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Writer's pictureSylvain Lupari

DAVID HELPING & JON JENKINS: The Crossing (2010) (FR)

Un bel album que l'on écoute en regardant un album photo ou une exposition de peintures musicales inspirées de paysages fantaisistes

1 Awake 4:07

2 Two Paths 6:53

3 From The Smallest Seed 5:31

4 The Same Sky 6:02

5 The Crossing 5:52

6 Above All 3:23

7 For The Fallen 9:25

8 The Lesson 6:34

9 To The Ends Of The Earth 8:18

10 Not Forgotten 7:10

11 Lifted 6:39

(CD/DDL 70:45)

(Ambient Music)

Il y a des albums comme ça. Des albums difficiles à décrire! Pas parce qu’ils ne sont pas bons, mais plutôt parce que chaque titre semble être conçu avec la même idéologie musicale. THE CROSSING, deuxième collaboration de David Helpling et Jon Jenkins, est de ce genre. Un bel album qui s’écoute comme on regarde un album photos ou une exposition de peintures musicales qui sont inspirées de paysages fantaisistes de ses deux artistes aux antipodes musicaux. Si Helping aime caresser les douceurs du New Age, Jon Jenkins est plus mordant et aime effleurer une musique plus près de l’électronique progressive. Ce faisant, les deux artistes aux limites territoriales d’un monde fractionné par les plaques tectoniques se rejoignent en créant une musique inspirée des sinueux mouvements des basses de Patrick O'Hearn, des errances tribales et synthétisées de Rudy Adrian et du mysticisme musical de Mark Isham. Il en résulte en un album dont les titres sont coulés dans le même moule, à quelques nuances près, et où les rythmes fractionnés abondent dans des atmosphères en suspension, là où le New Age et la MÉ tissent des toiles musicales parfois redondantes, mais tout de même assez attirantes.

Awake démarre ce voyage musical avec un synthé qui moule de lentes strates hybrides qu’une guitare gratte de ses harmonieux accords galopants. Titre bref mais intense, Awake évolue en un crescendo dramatique dont le point culminant est sa finale qui explose d’une amalgame d’accords de guitares, de claviers et des percussions qui percutent une douce rythmique latente. Un titre à évolution progressive tout comme les très puissants et émouvants The Crossing et Lifted ainsi que sur From The Smallest Seed qui est par contre plus léger. Two Paths est plus représentatif de l’univers qui entoure cet album. Un peu comme partout sur l’album, la guitare de David Helping est flottante. Elle libère des notes gratouillées dont les résonnances forment des boucles et leurs échos qui flottent dans de délicats tintements atmosphériques. Des notes en suspension qui sillonnent des structures musicales dont les rythmes sont fragmentés par des percussions mordantes et emplies de belles strates d’un synthé plus onirique que progressif, cherchant à protéger l’approche panoramique qui immerge autour de l’album. On ne peut aussi ignorer les influences des lignes de basses de Patrick O'Hearn qui moulent des structures rythmiques tantôt suaves et sensuelles, tantôt éclectiques. Avec ses rythmes scindés sur une structure hésitante et un superbe jeu de percussions, The Lesson s’apparente à Two Paths. The Same Sky est un beau titre ambiant où tout est en suspension. Un monde musical qui tourne au ralenti avec des accords de guitares qui figent sur un synthé aux strates des dunes désertiques. Un beau titre qui démontre que l’ambiant peut effectivement être mélodieux. L’intro de For the Fallen suit la tangente très planante de Above All. Une douce intro tissée des strates d’un synthé onirique, en communion avec les astres, qui embrasse les structures de Steve Roach sur Western Spaces. Un beau titre ambiant, tout comme le très tranquille Not Forgotten. To The Ends of the World épouse bien son titre avec une intro ambiante où les percussions moulent une avalanche de tonnerres qui frappent dans un désert habillé d’un beau synthé aux nappes oniriques. Les accords de guitares, toujours épars et flottants, ajoutent une approche plus mélancolique alors que la ligne de basse sculpte un mouvement solitaire. Un très beau titre où les fragmentations cadencées annihilent le charme ambiant, tout en dépeignant réellement une ambiance apocalyptique angélique.

Est-ce que j’ai aimé THE CROSSING? Disons que ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Je préfère, et de loin, une MÉ plus complexe avec des structures séquencées en constantes évolutions. Des éléments que l’on ne trouve pas sur THE CROSSING qui trempe dans une ambiance aux cadences en constantes hésitations. Je ne dirais pas que c'est du New Age, mais pas loin; du New Age progressif teinté d'une approche atmosphérique aux racines tribales. Peu importe, l’album à ses charmes et je dois admettre qu’il y a de superbes titres qui se cachent derrière ces structures parallèles qui font qu’on a parfois l’impression d’entendre la même pièce, titre après titre. Une chose qui m’a un peu agacé.

Sylvain Lupari (22/10/10) *****

Disponible chez Spotted Peccary Music Bandcamp

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