu dispendieux et qui peut faire des miracles comme sur ces 44:44 minutes de Dieses Sinkende Gefuhl où la vie rythmique est bannie, laissant les ondes sonores nous submerger comme un sentiment de naufrage…
Pour ou contre, 44.44.44 II-III donne les apparences d'être une formation à distance sur l'art de créer une musique électronique (ÉM) à partir de modules d'extension aux synthés et aux séquenceurs. Et si SEM Oberhlastung fait de nos pieds des cibles idéales, Dieses Sinkende Gefuhl continue de mastiquer nos oreilles déjà lourdement hypothéquer par le bouillant 44.44.44 II.
Sylvain Lupari (22/11/21) ***¼**
Disponible au db2fluctuation Bandcamp
Comments