“C'est un album d'extravagances musicales rempli de cette tension progressive qui nous cloue à notre fauteuil, les oreilles bien vissées à nos écouteurs”
1 Free as a Bird 8:22
2 Natural Causes 13:28
3 Wild Life 13:00
4 Darwinian 11:39
(DDL 46:30) (V.F.)
(New Berlin School)
Je me demandais bien pourquoi Justin voulait tant que ça que j'écoute ce E.P. de 46 minutes (sic!) au lieu de son tout récent album Locigal Step. Alors je m'installe et une nappe de synthé musical étend ses pads flottants dans une ouverture où les irradiations sculptent 3 élans statiques. Une basse séquence étend aussi ses résonances dans un mouvement de ballant, enracinant Free as a Bird dans une ouverture qui commande à nos sens de s'attendre à plus. On perçoit constamment une gradation, tant dans les ambiances que le rythme, lorsque le séquenceur libère une ligne statique. Et c'est peu après la 4ième minute que des percussions donnent un deuxième élan qui pousse le titre à se rebeller avec des ruades dans un rock cosmique. Pas mauvais, Free as a Bird installe ce parfum des sons et des ambiances qui font un lien entre Jean-Michel Jarre, pour les percussions, et Tangerine Dream, pour ces pads de synthé sculptés dans la brume. Mais j'ai senti, tout au long de ces 8 minutes, une tension dans ce titre dont les cendres s'installeront tout au long de NATURAL CAUSES. C'est une ouverture solennelle, orgue intrigant, qui pousse la procession d'arpèges séquencés à zigzaguer sur une texture musicale un peu plus métallique, style des années 81-82, de la pièce-titre. Des percussions, certaines ont un ton claquant, et une ligne de basse séquences poussent cette chancelante phase de rythme, dont la tonalité est presque chantée, dans un carrousel musical qui monte et descends comme un bon Berlin School ambiant. Ce carrousel est illuminé par des séries d'arpèges miroitant dont les différences tonales créent une poudre de lumières et de sons, alors que les séquences et les percussions varient la force et la forme d'un rythme magnétisant.
Ces arpèges effectuent une grande danse folâtre qui s'accroche aux booms circadiens d'un rythme morphique. Des effets cosmiques survolent les poudres de brume des nappes anesthésiantes qui forment un toit imaginaire au-dessus de ce dôme stimulé par l'effet sphéroïdale des arpèges séquencés et des vibrations des boom devenus assourdis par une masse de nappes et d'ondes cosmiques. Une brèche ouvre le mécanisme sphéroïdal de Wild Life un peu après la sixième minute, modifiant ainsi un parcours afin qu'il devienne un rock électronique conçu pour faire dodeliner notre caillou vers l'avant. Wild Life devient alors une immense structure stationnaire remplie de sons, mais on sent que le rythme force pour aller de l'avant. Des lignes de synthé et leurs effets cosmiques aux lignes d'harmonies divisées et égarées dans cet immense bouillon sonore sans oublier les effets dramatiques des accords austères, ce bouillon en suspension absorbe tous les éléments dans un immense foutoir rempli de charmes. Ce micmac trouve son équilibre dans son intensité et sa créativité au niveau du balancement entre les percussions et des effets percussifs aux tonalités de crotales ainsi que les arpèges qui stimulent autant le rythme que la mélodie. Un titre rempli de passion qu'il faut entendre! L'ouverture de Darwinian vit du même principe! Le titre se présente aussi comme ce gros bol de sons qui tourne par une séries d'accords graves et austères. Cette masse musicale circulaire sert la cause à des synthés, leurs harmonies comme leurs solos chanteurs. La vision est dantesque avec la procession des nappes dont la tonalité de vieil orgue du village fait contraste avec l'esprit plus contemporain qui forme le décor astral d'une musique qui se ressource dans le désordre. D'autres mouvements, plus linéaires ceux-ci, du séquenceur infiltrent ce gros cumulus sonore en créant des contre-courants rythmiques qui vont à ravir avec l'essence du rythme sans rythme et d'ambiances anfractueuses sorties de l'imagination de Digital Horizons depuis l'épanouissement Wild Life et qui fait de NATURAL CAUSES un album assez particulier.
Un album et surtout une musique coulée avec cette tension progressive qui nous cloue à notre fauteuil, les oreilles bien vissées à nos écouteurs. Lumineux et tout de même assez musical pour un tel contexte, NATURAL CAUSES est une raison de plus pour découvrir la musique de Digital Horizons. Et toujours je me demande pourquoi? Peut-être que ça sonne très TD par moments… 😊
Sylvain Lupari (07/08/20) *****
Disponible au Digital Horizons Bandcam
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