“On amorce la découverte de Hemispherica Portalis en se disant que nous allons affronter un univers de psybient tribal”
1 Hemispherica Portalis
(Portal of 1000 Years) 6:58
2 Concunus Dracus
(Dragon of the Heavens) 9:30
3 Formulata Oblivonos
(A Complicated Tale) 9:14
4 Ecumenicus Orato
(The Umbilical Center) 12:54
5 Saltis Nominus
(Floating Seabeds) 11:38
6 Terminus Equitos
(Redemption Seeker) 6:09
7 Amphibinatum
(Myths and Legends) 9:05
(CD/DDL 65:29) (V.F.)
(Tribal Psybient)
Une flute des bois accompagne la légère brise synthétisée qui fait monter Hemispherica Portalis à nos oreilles. Au même moment, une flore tonale digne de cette fabuleuse pochette fleurie en même temps qu'une ligne de basse ajoute une dimension cinématographique, genre drame. Cette floraison des tons s'ajuste au panorama d'ambiances en insérant ces diverses palettes (entends-je une trompette quelque part?) qui accompagnent la lente procession d'un piano égaré dans ce torrent de brises, d'étreintes flûtées et d'orchestrations d'un univers parallèle qui stigmatisent Portal of 1000 Years dans le serein environnement de HEMISPHERICA PORTALIS (Portal of 1000 Years). On ne connait pas Desensitized, mais on connait les deux musiciens qui y concoctent une fascinante trame sonore qui possède cette essence de mythologie Elfique, comme dans les forêts enchantés des univers de J. R. R. Tolkien. Deborah Martin, une synthésiste reconnue pour ses approches mélodieuses tribales, et Dean De Benedictis, plus connu pour ses approches expérimentales, sont à l'origine de cet album d’ambiances intense qui s'abreuve des idées de musique d'ambiances de la génération Peace & Love des années psychédéliques, mais dans un contexte de modernisation des tons. Les deux musiciens confrontent leurs styles dans un décor de musique méditative avec la complicité de synthés digitaux à la fine pointe technologique, créant une flore tonale sans limite qui est à l'origine de luxuriant panoramas aux couleurs tonales des plus disparates. Une réalisation du label Américain Spotted Peccary, HEMISPHERICA PORTALIS (Portal of 1000 Years) est un album juteux dans les écouteurs qui est proposé autant en format téléchargement 16 et 24 Bits ainsi qu’en CD manufacturé qui nous arrive dans une splendide pochette digipack à six panneaux ornés de cette magnifique toile de Daniel Pipitone.
Concunus Dracus instaure un climat similaire à celui de la pièce-d' ouverture. Une ligne ondoyante fait rayonner ses chaleureuses vagues d'où émerge un chant de synthé et ses arômes de flûtes sibyllines. Le décor est soutenu par les ombres chinoises de ce chant qui se met à ondoyer, à zigzaguer comme étant envahi par l'opium des Sages. Ces deux premiers titres plongent l'auditeur dans un monument d'ambiances qui aurait pu se dérouler sans intermission, tant ils coulent de la même source. Et c'est avec les oreilles en fleurs que Formulata Oblivonos fleurit entre nos oreilles. Son introduction est tissée dans le mysticisme avec un dandinement des sphères d'ambiances qui jette les prémices d'un rythme vague et lointain. Et dans cette mosaïque enchantée, toute formes de rythmes procurent une dimension d'extase tant en morcelant le contexte de sérénité des lieux. Différentes couleurs tonales, et différents brises inondent son début de parcours où se greffent une série de miroitements shamaniques et de sourdes explosions. L'ossature de rythme se nourrit de l'intensité qui se gonfle à mesure que les secondes bouffent nos tympans d'une luxuriante voracité. Percussions, miroitements, et claquements de pouce sur l'index, le rythme se dessine peu à peu sans exploser mais plutôt s'affaiblissant dans des jets de brume et ces chants chinois du Spectrasonics Omnisphere. Ecumenicus Orato éclot avec un autre de ces chants orientaux. D'autres soupirs s'ajoutent à ce décor que de fascinants gargouillements projettent comme une aura verdâtre. Le pouvoir des orchestrations sculpte une vision éthérée d'une autre planète, que des chants distordus des synthés ramènent dans une zone psychédélique vintage. Ce plus long titre de HEMISPHERICA PORTALIS (Portal of 1000 Years) propose une autre structure luxuriante ésotérique avec une douce approche de musique cosmique endormie par les différents hologrammes de chants tibétains dans une zone bien alimentée en bruits organiques, comme en brefs implosions dont les rayonnements n'arrivent à faire basculer The Umbilical Center dans une phase rythmique.
On semble tourner en rond dans cet aventure de Desensitized! Sauf que nous avons à faire avec deux vétérans qui sont passés maîtres dans l'art d'insuffler une ossature rythmiques à leurs textures méditatives. Saltis Nominus déploie une texture nettement plus électronique où tintent diverses clochettes dans un fascinant univers remplis de matières organiques et d'effets de voix difformes. La deuxième partie de Floating Seabeds est un pur délice pour les tympans avec un genre de procession de milliers d'étoiles qui fusionnent en un délicat rythme ascensionnel. Un moment unique et magique qui me fait penser à écouter du Michael Stearns prochainement 😊. Un doigt pousse un piton et le son éclaire nos oreilles. Ce principe d'ouverture est pour chaque titre, alors que des lignes twistées et difformes prennent les commandes de Terminus Equitos. C'est un étonnant Berlin School qui attrape nos oreilles avec un rythme oscillatoire rushant comme un train fantôme dans une plaine aux tonalités disparates. Des séquences lumineuses et des percussions indigènes donnent une dimension spectrale à ce rythme orné d'une membrane de psybient contemporain. Ce rythme fait flèche de tout bois dans un délire sonique qui dépasse, dans ce contexte, toutes mes attentes. Tellement bon que ce Redemption Seeker, insérer vers la fin de cet album lui insuffle un nouveau regard. Amphibinatum (Myths and Legends) termine HEMISPHERICA PORTALIS (Portal of 1000 Years) avec une vision acoustique fusionnée avec tout l'attirail de la faune organique de rattachée à cet album. La six-cordes acoustique trimballe des accords qui peuvent s'harmoniser à ces stries synthétisées et à leur poudre verdâtre d'un univers où les sons sont sources de charmes et de fascination.
On amorce la découverte de HEMISPHERICA PORTALIS (Portal of 1000 Years) en se disant que nous allons affronter un univers de psybient tribal principalement conçu avec le Native Instruments Reaktor. Le port du casque d'écoute facilite un peu mieux sa découverte, alors que mes Totem ont fait pousser de la fougère dans mon salon. Le duo Desensitized maitrise les 65 minutes de cet album avec brio, évitant ainsi à l'auditeur de plonger dans un territoire hostile à une première écoute en le maintenant constamment sur le qui-vive avec un crescendo invisible mais palpable lorsque l'on s'y attache.
Sylvain Lupari (12/10/20) *****
Disponible chez Spotted Peccary Music
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