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Writer's pictureSylvain Lupari

DIGITAL HORIZONS: Generations (2022) (FR)

D'une MÉ vivante à du Berlin School, ce nouvel album de DH couvre beaucoup de terrain

1 Generations (Part One) 37:44

2 Generations (Part Two) 25:40

(DDL 63:00)

(Electronica, Berlin School)

Admettant d'emblée les difficultés reliées à la composition de courtes pistes de musique, Justin Ludford propose une mosaïque de courts titres dans GENERATIONS. On parle ici de plus d'une demi-douzaines de structures dans les 38 minutes du premier titre de ce dernier album-téléchargement de Digital Horizons. Il a par la suite ajouté des phases de transition, permettant à la musique d'évoluer à l'intérieur des paramètres de la England School et de l'électronica. L'inspiration qui a servi de moteur pour les 63 minutes de ce dernier effort de DH provient d'une observation sur façon dont différentes personnes de différents horizons et de différents âges peuvent souvent trouver un terrain d'entente dans leurs façons de penser, leurs intérêts et leur façon de vivre. Toujours inspirée par un certain trio de Berlin, on observe de plus en plus dans les œuvres de Digital Horizons, les influences de Andy Condon (The Glimmer Room) qui sont nettement ascendantes dans la 1ière partie de GENERATIONS.

Se défaisant de sa brève envolée orchestrale, Generations (Part One) fonce dans nos écouteurs avec la vitesse et la hargne spasmodique d'un train. Une nappe de basse arrondie les angles de ce rythme qui suit un parcours bosselé de dunes, créant ces subtiles modulations rythmiques qui montent et descendent dans des brumes de violons. Des voix se joignent à cet élan de furie, ainsi que des arpèges à la mélodie incertaine dont les scintillements se perdent dans une opaque enveloppe où chimères et sibyllins cohabitent en refusant toute fusion. La vitesse de cette première étape rythmique de GENERATIONS s'estompe dans un tintamarre de stries aux criantes couleurs écarlates quelques 20 secondes avant la 5ième minute. Les multiples battements d'accords de clavier dansent par la suite aléatoirement sur la profondeur d'une nappe de basse et de ses pulsations plus coordonnées. Leurs vibrations tissent une onde élastique qui devient musicale avec des modulations ondulant dans une vision Électronica qui se confirme lorsque des arpèges tombent dans une cohésion rythmique en forme de canon. Une 3ième structure rythmique en mode caoutchouteuse et stroboscopique anime Generations (Part One) autour de sa 11ième minute. Une puissante basse répond à cette écho rythmique avec de bonnes pulsations alors que les percussions restent en mode militaire et Électronica. Un passage séduisant pour l'oreille puisqu'il se métamorphose légèrement quelque 5 minutes plus loin, alliant Électronica à un séquenceur en mode Tangerine Dream alors que Justin Ludford polarise les influences de The Glimmer Room dans un des plus beaux passages très mélodieux de GENERATIONS. Les poils sur mes bras et de mon âme ont levé! Le titre prend un autre virage un peu avant sa 22ième minute. Après un bref soubresaut énergique, la musique replonge dans une sphère stroboscopique mais plus ambiante cette fois-ci tout en conservant ses mêmes charmes. Exception faite de ses 3 dernières minutes vivement animées par une série de basse-séquences, Generations (Part One) propose un dernier tiers plus en mode rythme minimaliste ambiant où stries écarlates et accords de clavier aux tonalités argentées rejoignent les dimensions d'une belle musique électronique (MÉ) tout à fait agréable et facile d'approche.

Ondes de synthé et cornes de vents bruyants, Generations (Part Two) démarre avec des vagues de sons métalliques sur une distance de plus de 2 minutes avant que des tintements et des accords percussifs se font entendre. Ils alimentent une structure de rythme dont la seule ambition est de se promener en étendant une résonnance qui se fond assez bien dans ce décor de tintamarre industriel. Au-delà des fragiles boucles de synthé, des accords organiques apparaissent autour de la 5ième minute dans un panorama sonore dominé par ces bruyantes nappes et complaintes synthétisées. La première métamorphose de Generations (Part Two) s'opère après sa 6ième minute. Des percussions, des basse-pulsations et des effets percussifs organiques s'installent sous les gigantesques stries hurlant le métal lorsqu’un mouvement circulaire du séquenceur, légèrement saccadé, fait défiler ses séquences dans un pattern de rythme flottant dans une membrane spasmodique anime des souvenirs musicaux de la 1ière partie de GENERATIONS. Peu à peu, ce long première segment de Generations (Part Two) se dirige vers une phase de transition autour de sa 10ième minute. Ce court pont atmosphérique se construit dans l'intensité avec de puissantes nappes de synthé analogue et des séquences qui sautillent dans l'ombre de la précédente dans un mouvement ambiant finement saccadé qui rappelle Tangerine Dream. Des ombres chtoniennes naissent d'accords de clavier austères et de ces nappes ayant un filet de trompettes apocalyptiques, rappelant toujours la période analogue de TD. Elles accompagnent la procession de cette longue phase 2 de Generations (Part Two) qui s'anime un peu mais reste toujours dans une douce vision de musique ambiante des années 70.

De la MÉ vivante à du Berlin School traditionnel, en passant par diverses sources de l'Électronica et de la musique d'ambiances industrielles, GENERATIONS est un album-téléchargement qui ratisse large. C'est du bon Digital Horizons assez accessible puisque la musique n'est pas aussi disparate que ce genre de mosaïque musicale peut créer parfois. La production, comme le mastering, sont soignées de sorte que la musique est aussi attrayante sur des haut-parleurs que dans les écouteurs.

Sylvain Lupari (28/03/22) *****

Disponible au Digital Horizons Bandcamp

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