“Le plus beau paysage de la MÉ Anglaise coule à travers cet album”
1 0.5AU 9:36
2 Crystal Windsong 7:02
3 Subconscious Matter & Other Indigenous Lifeforms 5:04
4 Alpha 5:38
5 Desert Theme 6:26
6 Memories of Homeworld 9:00
7 The Lost Colony (Parts I-V) 24:14
(CD/DDL 68:24)
(England School, Melodious, E-Rock)
Des albums classiques! David Wright en a composé plus d'un, le dernier en liste étant The Reflecting Sky avec Stephan Whitlan. Matt Howard est un auteur Américain bien connu dans l'univers de la MÉ pour avoir écrit des chroniques et réaliser des entrevues entre 2001 et 2015. Il a fait parvenir à David Wright en 2012 sa nouvelle graphique The Lost Colony, soulignant qu'il serait intéressant que David compose un jour la musique qui collerait à son œuvre littéraire. C'est depuis ce temps que le musicien Anglais s'investit dans ce projet sans vouloir retarder les siens, ni ceux de son label AD Music. Il fut aussi tiraillé à savoir si telle ou telle composition servirait mieux à un de ses albums qu'à cette trame sonore. Pandémie oblige, il trouva finalement le temps et s'est surtout donner des guides afin de ne pas être trop littéral dans son interprétation de la nouvelle. Il voulait plutôt créer des panoramas musicaux pour mieux exploiter un sentiment d'identité et de narration. Ainsi s'explore THE LOST COLONY! Un mélodiste méthodique, David Wright prend soin d'exposer sa toile musicale avec une attention toute particulière à sa vision qui est encore de très haut niveau. Divisé en 2 longs actes musicaux, l'album propose un solide aperçu des valeurs de la MÉ de style England School. Un rock électronique inspiré de ses propres valeurs, ainsi que celles de Andy Pickford et de Ian Boddy. Donnant ainsi un merveilleux album où on croit réellement aux grandes lignes de la nouvelle de Matt Howard.
Un effet électronique, genre serpentin sortant d'une boîte allégorique, accueille nos oreilles pour l'ouverture de 0.5AU. Les ambiances choisies par David Wright sont plus cosmiques et futuristes. Un élément de rythme élastifié s'agite avant la barre des 2 minutes. Un écho dissonant répond à cette invitation en même temps que la montée dramatique et cinématographique des nappes de synthé apocalyptiques interpelle nos sens. Les séquences débutent le mouvement ondulatoire papillonnant, attendant la venue des percussions qui structurent le rythme entre un délicieux mélange de la England School et de la EDM. Un clavier sculpte cette mélodie qui l'on entendra sous diverses formes et sources tout au long de THE LOST COLONY, alors que tout au loin chante une voix sibylline. Voguant entre sa phase stationnaire et son hymne de danse électronique, 0.5AU s'appuie sur un solide jeu des percussions électroniques lors des envolées rythmiques. Crystal Windsong nait du rythme mourant de 0.5AU pour longer les corridors du Cosmos, étendant ses brises et toiles chloroformiques sur le parcours d'une route étoilée. Je peux voir ces étoiles d'ici et même ces filandres endormitoires s'y accrocher, tant c'est lyrique et réaliste. David Wright sort de sa zone de confort avec un titre comme Subconscious Matter & Other Indigenous Lifeforms en ajoutant un zest de psybient à cette délicieuse procession que nos pieds suivent avec son débit nonchalant. Le clavier se rend complice de ce slow-tempo velléitaire en jouant cette mélodie envahissante dont le timbre lent invite les prismes à scintiller. Un très beau titre qui trouve un peu plus sa noblesse dans de très belles orchestrations où nos idées valsent avec celles du musicien Anglais. C'est dans les murmures et réverbérations des ondes cosmique que Alpha dévoile sa vision cinématographique où suspense et drame s’affrontent dans une dimension ambiante qui fait renaître les parfums enfouis de Eddie Jobson sur Sphères of Influences de l'album Theme of Secrets. Le titre évolue avec des vagues d'ondes électroniques et des filets de chants flûtés pour atteindre un zénith plus électronique, justifiant ainsi sa transition vers le foudroyant Desert Theme avec Andy Lobban à la guitare.
Comme vous le savez sans doute, chaque nouvel album de David Wright amène un titre accroche-cœur. Et non, ce n'était pas Subconscious Matter & Other Indigenous! Ouverture cinématographique, guitare perse, rythme boom-boom et synthé versant sa mélodie pleurnicheuse avec un air Arabe, Desert Theme est le Beyond Paradise, de THE LOST COLONY. Point! Memories of Homeworld débute avec cette guitare, touchante de ses notes nostalgiques dans les brises d'un synthé aux visions bicéphales. L'écriture de ce titre donne des frissons en accentuant les accords graves qui étendent une aura prismatique très bien récupérée par de belles orchestrations. Un très beau titre avec une finale donneuse de frissons et qui clôt le premier chapitre de THE LOST COLONY. Du haut de ses 24 minutes, The Lost Colony (Parts I-V) est ni plus ni moins qu'une résurrection de Code Indigo, vu par David Wright! Issu d'une ouverture déchirée entre les sordides réverbérations des murmures des ombres et des orchestrations à l'eau-de-rose, un premier mouvement du séquenceur sculpte une vague ondoyante sous des textures symphoniques d'un synthé noir. Ce sont des accords de faux-sitar qui sort une première mélodie que de nerveuses basse-pulsations et des mains claquant vivement accueillent dans une ambiance sino-arabique. Une six-cordes mélodieuses sert de premier pont afin de propulser la première partie sur une musique vivante et entraînante qui nous aspire sur un plancher de danse. De furieux solos de guitare flagellent ces ambiances de danse païenne alors qu'en contrepartie des caresses de synthé agissent comme étant l’envahisseur de ce rock progressif électronique aux essences de Code Indigo. L'étalage des minutes de ce long titre permet d'entendre des fragments de sa première partie, notamment 0.5AU, lui permettant ainsi de voguer sans accrocs à travers Parts I-V. Suivant ce précepte, The Lost Colony (Parts I-V) volète entre ces phases avec des intermissions ambiantes servant de pont entre les structures rythmiques stationnaires et les phases de rock et danse bien arrosée par un synthé et de ses harmonies philarmoniques. Les passages de piano sont aussi illuminés que ces passages de flûtes orientales qui confirment le nette dextérité de David Wright sur ce titre à la mélodie et à la structure contagieuses. Et peu à peu, dans une finale qui ne veut pas mourir, ce long titre dissout sa structure de rythme et garde ses reflets harmoniques à la portée des oreilles qui les volent, morceau par morceau jusqu'à épuisement musical et tonal.
Disponible en CD manufacturé et en format téléchargement, THE LOST COLONY est vendu avec le livre en format PDF et vient avec 3 titres en prime si on prend la version téléchargement. Soit des versions pour radio de 0.5AU, Desert Theme et The Lost Colony. Les 3 ont une durée moyenne de 4 minutes. Au final, cet album est une réussite sur toute la ligne! Bien que le livre ancre son histoire à la musique, je me suis surpris à dériver dans des passages de Dune, surtout dans les 43 premières minutes de l'album. Intense, vivant, poétique et émouvant THE LOST COLONY est le berceau de la carrière de David Wright. De Reflections à The Reflecting Sky. De Andy Pickford à Ian Boddy. Le plus beau paysage de la MÉ Anglaise coule à travers les écritures de cette nouvelle de Matt Howard.
Sylvain Lupari (05/05/21) *****
Disponible au AD Music
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