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Writer's pictureSylvain Lupari

David Wright Sines of Life Vol. II (2009) (FR)

Updated: Sep 25, 2022

Sines of Life Vol. II est un must pour les fans de David Wright qui montrent ici sa grande versatilité en England et Berlin Schools

CD 1 (69:04)

1 Rysheara (Live) 11:38

2 First Call 5:00

3 Kaleidoscope 10:41

4 Crystal Clouds 5:42

5 Nomad (Alternate Live Mix) 9:51

6 Cosmosis 20:58

7 A Night in September 5:14

CD 2 (66:13)

8 Passing Through 12:06

9 Depth from Motion 16:37

10 China 32:55

11 Walking with Ghosts (Single Version) 4:35

(DDL/CD-R 135:17)

(England & Berlin Schools, Melodious, E-Rock)

Lancé en parallèle à Sines of Life Vol. I, ce deuxième volet de titres inédits de David Wright joués en concert et oubliés dans les couloirs du temps, soit entre 1988 et 2008, était aussi oublié sur le coin de mon bureau. Et quelle injustice! Car SINES OF LIVE Vol. II est non seulement un très beau cadeau pour les fans du synthésiste Anglais, c'est plus de 2 heures d'une musique magique que des interprétations en concert ou des mixes en studio démontrent tout l'éventail des styles qui bercent la créativité de David Wright depuis Reflections.

Des vents des prairies arides ouvrent Rysheara, un titre présent sur l'album Live at the London Planetarium (tout comme Nomad) et présenté ici lors d'un concert de 2005 (tout comme Nomad). Les vents se perdent dans des chœurs qui fredonnent une mélodie absente, alors que des accords de clavier s'élèvent comme des notes d'une guitare électrique oubliée entre deux instruments. L'approche mélodieuse prend forme autour d’accords qui scintillent et roulent comme des vaguelettes, s'arrimant autour d'un rythme délicat qui pulse autour des cymbales papillonnantes pour fuir à l'horizon comme une chevauchée électronique qui court sur les ailes d'un synthé aux souffles orchestraux. C'est moulé dans les rythmes chamaniques hindoues de Mind Over Matter que Rysheara puise son charme. Entre un monde tribal et un western galactique le titre court dans des couches de synthé aux harmonies bicéphales, flottant sur ses strates orchestrales et galopant sur ses séquences et rythmes effrénés pour attendrir une oreille qui en redemande toujours. First Call emprunte les territoires grégoriens de Enigma. Le rythme est passif, voir absent. C'est un titre d’ambiance avec des couches très orchestrales qui flottent et valsent sur les fines harmonies d'un piano perdu dans toutes ces pulsations palpitantes qui résonnent dans les corridors de l'incertitude. Kaleidoscope est lourd et puissant. Ses séquences tonitruantes sautillent avec ferveur auprès de percussions qui paraissent anémiques tant la force des accords du séquenceur bouscule l'ordre des choses. Le synthé n'est pas en reste. Il lance des nappes glissantes qui se répercutent en un étrange écho tout en libérant des harmonies saccadées qui s'entrecroisent dans un irréel ballet synthétisé alors que d'autres couches orchestrales s'échappent pour danser autour d'un zigzaguant chapelet de séquences limpides, créant une mélodieuse cacophonie qui se réfugie dans les recoins d’une sombre chorale et ses chants abscons. C'est très bon. En fait c'est aussi bon que ça peut être audacieux. De rythmes purs et progressifs à d'autres plus près du synth-pop, David Wright est aussi capable de très belles mélodies et Crystal Clouds en est une très belle avec ses notes d'un piano fragile qui tintent dans un cosmos aux voile éthérés. Entre ses gros grondements de tonnerres, Nomad (Alternate Live Mix) étale un rythme entraînant où séquences et pulsations bondissent et courent sous les couches d'un synthé qui tisse ses harmonies dans des rivières prismiques dont les reflets argentés coulent sur les souffles des voix éthérées et des voiles de violons qu'elles imaginent.

Cosmosis est le trésor de ce premier CD. Une superbe ligne de basse introduit une hypnotique assise rythmique qui supportera ce titre épique tout au long de ses 21 minutes. Ce rythme sautillant est assiégé de percussions sourdes qui claquent, un peu comme si des diablotins aux pieds de sabots tentaient d’escalader une montagne aux pentes vertigineuses, dans les chauds vents du séduisant Memotron de Klaus Hoffmann-Hoock qui façonne des arômes aussi psychédéliques qu'arabiques. Le rythme s’intensifie, segment pas segment, avec des percussions plus sèches dont les claquements résonnent dans des vents devenus hybrides. A Night in September nous rappelle comment mélodieux David Wright peut être. C'est une belle ballade électronique qui coule ses harmonies sur un tempo légèrement sautillant. Le refrain est littéralement accroche-cœur et possède tous les ingrédients pour créer ces fameux vers d'oreilles qui hantent bien longtemps après s'être rassasié. Passing Through est une autre belle ballade qui fredonne ses harmonies sur un synthé très mélodieux. Le rythme hoquetant épouse une fine structure stroboscopique qui tournoie comme une valse féérique avant de sombrer dans un passage ambiant qui segmente un titre au rythme chevrotant et circulaire. Avec Depth from Motion, le synthésiste Anglais nous fait visiter son univers ambiant. On se croirait en pleine profondeur océanique avec ce long titre qui multiplie les oblongues couches d'un synthé aux couleurs iridescentes qui flottent et nous enveloppent d'une lente étreinte éthérée. China est la pièce de résistance de SINES OF LIVE Vol. II. L'intro est coulée dans les larmes d’un violon aux caresses orientales qui pleurent sous les ondoyants gémissements d’un synthé brumeux. Des riffs s'agrippent à cet immense vaisseau de mélancolie, fouettant une ambiance stigmatisée de tendresse. Comme par magie, et sous des larmes de violon plus intenses, les riffs se métamorphosent en pulsations sourdes qui oscillent sous un dense voile mellotronné alors que des percussions de style Bongos harponnent la douceur de China qui se contracte et s'éprend d'un rythme nerveux. Un rythme qui fait trépigner cette union de séquences et pulsations sourdes dans les nerveuses frappes de Bongos sans pour jamais effleurer la délicatesse des violons et des brumes qui ensorcèlent tout au long de cette saga musicale minimaliste dont la force du rythme et la vitesse des riffs s'accentuent continuellement et ce même si les voiles de brume et les larmes de violon en caresse la violence contrôlée. C'est un splendide monument de l’art électronique minimaliste. Walking with Ghosts (Single Version) clôture ce fascinant survol des titres oubliés et des styles diversifiés de David Wright avec une version assez commerciale qui se concentre sur la portion la plus animée de ce classique du fondateur de AD Music.

Loin d'être le genre de compilation qui surfe sur le succès et la reconnaissance d'un pionnier qui a toujours su comment marier ses harmonies à des structures musicales forgées dans les claviers et l'art abstrait de la MÉ, SINES OF LIVE Vol. II est une œuvre indispensable pour tous les fans de David Wright et ceux qui songent à le devenir. Il y a de tout dans cette étonnante compilation qui démontre la très grande versatilité d'un artiste qui est autant à l'aise dans les rythmes lourds et sautillants de la England School que ceux plus fluides et hypnotiques de la Berlin School sans jamais lever le nez sur des mélodies à l'eau de rose qui font couler les larmes du cœur.

Sylvain Lupari (05/11/12) ****½*

Disponible au AD Music

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