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Writer's pictureSylvain Lupari

DASK: Abiogenesis (24 Bit Edition) 2017 (FR)

“Que puis-je dire à propos de la musique d'Abiogenesis? C'est DASK! Du pur DASK avec ses séquences à la Berlin School dans un décor ambiophile en évolution”

1 Lifeless Worlds 3:20 2 Storms on Venus 9:32 3 Kingdom of Dust 9:14 4 Storms on Mars 2:12 5 Blind Orbit 6:48 6 Mass Forming 7:12 7 Abiogenesis 10:12 8 Protocell 7:10 9 Still Water 4:16 DASK Music (DDL 59:56) (Retro Berlin School)

Paru en début 2017, ABIOGENESIS serait le tout premier album de DASK. Et déjà les influences de Tangerine Dream, au niveau des structures des séquences et des brumes mystérieuses, soufflaient sur cette ambitieuse œuvre d'atmosphères nébuleuses et de rythmes à la Berlin School qui dépeint la création de la vie à partir d'une matière non vivante. Ambitieux, à cause de la complexité du sujet que David Marsh transpose en musique avec justesse. Et comme une création passe par un processus qui se développe lentement, les thèmes de ABIOGENESIS passent de l'idée à la musique avec une belle texture de vapeurs iodées et ocrées qui injectent une adrénaline sonique à de bonnes structures de rythmes où les réminiscences de TD nous amène jusqu'à du Redshift.

Lifeless Worlds est l'un de ces nombreux titres dans cet album qui correspond avec le sens de son idée. La musique est bardée de lignes qui flottent avec leurs couleurs criardes et écarlates dans un univers amorphe. Le mouvement est lent et sculpte les thèmes de ces panoramas soniques que l'on voit dans des documentaires sur les évolutions des planètes. C'est de ces ambiances, un peu moins peintes de couleurs acides que la procession de Storms on Venus se dirige vers une phase de rythme séquencé animée par un bon duel de tonalités. Si une ligne de séquences est fluide avec ses rondeurs de basse, une autre émet des signaux organiques qui se reflètent dans un écho panoramique, permettant à une autre ligne d'étayer une mélodie rythmique dans un horizon sans fin. Kingdom of Dust propose une introduction qui progresse entre ses éléments soniques éthérés et des grondements envahissants qui lui donne une approche aussi sinistre qu'alarmante. Les brumes et les poussières du néant farcissent ces moments alors que tout doucement cette masse sonore s'évanouit vers les 5 minutes afin de faire une petite place à une structure de séquence très mélodieuse et dont l'approche, toujours près du drame planétaire, est soutenu par des cognements intimidants. Et cette phase s’envole dans un ballet électronique où les cercles se mêlent à des galops, structurant ces rythmes impensables et uniques à la Berlin School. Storms on Mars est un passage ambiosphérique où se cache une brève mélodie synthétisée. Comme chaque titre est séparé dans ABIOGENESIS, parler d'un prélude au lourd Blind Orbit, qui fait très Redshift, serait mensonger. Mais l'idée reste aussi probable que très séduisante. Un splendide titre avec une utilisation très créative du séquencer, Blind Orbit a tous les outils pour être le cœur de cet album.

Les éléments d'ambiances qui structurent l'ouverture de Mass Forming sont dans les tons. Il y a une véritable masse sonore où pétillent des idées qui sortent du lot au fur et à mesure que le titre progresse. Tantôt musicale et tantôt très acide, cette masse amasse autant de vie que de matières irrécupérables avant de se diriger vers un rythme sans vie mais pas sans bruits. La finale fait très intense et irait très bien avec une scène d'horreur sur le bord de son dénouement. La pièce-titre est la plus éthérée de cet album. Et lorsque je dis éthérée, je parle de l'ambiance. Car le rythme est sculpté sur un splendide mouvement du séquenceur qui module ces sempiternelles boucles qui montent et descendent. L'approche est fluide et magnétisante, alors que les séquences miroitent de tonalités juteuses, croustillantes et musicales sous de nappes de voix séraphiques. Un autre titre solide! Idem pour le suivant, Protocell. Après une introduction très texturale au niveau ambiosphérique, des riffs de clavier jettent l'émoi avec des réminiscences très TD, période Hyperborea (finale de Sphinx Lightning). Ces étranges riffs, qui me rappellent ces notes de western égarées dans les films de Sergio Leone, nous amènent vers une ruée de grands galops élancés courant pour échapper à cette série de cognements qui amplifient encore plus le charme d'un rythme en déséquilibre. De fantomatiques lignes de synthé chassent ces galops alors que le mouvement du séquenceur et du tapageur délie d'autres ions et cognements qui sautillent et résonnent à la dérobade dans un chassé-croisé d'éléments percussifs. Still Water conclut cet autre bel album de DASK avec les image en musique des activités de la Mer de la Tranquillité.

David Marsh possède ce don de bien représenter en musique ses concepts, ses histoires avec une fascinante justesse. Les atmosphères de ABIOGENESIS et leurs transitions, leurs évolutions vers des rythmes très Berlin School justifient les moyens afin de mieux connecter sa musique avec les attentes de ses auditeurs tout en respectant les significations derrière chaque titre. Je trouve que ça donne encore plus de profondeur à la musique de DASK. Et de la profondeur, il y en a plein dans cet album.

Sylvain Lupari (14/05/18) ***½**

Disponible au DASK Bandcamp

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