“Espérons que cet Helios mettra enfin le nom de Divine Matrix parmi cette liste de noms sûrs pour acheter de la musique électronique”
1 Helios 6:02
2 9 Planets 6:42
3 Atomic Spectra 6:36
4 Child of the Sun 9:46
5 Source of Bounty 7:50
6 Solar Wind 4:58
7 Photosynthesis 7:12
8 Tracking the Light 6:34
(CD/DDL 55:40)
(New Berlin School)
Divisée en deux parties, la pièce-titre émerge d'une ondée cosmique avec un séquenceur qui fait timidement sautiller une ligne de rythme sous les nappes circulaires d'un synthé et de ses effets sonores qui sautillent en harmonie avec le rythme ambiant de Helios. Les 3 premières minutes suffisent à Steve Barnes pour créer un noyau rythmique complexe avec des lignes de rythmes qui s'entrecroisent et serpentent les ambiances pour établir un contact bondissant en saccades circulaires. Tout au long de cette séquence rythmique, le clavier crée une nébuleuse mélodie qui crachera encore plus son autorité dès que Helios franchira son point de rupture après la 3ième minute. Cette mélodie, aussi complexe que son noyau rythmique, reste ancrée dans la force statique du titre pour finalement être absorbée dans une lourde masse réverbérante. Six minutes pour 4 développements! Il n'y a pas à dire; la musique de Divine Matrix adopte des schémas de turbulences schizophréniques qui séduit, mais qui peut aussi en dérouter plus d'un. Ça fait un bail que je n'ai pas entendu de la musique de Divine Matrix, l'un des artistes des plus intéressants à avoir émergé de AD Music. Et contrairement à toute cette nouvelle vague portée par le New Age du label de David Wright, Steve Barnes fait dans du rock cosmique-électronique inspiré du Berlin School, comme le démontre les nombreux patterns du séquenceur qui font très Chris Franke dans sa période avec TD. Mais tout n'est pas parfait dans HELIOS! Dans une belle palette de styles, on retrouve beaucoup de commentaires et/ou de dialogues cinématographiques sur la science pure et la science-fiction. Comme dans le titre suivant, 9 Planets.
Pourtant, le rythme est très beau. Structuré par le séquenceur et ses lignes d'arpèges scintillants sur place, une ligne harmonique fait papillonner ses ailes argentées alors que le noyau rythmique l'emprisonne avec plusieurs axes qui créent un pivot circulaire. Une mélodie sortie du champ gauche laisse errer ses accords comme un piano pensif égarant sa mélancolie dans un bocal où tourbillonnent des centaines de lucioles musicales. Le principe intro-rythme-mélodie-phase ambiante frappe aussi 9 Planets. Mais la mélodie séquencée sur deux série de 4 touches continue de vivre et même amplifier sa présence lorsque la musique sort de sa phases ambiante autour des 4 minutes. Des accords réverbérants font contrepoids avec cette idylle musical qui me tenaille depuis son ouverture. Et tranquillement 9 Planets est attiré par la curiosité de sa finale où une logue interrogatoire de presque une minute m'a déjà fait oublier son ouverture. Un titre que Divine Matrix doit revoir absolument, mais sans textes! La voix hors-champs passe un peu mieux dans les ambiances introductives de Atomic Spectra qui se débarrasse de sa membrane éthérée pour conclure dans un bon rock cosmique circulaire et statique. Le synthé est très beau ici. Il injecte des refrains qui sonnent comme de la vieille musique électronique des années Atari tout en sculptant des songes avec des airs de saxophone se mutant en trompettiste. Et vice-versa. Un très beau titre qui récupère des morceaux de son introduction dans une finale où les voix hors-champs ne dérangent pas. Et nous arrivons au joyau de HELIOS avec Child of the Sun. Son introduction me trimballe dans le Univers de Thierry Fervant et celui de Tangerine Dream, plus précisément avec Legend. Et c'est une longue et très belle sérénade lunaire minimaliste douce et invitante avec une splendide voix de femme, un sampling de Roses1401 synth-voice, qui nous parle de Child of the Sun de la même manière que Jon Anderson l'a fait dans Legend. Un splendide titre qui est juste trop beau pour aller dans ma liste DoDo de mon iPad!
On redécolle pour de nouvelles aventures turbulentes avec Source of Bounty. Son intro est songée dans une ligne de synthé qui se déroule par saccades sur une voix nous parlant des Aztèques. Un piano orne cette ouverture avec des accords minimalistes qui se rassemblent dans une succulente mélodie lunaire qui embrase une structure devenue agitée de soubresauts électroniques. Après un léger moment ambiant, Source of Bounty explose dans un gros rock électronique sis sur des percussions enlevantes et leurs effets de crotales. Le synthé et clavier nous ramène dans ces phases de rock progressif électronique qui font penser aux meilleurs moments de Curved Air. Puis vient la 6ième minute et ses énormes solos de synthé qui m'ont vraiment vissé les oreilles à mon casque d'écoute. Un excellent titre mes amis! Solar Wind est un beau reggae cosmique. L'ouverture me fait penser à Delius (Song of Summer) de Kate Bush. Répétitif, le mouvement est lascif et emmagasine à chaque tour un élément supplémentaire jusqu'à atteindre une lourdeur séraphique dans une vision très New Age. Ça fait du bien! Dans une formule de rythme sans battements mais propulsé par des élans du synthé et de sa ligne de mélodie prismatique, Photosynthesis dévoile un trésor d'effets sonores et percussifs. Parmi les effets, il y a ces murmures étranges qui proviennent soit d'un vocodeur dysfonctionnel ou d'un langage extraterrestre. Cette lourdeur dans les ambiances s’évaporent, laissant la place à un séquenceur qui tisse une ligne ascendante alors que la ligne de basses séquences forgent plutôt la base rythmique d'un titre basé sur des commentaires d'actualités. Ce duel rythmique et harmonique du séquenceur s'évapore dans le désordre des effets et les impulsions muettes de son ouverture. L'ossature de Tracking the Light s'appuie sur une ligne de d'arpèges qui monte et descend dans un mouvement sphéroïdale en léger manque d'équilibre. Autour du voile de brume interstellaire, qui sert de lit pour les ambiances, s'ajoutent des tonalités électroniques qui sont générateurs de mouvements atypique jusqu'à ce qu'une basse guitare ne saisisse le mouvement initial et lui rajoute une ligne de piano à une texture qui sent un peu le Tubular Bells, face B, dans un mouvement qui retrouve ses racines transformées pour affronter une finale dont l'intensité se vide de son charme dans un autre dialogue qui déforme le paysage du titre et porte ombrage à l’excellente musique de cet album par Divine Matrix.
C'était-on ennuyer de Divine Matrix? Honnêtement, qui avait remarquer ce silence de près de 5ans depuis Cloud Surfing apparu à l’automne 2015. J’y ai pensé à quelques reprises, mais sans plus. Pourtant, ses albums précédents étaient de très bons album de New Berlin School. C’est donc à espérer que HELIOS mette enfin Divine Matrix a sa place dans l’échiquier de la MÉ contemporaine. Et un album comme HELIOS a tous les arguments pour ce faire. Mais les voix… ☹
Sylvain Lupari (15/08/20) *****
Disponible chez AD Music
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