“Quel merveilleux album de Divine Matrix. Pas parfait, mais pas loin!”
1 Into the Deadlands 9:30
2 Call of the Ancients 6:18
3 Dreamlife 6:18
4 Mouth of the Temple 7:52
5 Between life and Death 5:00
6 Summon the Storm 5:30
7 Shadow Whispers 5:14
8 Lament of the Dead 5:08
(CD/DDL 50:50)
(Ethnic E-Rock, Psybient)
Des grognements électroniques, tournant comme une fronde géante, et des pépiements d'oiseaux du dimanche ouvrent le très étonnant Into the Deadlands. Une ligne de basse séquences émerge assez tôt pour créer un rythme dans le genre de rock électronique avec des suites de 6 ions, au contour élastifié, qui montent et descendent dans une ambiance de psybient. On peut entendre des accords s'entrechoquer, des effets de distorsions comme des cognements et des stries écarlates torsadées. Et 30 secondes après la 3ième minute, c'est un rock planant dans une ambiance plus industrielle que spirituelle qui nous éclatent entre les oreilles. Les percussions électroniques parachèvent une structure où les lignes de synthés, comme celles sonnant comme une guitare, dessinent des arguments musicaux aux étranges formes tordues, comme dans les belles années du pot et du patchoulis. Si une courte ligne d'harmonie se loge bien dans les oreilles, cette sourde clameur, propre à un engouement généré par un état de transe, a tôt fait de l'enfoncer plus loin. Créant sa structure autour d'une horde fredonnant un psaume à la servitude, Divine Matrix atteint un paroxysme d'intensité qui atteint son point culminant avec un cri de frayeur autour de la 8ième minute. Pris de vertige, la musique et ses effets de Into the Deadlands titubent pour s'accrocher à une structure semi-chancelante afin de retourner se cacher sous les chants des oiseaux du dimanche. Dans un communiqué afin de présenter son nouvel album HEART OF THE SHAMAN, Steve Barnes aimerait sentir que son public soit autant submergé que lui dans les ambiances des forêts Aztèques. C'est un peu ce qui se produit avec Into the Deadlands qui crée une première sensation d'ensorcèlement. Cette sensation se développe au fil des titres qui défilent entre nos oreilles. À ce propos, la qualité sonore de cet album est exceptionnelle. Divine Matrix superpose plusieurs couches d'ambiances, de chants et d'incantations tout en couchant des harmonies fugaces et des éléments de psybient, si ce n'est pas de psychédélique tout court, qui enflamment des structures tantôt ambiantes et ensorcelantes. Les patterns de séquences ainsi que les percussions sont top notch avec une vision intelligente celles autochtones. Ce qui surprend sont ces rocks électroniques décapants qui animent des titres nés de phénomènes atmosphériques. Et de titre en titre, on sent une forme d'envoutement s'emparer de nous. Un peu comme si Steve Barnes nous avait réellement envoyé un sort à partir de son studio.
C'est dans une atmosphère de procession païenne que s'ouvre Call of the Ancients. Une ligne de séquences circulaires sort entre deux battements et deux chants pour les anciens, créant un rythme électronique dont la vélocité flirte avec le style danse et transe. Les percussions aborigènes, jumelées aux séquences, structurent un imposant rythme sauvage qui est entrecoupé par d'autres incantations pour revenir dans une forme plus étourdissante. On retrouve une autre forme d'oraisons avec des murmures divinatoires dans le très ambiant et ténébreux Between life and Death. Puis vient Dreamlife avec une autre forme de prière, récitée en anglais, sur une structure semi-ambiante. Une structure qui devient plus animée avec des percussions manuelles où se joint une incantation musicale interprétée par une guitare. Et alors que la structure vibrionne par ses élans stroboscopiques, nous entendons ces chuchotements qui nous amène graduellement à la finale. À date, le souhait de Steve fonctionne à merveille. Et ce n'est pas Mouth of the Temple qui va virer ça de bord. Bien au contraire, Divine Matrix propose sur ce titre rien de moins qu'une délicieuse structure qui est complice de Into the Deadlands dans une vision rythmique plus hypnotisante. Summon the Storm débute sans préambule, si ce n'est qu'un tonnerre dans une nuit orageuse où pleure une guitare et ses solos plaintifs. Une chorale céleste descend pour installer sa vision de quiétude qui sera bannie par une approche circulaire et stroboscopique du séquenceur. J'aime ces combats entre l'électronique et l'organique qui se pointent assez souvent dans HEART OF THE SHAMAN. Si le chanteur marmonne, les percussions sont sans appel en martelant un gros rock habillé de pastiches et d'effets twistés d'un synthé riche de ses expressions sonores. Un rock alternatif électronique avec un chant latin! Que peut-on espérer entendre mieux? Écoutons voir… C'est sous les résonnances d'une batterie ayant un accent électrique que débute Shadow Whispers. Nous sommes en pleine jungle avec un rythme lascif brillamment structuré par un ingénieux pattern de batterie et séquences. Les chocs de cymbales et les whoooff des voix sont parmi ces éléments qui captivent nos sens. On entend les chants des natifs de même que des chuchotement qui m'amènent dans les ambiances de Mind Over Matter (Freak Street) et leurs hymnes à la Terre. Les ondes sibyllines des synthé et une conversation murmurée furtivement sont d'autres éléments qui nous emmurent dans les sortilèges de HEART OF THE SHAMAN. Envoûtant et troublant! Lament of the Dead propose une texture ambiante et éthérée avec de beaux chants de mellotron dans un jardin de l'Éden. Là où sifflent ces oiseaux célestes, on se sent porté par de luxuriantes nappes de synthé qui sont comme ces oiseaux géants nous transportant vers notre dernier et ultime endroit de repos éternel…ou juste pas!
Quel merveilleux album de Divine Matrix. Et je suis totalement en accord avec le guide de presse qui stipule que HEART OF THE SHAMAN soit son meilleur album à date. Tout est calculé dans cette œuvre pour que l'auditeur devienne captif d'un ensorcèlement graduel qui vient de titre en titre. On ne le sent pas venir! C'est rendu à Summon the Storm que le doute s'installe, la certitude venant de Shadow Whispers. Pas parfait, mais pas loin!
Sylvain Lupari (06/06/21) ****¾*
Disponible chez AD Music
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