“Plus dans un style ambiant, Sol exploite ces structures plus ou moins complexes qui font de DASK l’un des nouveaux noms des plus intéressants de ces 2 dernières années”
1 Daybreak 2:14 2 Shards of Light 3:07 3 State of Stability 13:02 4 State of Flux 12:54 5 Stray Photons 6:13 6 Hydrogen Exhaustion 3:50 7 Sol 14:57 8 Ascending the Giant Phase 6:52 9 Scorched Earth 9:54 10 Not the End 2:26
(CD-r/DDL 73:51) (Berlin School)
Le moins que l'on puisse dire est que DASK est assez prolifique depuis que Abiogenesis a atterri sur le net au début de 2017. Si les premiers albums étaient transportés par les influences de Tangerine Dream, il en va autrement avec ce SOL. Il y a beaucoup plus d'éléments ambiosphériques ici, comme aussi de lointaines essences de Vangelis et de son album Soil Festivities, sur cette MÉ exploratoire qui fut inspirée par le documentaire Swallowed by the Sun de National Geographic. Les rythmes sont tantôt rebelles et souvent délicats. Par moments, ils inspirent une plus grande quiétude que les textures d'ambiances qui convergent vers une même thématique; l'ébullition de l'écorce terrestre. Qui dit DASK, dit aussi des textures plus expérimentales, comme dans State of Flux qui est un bon exemple du croisement entre du Vangelis et de la Berlin School. Ceux qui aime les implosions d'Air Sculpture seront ravis par ce titre. Au final, nous avons là un très bel album assez bien divisé entre ses phases d'ambiances qui dominent plus souvent qu'autrement des structures de rythmes construites sur des séquences qui veillent sur les évolutions de paysages musicaux arides et s'entrecroisent dans des mosaïques où les ambiances restent le moteur de l'univers de SOL.
Et l'album commence justement avec une approche cosmique très Vangelis. Daybreak est le témoin de ces influences avec des accords de clavier enrobés d'une douce musicalité qui flottent au travers une pléthore de brises sombres soufflant dans un corridor horizontal. Shards of Light possède les couleurs de son titre. Il faut entendre ces arpèges de verre tinter dans une fascinante chorégraphie astrale. Le mouvement est pétillant et décoré de diverses lignes de synthé aux lamentations mélancoliques et parfois troublantes. State of Stability démarre lentement. Son intro est bordée par des brises d'iode et des lignes moirées où se noie une pulsation difforme. Une pulsation mieux détaillée se cristallise au port des 3 minutes. Des chants de synthé accueille cette semi-procession d'un rythme fantôme qui entend une séquence faire une série de rotations. Ces zigzags ancrent encore plus l'ossature du rythme flottant de State of Stability. Les synthés lancent des jets d'encre sonique qui peignent le firmament musical avec des nuages un brin psychédélique. Les séquences réveillent en moi les esquisses de rythme de Tangerine Dream dans les années 74 à 81 et elles ont beau dérouler quelques ruades que la structure de State of Stability reste relativement ambiante. Différent mais pas trop, le paysage sonique de State of Flux est plus actif avec une horde de lignes de séquences qui courent sur un vaste terrain de chasse afin d'y trouver cette bête qui ferait trembler nos tympans. L'activité du séquenceur ici et ses multi lignes de rythmes incomplets reste aussi séduisant qu'un paysage d'ambiances méditatives, quoique parfois on se dit que la bête rythmique n'est pas vraiment loin.
Stray Photons est une splendide mélodie pour séquenceur et synthétiseur. Les deux instruments tissent chacun leur lit harmonique où coulent accords et ions dans une séduisante structure harmonique dont les racines me font penser à du Tomita dans Snowflakes are Dancing. Superbe! Les poils de mes bras cherchent la chaleur du plafond. Hydrogen Exhaustion camoufle une belle structure de rythme dont le battement est tout près d'un mouvement circadien. Sauf qu'ici ce sont les synthés qui sont les maîtres des charmes avec un amoncellement de nappes brumeuses d'où sort une délicate mélodie soufflée par l'inconnu. L'inconnu ou l'apocalyptique, SOL nous plonge dans un mouvement cauchemardesque avec des strates de violoncelles qui structurent différentes formes de staccato. Cet univers d'orchestrations me rappelle un peu ce mouvement d'intensité qui encerclait la divine mélodie de Frozen Breath que l'on retrouve sur l’album Brain Voyager de Robert Schroeder. La portion mélodie, plus vaseuse et floue, respire ces nappes anesthésiantes de Vangelis. Un titre un peu long qui image bien en sons la vision de David Marsh, l'artiste derrière DASK. Intensity and announced disaster are the catalysts of SOL. Intensité et catastrophe annoncée sont les catalyseurs de Sol. Ils meublent la structure de Ascending the Giant Phase et ses battements hâtifs qui soutiennent une narration peu optimiste en égard du réchauffement de la Terre. Scorched Earth semble être un titre dont les ambiances paisibles semblent être un regard de compassion sur une Terre brûlée, alors que Not the End clôture avec une vision plus encourageante. Des séquences, forgées comme des riffs de guitare, lancent un rythme de rock ambiant. Ces séquences subdivisent leurs tonalités, de sorte que d'autres, issues du même moule, se détachent afin de séduire une ouïe que Michael Rother a déjà séduit avec un même genre de ballade électronique où l'on danse dans notre tête. C'est une belle façon de conclure un album somme toute intéressant et dont la musique reflète à tous points de vue sa vision documentariste.
Sylvain Lupari (01/03/18) ***¾**
Disponible au DASK Bandcamp
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