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Writer's pictureSylvain Lupari

Dave Bessell Reality Engine (2020) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

“Des psybiences cinématographiques et cabalistiques lourdes sur un maillage des rythmes de la England School, cet album est à ne pas manquer”

1 Codex 5.57

2 The Silver Thread 7:16

3 Ghost of Lost Cities 7:10

4 Sleeping Air Awakes 5:01

5 A Man is a Small Thing and the Night is Large and Full of Wonders 6:44

6 Raven King 6:38

7 The Fountains are Singing 5:09

8 The Tower 6:05

9 Neverwhere 9:25

DiN62 (CD/DDL 59:41) (V.F.)

(England School, Dark Psybient) Malgré une discographie assez mince, Dave Bessell est un brillant artiste dont nous attendons impatiemment la sortie d'un prochain album. Et ça va arriver le 17 Avril prochain dans les bacs de DiN, dans une édition limitée à 500 CD et en téléchargement. Votre chroniqueur préféré a eu la chance d'entendre ce REALITY ENGINE qui continue là où Black Horses of the Sun nous avait laissé 5 ans auparavant. Inspiré par les œuvres littéraires de Jorge Luis Borges, les frères Grimm et Lord Dunsany, ce dernier album du musicien Anglais instaure ce climat très éclectique aux œuvres de ces écrivains. Entre des phases éthérées, voire très lyriques, et des ambiances lourdes, il y a des rythmes. Tantôt velléitaires et souvent entraînants pour les neurones, ils restent lourd avec une vision arythmique qui s'appuie sur ces mouvements ténébreux de la England School. Les ambiances et leurs textures sont remplies à ras bord des d'essences et influences du label d'Ian Boddy, avec une créativité qui n'a rien à envier aux explorations des synthés modulaires des artistes de ce label.

Une nappe remplie de bruissements distorsionnés tombe abruptement sur l'ouverture de Codex. Une autre nappe plus lourde impose sa dérangeante présence en ronronnant bruyamment comme un vaisseau fantôme dans un épais brouillard. Nous ne sentons même pas l'illusion d'un sol que déjà Codex se transpose dans un cosmos plus éthéré où les étoiles scintillent et où les appels des bateaux se font plus distants. Des arpèges se défilent dans ce décor pour faire tinter une mélodie de style Halloween. Codex change de peau, comme les 50 autres minutes de REALITY ENGINE incidemment. À travers et sur des nappes dérivantes comme un bateau dans le noir absolu, les ambiances de ce premier titre installe un climat qui atteint un niveau d'anxiété avec une montée sonore où tous les instruments convergent vers un point nébuleux. Des voix célestes et une harpe jouent avec les scénarios de notre imagination dans une texture sonore digne des grands albums du label Anglais. The Silver Thread suit avec des coups sourds et intenses, qui surprennent l'ouie après une telle finale, amenant dans ses ambiances ces étoiles cristallines qui dupaient notre imagination dans Codex. Malgré ces cognements sépulcraux, The Silver Thread perpétue les ambiances indécises qui sont à l'origine des premières 10 minutes de ce dernier album de Bessell avant d'embrasser un down-tempo enveloppé dans un créatif tissu du psybient. Du psybient avec une belle tinte de film d'angoisse! Il y a un mouvement du séquenceur ici qui fait très Tangerine Dream, pour ne pas citer Arc. Ce mouvement contourne le siège des ambiances du titre avec un délicat fil stroboscopique qui n'arrive pas toujours à contenir les lamentations des synthés.

J'insiste pour souligner la richesse des textures sonores de cet album qui installe un merveilleux environnement cinématographique noir. On accroche instantanément à Ghost of Lost Cities qui naît de stridentes lamentations spectrales que des nappes de synthé emmitouflent des réverbérations de leurs caresses. Une légère indécision et up! Ghost of Lost Cities entre dans les entrailles d'Arc avec un pléthore de percussions électroniques, et leurs variantes tonalités, et sur un séquenceur qui désarticule chacune de ses idées dans des structures parfois rythmiques et tantôt ambiantes. Une guitare lance des riffs lourds dans un décor qui rappelle les rythmes mous et pesants de Redshift. Excellent! Sleeping Air Awakes ne fait pas non plus les choses à moitié en offrant une structure en mutation qui s'appuie sur une vision cinématographique cabalistique où les démons préparent le buffet pour Satan. La flore tonale est impeccable avec des éléments qui ululent et frissonnent. Les percussions personnifient des chutes de masses sonores qui maltraitent des goblins hurlant de frayeur. Une séquence dansotte dans ce décor, imitant à merveille la confusion des ambiances et des foyers rythmiques qui s'allument un peu partout dans les 5 minutes (seulement!) de Sleeping Air Awakes dont le crescendo rythmique est à couper le souffle.

A Man is a Small Thing and the Night is Large and Full of Wonders est un titre structuré sur des ambiances à la King Crimson, ou Markus Reuter, notamment au niveau des guitares. Et beaucoup comme Arc et/ou Redshift, les ambiances flottantes mettent leurs grosses bottes pour avancer lourdement vers une finale qui refuse de sortir de son lit introductif. Oh combien merveilleux est Raven King! Son introduction, tissée avec de fascinantes lamentations d'une corde de guitare que l'on torture, se métamorphose graduellement sous l'insistance d'une série de battements sourds qui fait progresser sa membrane d'ambiances. Un clavier très vintage me fait sourire au même moment où des percussions lourdes agissent comme une marche incertaine dans les couloirs hésitants de Redshift. Ce rythme lourd et lent fini par devenir entraînant avec un collectif de séquences et percussions qui bat sur ces nappes très vintage. Simplement superbe! The Fountains are Singing partage ses ambiances ténébreuses avec une guitare torturée par son désir de rompre avec la poésie d'une mélodie flûtée. The Tower ouvre avec fracas pour exposer ses 6 minutes imaginées dans des ambiances sordides. Certes, le Mellotron agrémente les ambiances avec une mélodie à la flûte brumeuse, et un beau clavier étend ses notes comme un amant ses roses. Mais il y a quelque chose de maléfique dans ce décor où le vil et le pur se toise sans qu'il n’y ait effusion dramatique. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelque chose de très Mike Oldfield dans la guitare qui mène la destinée de Neverwhere vers la finale de REALITY ENGINE. Les solos sont très inspirants et semblent pleurer sur une oisive structure de rythme poussée par des feutrements de basses pulsations. Une belle couverture très gothique enveloppe cette marche incessante qui accepte un mouvement saccadé des orchestrations où la guitare et le clavier unissent leurs destinées dans une finale qui n'a rien à voir avec violence ténébreuse, tantôt refoulée et d'autres fois non, qui dicte le ton à un album fait sur mesure pour les amateurs de Node, Arc, Redshift et Ian Boddy. Le meilleur de la crème Anglaise! Excellent Dave!

Sylvain Lupari (04/04/20) ****½*

Disponible chez DiN


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