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Writer's pictureSylvain Lupari

Dave Bessell Black Horses of the Sun (2015) (FR)

Dave Bessell signe ici un solide album solo qui ne souffrira d'aucun complexe face à ses deux projets parallèles; Node et Parallel Worlds

1 From here to There 5:52 2 Theme One 7:00 3 Lament 5:46 4 Paradise Lost 9:10 5 Wasteland 6:02 6 Skyrim 7:14 7 Sleepwalker 9:13 8 Mirror's Edge 6:00 9 Fall from Grace 6:11 DiN47 (CD 62:45) (V.F.) (Dark Ambient England School)

WoW! Je ne sais pas ce que nos créateurs en art électronique ont mangé récemment, mais il circule de la foutu bonne musique ces derniers temps. Les derniers Olivier Briand, Bernd Kistenmacher, Frank Ayers et maintenant cette aventure de Dave Bessell. Le nom vous est familier? Normal, c'est un membre de Node et c'est aussi un compagnon de musique du très sombre Bakis Sirros, l'homme derrière Parallel Worlds, avec lequel il a coécrit le troublant Morphogenic en 2012. Un album produit par Ian Boddy et qui fut réalisé sur le label DiN Records. Node, Parallel Worlds, Ian Boddy et Din. Vous voyez le topo? Bien que le plus légitime de nos souhaits serait que BLACK HORSES OF THE SUN caresse ces univers, le constat du contraire serait aussi très décevant. Et non, on ne sera pas déçu! Voguant allègrement sur les paradigmes de Node et surfant sans hésitations sur les sombres nectars de Parallel Worlds, Dave Bessell signe ici un album solo qui ne souffrira d'aucun complexe vis-à-vis ceux de ses deux projets parallèles.

Les premiers souffles, les premiers accords de From here to There sont tellement près de l'oreille qu'on se tourne la tête pour voir où se cache Dave Bessell. Les lamentations de guitares flottent sur des accords perdus alors que tout doucement le lourd voile d'ambiances au mille mystères de BLACK HORSES OF THE SUN creuse son tunnel pour rejoindre le coffre des suppositions de notre ouïe. Le rythme est ambiant. Il traîne sa lourdeur majestueuse dans les brouillards électriques des réverbérations qui mâchouillent les lente impulsions d'une ligne de basse dont les rondeurs paresseuses flottent parmi les riffs absents d'une six-cordes discrètes et dans les brumes d'un synthé aux parfums de Mellotron. La guitare de Bessell se moule avec grâce aux gémissements d'un synthé aux vampiriques ondes qui respirent les drames ambiants de Martenot, poussant la finale de From here to There vers une structure de rythme où riffs assommants, percussions martelées et Mellotron pénétrant nous convie à une mixture de Node et Redshift. Composé avec Liam Boyle, Theme One est une superbe ode à saveur vampirique. Un hymne à la noirceur avec une structure de rythme ambiant qui chevrote de peur dans son alliage de séquences et riffs. Les 7 minutes inter changent les phases de rythmes et ambiances en ajoutant une couche toujours un peu plus dense à chaque renaissance. Les arrangements de Boyle y sont superbes et apportent une touche très Beatles à ce saisissant univers claustrophobe. Lament met en vedette Ian Boddy. Son intro charme avec son genre de comptine Méphistophélique qui fait tinter ses arpèges virginales. Le Serge Modular d'Ian Boddy est aussi épeurant qu'envahissant, enserrant un pénétrant voile d'inconfort à des ambiances qui s'extirpent des abysses afin de faire danser des rythmes furtifs. Mais encore là, nous sommes dans l'antre de l'anti-rythme, de l'anti-musique tel que nous le percevons où les rythmes demeurent des bombes implosives et où les ambiances étendent leurs charmes gothiques. On est dans le domaine des souffles noires, des ambiances méphistophéliques, des bruits blancs et grésillements statiques où l'improbable noirceur enveloppe chacun de nos souffles, à ce niveau, Wasteland est assez dérangeant. Composé avec Lyonel Bauchet, Paradise Lost peut à lui seul révéler tout paranoïaque qui sommeille en nous. Son intro est dressée sur d'énormes pulsations qui semblent nous chuchoter la noirceur des étoiles aux prismes translucides à l'oreille. Gazouillis, chants difformes, pas perdus et une foule d'objets soniques hétéroclites nourrissent une intro qui avale chaque seconde goulûment avant que le rythme fonce vers nous avec ses lourdes pulsations qui crachent ses résonances statiques. Les riffs sont envahissants et mâchent le creux de nos oreilles. Tant que l'on remarquera plus tard cette fine mélodie qui danse avec son ombre dans un superbe ballet allégorique où le lumière tente d'avaler ses ténèbres. Sa fureur engendra le contraire alors que les éléments ambiants se saisiront de la menace rythmique, entraînant Paradise Lost dans une finale qui fait passer son introduction pour son maillon faible.

Skyrim est un autre titre nourri d'ambiances taciturnes et grugé par des lamentations d'une six-cordes qui a volée l'esprit de Robert Fripp. Le canevas pourrait servir de trame pour une musique de film angoissant avec des longs drones qui grugent l'intérieur de l'écoute et des boums pénétrants qui dérangent nos palpitations cardiaques. Une délicate mélodie sort des emprises du noir pour faire tinter ses arpèges de verre moqueur, comme une comptine diabolique qui fuit les morsures d'une guitare affamée. Remarquez ces délicates brises de flûte qui amène le titre à un autre niveau. Et ces voiles de Mellotron...On dirait du Redshift à l'agonie. Très intense! On reste toujours dans le domaine du fantomatique avec le dérangeant Sleepwalker dont les ambiances, le rythme mou et ces souffles de guitare qui épousent la lente marche de la ligne de basse dépeignent à merveille la marche du dormeur. Un vrai down-tempo noir et morphique, quasiment un blues pour insomniaque, Sleepwalker évolue avec plus de lourdeur, de fermeté dans le pas, respectant sans doute ce sentiment de dualité, de déchirement qui sommeille dans chaque somnambule. Mirror's Edge est un superbe rock électronique très noir. Le rythme est structuré sur un ruisselet de séquences sombres qui papillonnent violemment et dont les ailes oscillent dans une zone de brouillard affligée par les poussières des riffs et les continuelles lamentations spectrales d'une guitare qui cherche à nous bouffer la peur. Les riffs sont lourds, les percussions efficaces, les séquences vives et la basse mord la lobe de nos oreilles afin de bien faire le passage d'une structure de rythme qui souffle constamment dans notre cou. Et comme si cela serait possible, Fall from Grace est la face sombre de Mirror's Edge. Moins rythmé, puisque transporté par les ailes d'un synthé Mellotron très noir, le rythme fait ses tic-tacs entre nos oreilles avec toute cette force ventriculaire qui déchire les structures de cet album.

Des moments faibles? Pas du tout! Jouant merveilleusement entre ses rythmes, qui sont aussi lourds qu'ils peuvent être violents, et ses ambiances qui sont constamment en harmonie avec une folie inquisitrice, Dave Bessell signe ici un album qui ne souffre d'aucun complexe dans ce registre musical où la porte de l'indifférence reste toujours entrouverte. L'enveloppe sonique de BLACK HORSES OF THE SUN. est très impressionnante. Chaque seconde est bien pensée, est bien nourrie par des ambiances vampiriques où synthés et guitares unissent leurs possibilités dans ces neuf histoires soniques qui pourraient meubler n'importe quels films d'angoisse. Les amateurs de Node, ['ramp], Redshift, Parallel Worlds et même Arc ont de quoi se délecter ici. Très bon!

Sylvain Lupari (03/02/15) ****½*

Disponible au DiN Bandcamp

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