“Techno psychédélique et IDM enveloppés de phases ambiantes, ONE nous vire à l'envers et déchire nos tympans”
1 Elementary Particles 9:18 2 Mind at Large 8:09 3 Sirens 6:52 4 The Eagle Has Landed 8:59 5 Tiny Paper Squares 8:19 6 Moksha 7:33 7 Neptune 8:34 8 The Gate 8:41 Spotted Peccary | SPM-2201 (CD/DDL 66:25) (Psy-trance, EDM)
Je ne suis pas vraiment un amateur de Trance, Goa, EBM (qu'est-ce que c'est au juste?) ou encore de Hard ou Psy Techno. En revanche, une des choses que j'aime de la MÉ est son immense potentiel à tracer des schémas musicaux qui sortent de l'ordinaire. Des sons, beaucoup de sons de tous acabits, et des ambiances éthérées par-dessus des rythmes de feu peut donc satisfaire mon avide soif de l'infini musicale. Et c'est exactement ce que propose DeeperNET avec son premier album ONE. Spotted Peccary ne cesse d'étonner en élargissant ses horizons avec la venue d'artistes aux idéaux musicaux qui sont en total opposition avec l'approche très ésotérique du label américain. Après le superbe Desatero de Northcore, c'est au tour de Andrew Miles et de son projet DeeperNET de secouer les branches de la sérénité musicale du label de Ben Cox. L'exercice musical et sonore que propose Andrew Miles en est une de rythmes fracturés, mâchouillés et recrachés sous diverses formes de Trance, GOA et techno entre des ambiances d'une MÉ éthérée et cosmique qui laissent juste assez de temps pour permettre à nos oreilles de respirer. Les rythmes sont lourds et puissants, bouillonnant et tempêtant dans des ambiances électroniques aussi éthérées qu'endiablées. Ceux qui connaissent le genre seront aisément capables de pointer des influences. Moi j'entends du Leftfield, du Prodigy, du Juno Reactor, du Daft Punk et même un peu d'Infected Mushroom me triturer l'oreille dans des ambiances qui éveillent les réminiscences d'un Jean-Michel Jarre en mode techno.
Et dès le début d'Elementary Particles on comprend l'attrait des sonorités électroniques pour DeeperNET. L'intro est tapissée de couches de synthé qui flottent dans le sillon d'une tempête implosant de tonalités hétéroclites. Ce bref passage de psybient converge vers les puissantes pulsations d'un gros caisson. Et c'est parti. Boum-Boum! Le rythme est lourd, pesant. Il sautille nonchalamment sur une jambe dans un environnement sonore nourri de tonalités électroniques que seule l'imagination peut rêver et ainsi nourrir les câbles et les boutons des synthés. Une ligne de synthé s'échappe pour mouler une mélodie nasillarde, alors qu'Andrew Miles fragmente l'approche rythmique par portions, ajoutant des tonalités de bouteilles verres, des cerceaux sonores fumigènes et des bribes de mélodies qui s'égarent dans un maelstrom de rythmes ou le techno s'agrippe de ses lourdes frappes de percussions. L'intro de Mind at Large inonde nos oreilles avec une nuée de tonalités biscornues aux odeurs de métal déchiqueté par un immense broyeur. L'enchantement vient du rythme qui se dessine par des dizaines de coups d'enclumes, des pulsations aux répétitions nerveuses et minimalistes ainsi que des bruits de chaînes qui se ruent sur d'énormes claquements métalliques. Ce rythme harponné par un habile mélange de bruits, percussions et pulsations virevolte dans les courbes d'une ligne stroboscopique très mélodieuse avant de flancher pour un passage plus nuancé et près de l'ambiant cosmique en deuxième portion. Très bon! Les éléments soniques cosmiques sont légions dans ONE. Sur Sirens ils trucident un mouvement linéaire pulsatoire et stroboscopique d'une odeur de psy-trance. Le rythme s'agrippe à un mouvement de séquences aux accords pulsatoires qui sautillent résonnent en dodécaphonique. Un bref passage cosmique freine l'ardeur d’un tempo qui s'égare dans les échos des voix de sirènes cosmiques avant de rejaillir avec une vélocité moindre. Et ainsi vont les 66 minutes de l'album.
Plus près du techno pur et dur, The Eagle Has Landed et Moksha gigotent sur des rythmes aussi entraînant que les couches de synthé dont les savoureuses harmonies et les cerceaux hachurés flottent en contresens des attaques de rythme technoïde. DeeperNET prend un soin jaloux de fracturer ses rythmes en insérant des phases cosmiques, sauf pour Tiny Paper Squares qui bouillonne de ses percussions, séquences et éléments soniques futuristes. Tapis comme une bête de rythme électronique aux puissantes pulsions psychotroniques, Neptune dépeint à merveille les méandres d'un psy techno avec un rythme aussi coulant que sa mélodie aux souffles rauques et nasillards. The Gate clôture avec un techno assommant qui résonne en sourdine parmi des lignes de synthé aux aboiements musicaux et des accords dont les tonalités de verre et de xylophone tournoient sur une structure en perpétuel mouvement. On tape du pied, on bang de la tête et on écoute toutes ses tonalités biscornues qui se fondent dans une mélodie électronique morcelée par des lignes stroboscopiques.
Du techno psychédélique et de l'IDM enrobés dans l'ambiant, ONE assomme nos sens et déchire nos tympans autant qu'il dégourdit les 10 orteils des pieds les plus maladroits. Spotted Peccary prend un beau risque en ouvrant une brèche dans son catalogue afin d'offrir une MÉ plus vivante tout en maintenant le cap sur les approches progressives. Et des albums tels que ONE, j'en prendrais régulièrement. Andrew Miles présente une mosaïque de rythmes qui, s'ils se ressemblent, éclatent de fraîcheur et d'originalité avec ce mélange de phases ambiantes et de rythmes débridés qui se fondent dans du techno assourdissant. Mes murs ont tremblé, mes planchers ont sauté et mes oreilles ont aimé.
Sylvain Lupari (02/07/13) ***¼**
Disponible chez Spotted Peccary Music
Comments