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Writer's pictureSylvain Lupari

David Wright Stranger Days (2018) (FR)

“Stranger Days présente les 30 ans de carrière de David Wright dans un solide double album où tous les styles et les époques coexistent au sein d'une même œuvre d'art”

CD 1 75:50 1 A Moment’s Contemplation 3:04

2 Re-Connected 7:34

3 Beyond Glass Mountains 5:20

4 Walking with Ghosts Fantasy 6:59

5 Krystal Halls 6:24

6 Always Tomorrow 4:35

7 Once Upon a Dream 6:16

8 Stranger Days (Parts 1-7) 35:10

CD 2 77:47

9 Rysheara (2018 version) 8:40

10 Call to Me (2018 remix) 8:43

11 Walking with Ghosts (Chilled remix) 5:10

12 Melt Away 6:16

13 Harmonic Heaven (Parts 1 & 2) 13:50

14 Light Source (Parts 1 & 2) 10:51

15 Colours of the Night 4:40

16 The Forgotten Symphony (Movements 1-4) 19:24

AD Music | AD188CD (CD/DDL 153:37)

(Berlin & England Schools, New Age)

Qu'est-ce qui fait qu'un nouvel opus de David Wright soit un évènement très attendu dans les cercles de la MÉ? Pourtant, le sympathique musicien Anglais n'a rien à voir avec le style Berlin School depuis longtemps. D'ailleurs son approche très mélodieuse et symphonique, que je considère égale à celle de Vangelis depuis l'album Direct paru en 1988, l'a amené à flirter avec les frontières d'un New Age digne de la voracité des médias et du public américain. Pourtant et malgré cette approche, ses albums se suivent et démontrent nettement plus de profondeur que le New Age. Attendu depuis fort longtemps, et maintes fois reporté, STRANGER DAYS en est encore l'ixième preuve. Derrière une production sans failles conduite par des arrangements aussi alambiqués que très stigmatisés dans du cristal d'émotions, cet imposant album double est en fait un improbable survol de la carrière de celui qui a fondé le label AD Music. Au travers quelques nouveautés et de longs titre-concepts qui étonneront à la 1ière écoute et séduiront à chaque nouvelle, se cachent aussi de vieux titre et d'autres plus récents qui ont été retravaillé jusqu'à l'entière satisfaction de cet artiste qui est derrière la vague de la England School du milieu des années 80.

Cette nouvelle aventure débute avec la lente envolée astrale des tendres nappes de violons séraphiques de A Moments' Contemplation. Composée spécifiquement comme l'ouverture souhaitée de STRANGER DAYS, la musique reflète l'esprit de son titre avec une vision contemplative composée avec l'idée d'allumer la flamme de nos émotions dès les premiers instants de ce double album. C'est quasiment réussi. Sinon, c'est un excellent prélude au superbe et très accrocheur Re-Connected qui était sur le E.P. Walking with Ghosts (The Remixes) réalisé en début Juin 2018. Les titres Walking with Ghosts Fantasy et Walking with Ghosts (Chilled remix) faisaient aussi parti de cette aventure auditive de 40 minutes. Je n'étais pas vraiment certain, je n'ai pas la pochette sous les yeux, mais il me semblait que j'avais déjà entendu Beyond Glass Mountains. Et c'est vrai puisqu'il s'agit d'une version retravaillée de Glass Mountains qui figure sur Ocean Watch. La version proposée ici est plus orchestrale avec des nouveaux effets électroniques et la suave voix de Carys qui donne toute une profondeur à ce titre devenu plus céleste. Une ballade lunaire très New Age! Krystal Halls est un titre composé avec Klaus Hoffmann-Hoock qui fut interprété par Code Indigo sur l'album E-Scape 2018. Maintenant, place au nouveau matériel! Always Tomorrow est une douce ballade électronique typique à la signature de David Wright. Belle et accrocheuse, on ne peut ne pas aimer sa simplicité. Sans doute inspiré des années Miramar de Tangerine Dream, avec ses effets de voix suaves et lointaines et ses bongos, Once Upon a Dream est aussi dans le registre très connu du musicien Britannique avec un rythme nerveux encerclé par de multiples textures de synthé dont une aux arômes de saxophone charmeur de sens. Du haut de ses 35 minutes et de ses 7 parties, la pièce-titre est un véritable monument de MÉ moderne où rythme, ambiance et mélodie flirtent dans un environnement où les multiples effets sonores sont autant synonymes de recherche que bien dosés. Une brise cosmique atterrit sur un séquenceur qui sculpte un rythme pulsatoire lent et sinistre. Des filaments soniques tournoient autour de cette ouverture, dérivant dans un trou noir où se forment des êtres de sons. Intense, la lente procession se recouvre d'une nappe de tons qu'un synthé perce de son approche mélodieuse. Ce synthé poursuit sa route avec ses solos et ses harmonies dans une deuxième partie dont le rythme prend plus sa forme et se transforme en un mini Silver Scale de Tangerine Dream. L'intensité est encore plus cinématographique avec une légère accélération du rythme qui grimpe par secousses dans l'ombre de cognements insistants et dans ces effets qui cisaillent une texture minimaliste et hypnotique tout au long de son processus introductif. Des riffs de guitare flagelle cette invasion rythmique très Berlin School qui roule comme un train montant une colline. Des tintements et de séduisants effets percussifs donnent du tonus à cette structure bien décorée par des solos qui tournent en boucles et des effets qui lui donnent une texture de velours légèrement piquant. On arrive à la partie 4 et le rythme reste toujours hypnotique dans un tintamarre sonique qui nous tient éveillé et qui garde nos oreilles sur le qui-vive. Enduit de nappes orchestrales un peu plus mélodieuses, la partie 5 garde son instinct rythmique qui se fanera graduellement dans les ambiances de la 7ième partie. Un titre épique qui démontre que David Wright peut faire autant de structures mélodiques faciles à commercialiser comme du très bon Berlin School visité avec une approche créative. On reprend nos esprits et on met le CD 2 dans le lecteur.

C'est une version revampé d'un vieux succès de David Wright qui attend nos oreilles. Interprété en concert, Rysheara (2018 version) évolue en mode rock électronique bien joué où le synthé et la guitare de Lee Morant s'échangent de très bon solos. L'identité du titre original, qui figure sur l'album Dissimilar Views, est quasi intacte, même dans son approche plus rock et étirée de plus de 3 minutes. Call to Me (2018 remix) en est déjà à son 3ième remix depuis sa parution sur Beyond The Airwaves Volume 2. Ça reste un titre léger, la voix de Carys va à merveille avec les harmonies teintées d'éther de David Wright, qui est aussi très près des frontières d'Enigma, tout comme Melt Away, et qui possède aussi des essences de Lounge ou de Chill Out. Harmonic Heaven (Parts 1 & 2) porte les couleurs de son titre avec une lente exploration dans un univers astral. Des voix de nymphes des cieux ornent un paysage d'ambiances célestes qui remontent jusqu'à nos oreilles avec de lents mouvements de violons, conduisant un rythme semi-nerveux, semi-contrôlé par un bon maillage de séquences et de percussions dans la 2ième partie. Ça reste une musique symphonique qui sied bien dans les territoires d’un New Age ambiant. Light Source (Parts 1 & 2) est en revanche plus animé et pourvu de bons solos de synthé dont la signature de David Wright est indéniable. La musique permute en un bon rock avec un étonnant jeu de percussions. Les harmonies sont tissées par la présence continue des solos et David pose ici et là des effets qui charment constamment l'écoute, dont celui où le mouvement des percussions trébuche. C'est très proche des premiers albums de David Wright. La 2ième partie expose une texture de violon dans les solos et le rythme respire plus sa lourdeur avec une bonne présence de la basse. Soutiré, afin d'avoir une chirurgie sonique, de l'album Marilynmba, sorti en 1998, Colours of the Night est une autre belle ballade électronique avec un synthé dont les nappes de violons et les harmonies flûtées sont très poignantes. Une ballade unique au style très romancé de David Wright. Arrangé avec Robert Fox, The Forgotten Symphony (Movements 1-4) termine cette œuvre massive avec une musique doucement animée par une vision ambiante. Le rythme respire à peine avec une séquence basse et une ligne de basse derrière ce barrage de violons où se posent de fragiles notes de piano qui sont les préludes à des passages harmonieux, dont cette superbe flûte paysanne aux charmes bucoliques à la The Keep. Parsemée de superbes clins d'œil aux grands maîtres de la MÉ, la musique repose sur d'intenses orchestrations couchées par un jeu très émotif du Mellotron. Et lorsque ce n'est pas cette flûte de Mellotron qui assaille nos émotions, c'est le piano qui les triture avec d'excellents passages tout aussi poignants. Des effets sonores originaux, comme des rires moqueurs d'un étrange oiseau ou des cliquetis d'une horloge dérèglée, ornent cette fascinante procession qui se termine avec une approche de danse clanique et un fort parfum oriental.

Monumental dans tous les aspects, STRANGER DAYS nous présente les presque 30 ans de carrière de David Wright dans un solide double album où tous les styles et les ans cohabitent à la même enseigne. Autour de 16 titres et plus de 2:30hres de musique, David Wright fait un étalage de son immense talent de mélodiste dans une musique qui flirte sans ambages entre les frontières du Easy Listening, du New Age, de l'England School et du Berlin School avec un petit zest de créativité plus poussé dans de longues structures, notamment dans Stranger Days (Parts 1-7). Sans être essentiels, les remixes sont tout à fait délicieuses aux oreilles. Mais n'est-ce pas ces petits détails qui font qu'un nouvel opus de David Wright soit un évènement très attendu dans les cercles de la MÉ

Sylvain Lupari (27/03/18) ****½* SynthSequences.com

Disponible chez AD Music

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