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Writer's pictureSylvain Lupari

DAVID HELPLING: IN (2022) (FR)

Un album aussi puissant que musical qui m'a fait énormément de bien dans une autre texture que purement électronique

1 Waves Dream of Breaking 7:32

2 This Burning Sky 7:20

3 Only What's Been Taken 6:26

4 Here all Along 6:25

5 Still as Stone 6:12

6 The Bliss You've Always Carried 8:01

7 Slipping 8:01

8 The Cold Distance Between 5:56

9 You Already Are 6:42

10 Following the Lines 5:30

11 Bending Towards the Night 8:21

12 In Waves of Fire 5:50

13 I Too Am Coming Home 6:44

(2CD/2LP/DDL 90:00)

(Post synth waves, New Age, Cinematic)

C'est par une brise balayant les espaces verts que débute Waves Dream of Breaking. Une note de basse tombe et fait irradier les voix secrètes et ces lignes de synthé aux fins crissements métalliques azurées qui restent discrets dans le panorama de IN où tintent aussi ces accords de piano électrique dont on ne peut s'empêcher de lier la tonalité à celle de l'univers de Patrick O'Hearn. Bourdonnantes, les brises nous transportent aux premiers soubresauts rythmique avec des basse-séquences et percussions claniques où virevoltent ces harmonies ambiantes d'une guitare qui éparpille bien ses riffs. Fracturé, le rythme hésite entre les phases ambiantes et une vision plus soutenue par une belle texture de percussions et une ligne de percussions pulsatoire dont les effets d'écho métallique ajoute du poids émotif dans une enveloppe musicale qui s'intensifie à mesure que Waves Dream of Breaking émiette ses minutes. C'est au pied de la 4ième que David Helpling fait rouler le séquenceur dans une tornade rythmique circulaire brillamment relevé par un excellent jeu des percussions, amenant la musique dans une puissante enveloppe où les fils d'un New Age progressif et mélodieux se mêlent à la vision Berlin School des rythmes électroniques. Et non, Waves Dream of Breaking n'est pas un titre isolé dans ce merveilleux IN qui vient tout juste de sortir des studios de Howard Givens qui vient de mixer un fascinant et intense album pour le label Spotted Peccary. Ce nouvel album du guitariste californien expose près de 90 minutes d'une musique acoustique-électronique qui mélange ses rythmes sauvages à des ballades lunaires où les frissons, sinon les larmes, naissent dans les recoins d'une musique intense, dramatique et poignante. Helpling a invité des musiciens chevronnés qui manipulent des instruments ayant une portée hors du commun dans cet album que le label américain offre en double-vinyle, en CD et téléchargement.

Les éléments qui ont fait la beauté de Waves Dream of Breaking se retrouvent ainsi dans les 81 autres minutes de IN. Et on ne peut taire cette ressemblance avec la musique de O'Hearn, puisque les accords de guitare ambiants et ces arpèges en verre dans l'ouverture de This Burning Sky nous ramène aux terres de l'album Indigo, paru en 1991, plus précisément le splendide Sacred Heart. Délaissant les charmes d'une introduction éthérée, le titre embrasse la vision d'un bon pop/rock électronique teinté d'un renouveau contemporain où la chanteuse Nidhi Bhatmuley offre une éblouissante performance qui n'est pas sans rappeler les grands moments vocaux de Enigma ou Lisa Gerrard. D'ailleurs, la liste des invités dans cet album préparé sur une distance de 2 ans augmente l'intensité de sa profondeur, sans oublier la curiosité de nos oreilles. C'est un scintillant chapelet d'arpèges miroitant qui initie Only What's Been Taken et son piano égarant ses notes dans une brume née de la mélancolie. Le rythme qui en sort s'identifie à une ballade bien articulée par une texture de percussions mêlant effets d'écho et frappes incisives sur une structure circulaire fracturée régulièrement par des passages plus doux où le piano imite la tenue et la tonalité de celui qui nous a donnée Ancient Dreams. Bien balancé sur ses plus de 6 minutes, Only What's Been Taken nous amène vers une texture plus émotive avec ce piano et des orchestrations remplis de frissons où se cachent des fredonnements absents. Les arrangements sont très beaux et cette dualité entre les fils émotifs relève du pur génie de Howard Givens. La guitare acoustique est le principal allié de Here all Along, une ballade ambiante post New Wave construite sur le même principe et la même texture que Only What's Been Taken, guitare dominante en plus. On peut écrire la même chose de Still as Stone qui débute comme une belle berceuse dont la tonalité cristalline des arpèges tournoyant dans des accords de guitare sidère l'écoute. Et comme les 2 titres précédents, sa seconde partie est plus intense et émotive avec une envie pour un rythme bien encadré dans sa phase méditative. The Bliss You've Always Carried est un titre plus acoustique qui met en relief le Esraj, une vièle de l'Inde avec un manche du Sitar fixé sur le corps ovale du Sarangui. La texture sonne comme un violon chinois pleureur. L'instrumentiste Benjy Wertheimer le caresse de son archet avec une inouïe tendresse qui rejoint les songes d'une guitare acoustique. Le rendez-vous de ces 2 instruments à cordes se développe en un beau slow plein de tendresse sous une brume issue de nostalgie. Une ligne de basse et des percussions claquant comme des dents mordant dans la peine nous plongent dans un superbe slowtempo où les accords tintant que vous entendez sont les larmes que je viens juste d'échapper. Difficile d'être plus émouvant que sur ce titre!

Autre chanteuse à la voix divine, Miriam Stockley étreint de ses murmures élégiaques Slipping, un titre énigmatique qui se développe en un downtempo pas trop certain de quitter sa texture plus lente. La musique reste ancrée à une lourde ligne de basse résonnante et ces percussions dont la mythique résonnance métallisée ajoute une dimension surréelle qui sied bien à cette voix d'un autre univers de Miriam Stockley. Plus électrique, The Cold Distance Between est autre titre lent mais lourd de sa musicalité dont l'enveloppe émotive de New Age progressif atteint un degré d'intensité musicale. Il faut dire que les arrangements, les émouvant fracas de percussions et l'intense richesse musicale sont des éléments qui remplissent une salle d'écoute avec un impressionnant détail dans les sons. Il y a de l'émotion et de l'intensité au pouce carré dans ce The Cold Distance Between, créant une bonne dose de frissons cherchant, et trouvant, une fibre nostalgique. Une intensité renouvelée sur You Already Are et sa lente ouverture séraphique dominée cette fois par le violoncelle électrique de Matthew Schoening. Suivant une courbe émotive animée par des accords tintant comme ceux d'un xylophone, la musique atteint une phase rythmique articulée autour des explosions des percussions dans une autre texture fracturée par de courtes phases méditatives. L'ouverture de Following the Lines se développe comme celle de Still as Stone, soit une berceuse lunaire dans une nappe de violons sombres. La texture sonne comme une ombre chinoise en musique où se greffent ces accords de piano électrique, on fait référence à l'utilisation du Yamaha CP70 par David sur IN, sur une structure qui amplifie sa mesure pour atteindre un lourd et mélodieux downtempo dans son dernier tiers. Le piano est très beau ici!Bending Towards the Night mélange acoustique et électronique dans une riche texture musicale. C'est un autre bon downtempo guidé par des percussions plus sobres qui entrainent la vivacité du piano électrique et du synthé qui délie ses harmonies sous formes de boucles envahissantes. In Waves of Fire aurait dû être la finale de IN. C'est un titre animé initialement par des effets staccato des orchestrations pour finalement être emporté dans une bonne texture de rock électronique avec de bonnes percussions et des ondes de synthé riches en harmonies. Tel que souligné dans le synopsis de l'album, la texture, la passion, l'intensité et l'énergie, tous des éléments bien répartis dans les 90 minutes de IN, en forment son apothéose. Même si sa finale est plus éthérée. I Too Am Coming Home termine donc ce nouvel et excellent album de David Helpling sur une note méditative. Les accords de la guitare, tant acoustique qu’électrique, et le piano traînent comme des âmes pas pressées de rentrer chez soi après une extraordinaire aventure au pays des musiques. La voix de Miriam Stockley, qui est tellement divine, fait pousser ces émotions qui refoulent nos larmes dans un générique film dramatique qui nous a tellement amener sur le bord de ces mêmes larmes. Un album aussi puissant que musical qui m'a fait énormément de bien dans une autre texture que purement électronique. Chapeau au tandem Helpling et Givens pour un album aussi émouvant et puissant qui reste extrêmement musical malgré ces fulgurantes charges d'intensité explosives!

Sylvain Lupari (15/04/22) *****

Disponible chez Spotted Peccary Music

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