“C'est un gros album de Berlin School avec un net penchant pour le progressif et l'expérimental, comme la Belgian School”
1 Ohmage 21:10
2 AlphaGo Beats Sodol 7:22
3 Muziek Uit De Kosmos 14:42
4 Dead Channel 10:15
5 Niks Anders As Geraas Nie 5:48
(CD/DDL 59:17)
(Belgian & Berlin Schools, Prog EM)
Bien que MUSIC FOR MUTATED TV 5 ne soit pas un album de Nothing But Noise, ça en a tous les apparences. C'est du gros Berlin School avec un net penchant pour du progressif et expérimental, comme la Belgian School, et c'est réalisé par le tandem Daniel B. et Dirk Bergen. Nous ne sommes donc pas bien loin de Nothing But Noise!
Le très long Ohmage débute avec un lit de réverbérations flottant sur un champ sonore, comme ces nuages de poussières mortelles sur un champs de bataille. Des larmes d'un synthé aux tonalités de Thérémine percent ces nuages radioactifs avec la grâce méditative d’une ombre tibétaine, créant un chant cosmique anesthésiant. Une note carillonnée sort de ce champs neurasthénique, éveillant la première étape du séquenceur qui jumelle ses ions avec les arpèges miroitant et les larmes du Thérémine ainsi que de ses solos vampiriques. Une marche ascendante, toujours sous le ton de musique pour somnambulisme, prend une délicieuse forme de psybient avec ces effets sonores qui se greffent aux pas du séquenceur. Une mélodie fantôme erre dans ce décor qui peu à peu s'émiette en souffles ténébreux venant des volutes de cette lente spirale ascensionnelle. C'est après la barre des 13 minutes qu'un rythme se forme avec des séquences lourdes qui semblent tracer une voie pour un séquenceur plus agile et nerveux qui libère une ligne scintillante. Une ligne qui tricote dans son effet d'écho, créant des soubresauts vifs qui cambriolent dans un univers de Space Art. Cette masse rythmique s'appuie sur ces effets de saccades qui rend la cadence nerveuse et chevrotante dans sa dimension devenue stroboscopique. Cette créativité rythmique s'épuise trop tôt, laissant les éléments d'ambiances guidés la destinée de Ohmage qui dérive jusqu'à un dernier soubresaut avant d'éteindre sa vie spasmodique. Mais Ohmage a eu le temps de tracer la voie des 31 prochaines minutes de MUSIC FOR MUTATED TV 5.
Entends-je un harmonica en début de AlphaGo Beats Sodol? Un rumine-babine qui s'évapore dans une texture violonée dont les vives saccades croisent la lenteur morphique des violoncelles qui réussissent à cimenter leurs présences dans des lents mouvements anesthésiants, mais sculpté dans la tension. Refusant toute stigmatisation de l'art de la composition, ceux qui portent des fois les habits de Nothing But Noise osent une structure purement anti-musicale mais qui revient dans une noblesse avec d'éphémères couleuvres aux couleurs rythmiques fluides qui se faufilent à travers les gerbes d'ambiances de AlphaGo Beats Sodol. C'est alors que nos oreilles remarquent une clameur tissée dans la rage des staccatos des instruments à cordes, poussant péniblement la carcasse rythmique pour danser dans une spirale lourde qui, par cycles, met tout son poids sur la partie amont de sa rotation. Lourd et magnétisant, le rythme réussit sa digne sortie au profit de ces lignes de staccato qui s'épuisent aussi dans une vision orchestrale crée par l'imagination pour une MÉ plus abstraite. C'est une montée de brises sombres soufflant avec des pointes d'intensité qui ouvre Muziek Uit De Kosmos. Dans un courant musical où la musique de chambre et celle de la Voie Lactée oppose leurs divergences, cette ouverture donne aussi naissance à un Berlin School timide qui accroit sa présence avec d'amples 8 chorégraphiés mécaniquement qui a la particularité de piétiné dans le dernier demi-cercle qui ferme sa chorégraphie numérique. Ce splendide mouvement vacillant accélère la cadence dans ce qui ressemble à une perte de contrôle dont les débris deviennent un filet industriel. Suspendue à notre écoute, cette ligne restructure le rythme de Muziek Uit De Kosmos avec une floppée de courtes séquences qui se font des ruades entre les boucles d'un rythme lourd, lent et résonnant comme un beau Berlin School dans une zone industrialisée par des fabricants de violons et autres instruments à cordes. Un titre énorme!
On arrive dans Dead Channel et sa marche de conquérant fanfaron. Le rythme démarre lentement, mais l'enveloppe est plus électronique avec son nid de pulsations qui partent dans une belle incohérence afin de structurer un genre de Funk, sinon Hip-Hop comme une gang d'obèses sautillant avec leurs fascinants bruits corporels. Le mouvement y va de quelques accélérations, dont une qui est plus soutenue de la minute 4 à la 6ième, faisant danser nos neurones avec une suractivité au niveau des effets sonores. Et à ce niveau, il faut avoir les oreilles aux aguets, nous les avons, car la flore tonale est plus développée sur ce titre boitillant et sautillant d'ivresse qui est riche de ses effets d'écho et de réverbérations caoutchouteuses. Niks Anders As Geraas Nie est le lent alunissage de MUSIC FOR MUTATED TV 5. La force gravitationnelle fait vibrer la navette qui s'émiette peu à peu dans une intense descente qui joue sur nos nerfs avec des effets sonores tantôt tranquille et tantôt éprouvant pour les cosmonautes invisibles, parce que c'est de la MUSIC FOR MUTATED TV 5. Un excellent album de Nothing But…NoN! De db2 qui est Nothing But Noise, tant en matériel musical ici qu'en créativité. Excellent! Il n'y a rien d'autres à dire!
Sylvain Lupari (22/09/20) ****¼*
Disponible au db2fluctuation Bandcamp
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